Le groupe accuse tous les acteurs du conflit de Reconvilier, sauf lui-même

Dans un mémorandum publié le 11 juillet 2007, Swissmetal répète que la grève de la Boillat était illégale

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Le Quotidien Jurassien
Jeudi 12 juillet 2007
Auteur : Dominique Bernardin
Swissmetal n'en démord pas. A ses yeux, la grève de la Boillat à Reconvilier était illégale. Dans un document (uniquement en allemand) s'adressant à ses clients, aux actionnaires, aux collaborateurs et aux autres cercles intéressés, le groupe relance la confrontation. Son «Mémorandum sur le conflit de Reconvilier: chronologie des événements, faits, arrière-plans et conséquences» égratigne pratiquement tout le monde, à des degrés plus ou moins grands. A l'exception de Swissmetal évidemment.
Pour étayer son jugement sur la grève, le groupe s'appuie sur un avis d'un expert indépendant, le professeur de droit Wolfgang Wiegand de l'Université de Berne. Pour ce dernier, le conflit n'était pas dirigé contre des dispositions de la Convention collective de travail (CCT) mais contre la direction de l'entreprise et contre sa stratégie. D'où son caractère d'illégalité, encore renforcé à ses yeux par le fait que les arrêts de travail à la Boillat enfreignaient la paix du travail stipulée dans la CCT.

Distribution tous azimuts d’une volée de bois vert

Dans son document qui entend «rectifier certaines choses et contribuer à une meilleure compréhension d'un conflit unique en Suisse»», Swissmetal s'attaque ensuite aux acteurs du mouvement. C'est le syndicat Unia qui subit la plus violente volée de bois vert. Accusé d'avoir voulu jouer le rôle de «Robin des Bois des travailleurs», il s'est contenté du côté émotionnel de l'événement, au détriment des aspects objectifs qu'il a volontairement raccourcis.

Selon Swissmetal, Unia a mené contre l'entreprise une campagne médiatique incomparable, n'hésitant pas à mettre ses poids lourds sur le devant de la scène, son co-président Renzo Ambrosetti, Fabienne Blanc-Kühn, membre du comité directeur, et le conseiller national socialiste André Daguet, qualifié d'«affamé d'effets et de médiatisation».
L'attitude du syndicat «témoigne d'un manque de scrupules effrayant». Selon Swissmetal, il était évident que le conflit de Reconvilier faisait courir un grand risque au site de Dornach, mettant en danger plus de 300 places de travail. Or, Unia n'en a pas tenu compte, n'ayant comme objectif que d'apparaître dans les médias.

Accusations de Swissmetal qualifiées d’absurdes

Par la voix de son porte-parole Nico Lutz, Unia rejette les accusations de Swissmetal qu'il qualifie d'absurdes. Elles reposent en grande partie sur une présentation erronée des faits. En outre, le groupe métallurgique continue à utiliser le même principe de fonctionnement, soufflant continuellement le chaud et le froid. Dans le même temps qu'intervenait l'accord sur un plan social, il publie son mémorandum où il fait feu de tout bois contre ceux qui ne partagent pas son avis.

Nico Lutz constate encore que la firme a suspendu en décembre dernier la plainte en dommages et intérêts qu'elle avait déposée contre le syndicat. Mais Swissmetal ne l'a que suspendue, se réservant le droit de l'activer à nouveau s'il le juge opportun afin de récupérer les sept à dix millions que les grèves lui ont fait perdre.

Du maire de Reconvilier au Gouvernement bernois

Mais Unia n'est pas le seul visé. Les cadres de la Boillat et Nicolas Wuillemin, «le meneur de grève», sont pointés du doigt pour avoir fait croire que Swissmetal voulait le démantèlement du site de Reconvilier. Ils y ont si bien réussi que tout le village, puis la région et enfin le pays entier ont manifesté une extraordinaire solidarité.

Le monde politique passe aussi à la moulinette

Le maire de Reconvilier Flavio Torti, le député au Grand Conseil bernois Maxime Zuber et le conseiller national jurassien Pierre Kohler sont accusés d’avoir utilisé à leur profit le tourbillon médiatique déclenché par le conflit. A l’époque conseillère d’Etat du canton de Berne, Elisabeth Zölch-Balmer a, elle aussi, droit à son lot de remontrances. Swissmetal lui reproche d’avoir failli à son devoir de membre du gouvernement en s’immisçant dans les affaires privées d’une entreprise.

Et Swissmetal ne s’arrête pas en si bon chemin. Le groupe s’en prend aussi à Joseph Deiss, alors conseiller fédéral. En réagissant au conflit, il l’a en quelque sorte légitimé. Enfin, c’est l’association patronale faîtière de l’industrie des machines, Swissmem, qui est dans le collimateur. Elle est accusée de mollesse, de manque de détermination et d’unité, elle qui n’a pas eu le courage de donner un signal clair au syndicat Unia en lui disant qu’il ne pouvait agir ainsi.

En conclusion, Swissmetal se déclare ouvert au dialogue: «Notre entreprise n’a jamais fermé les portes à un dialogue constructif aux collaborateurs, aux syndicats, au monde politique et au public». Et le groupe métallurgique souhaite que le conflit de Reconvilier serve de leçon pour renforcer à nouveau la capacité de consensus.

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