Résultats 2007 de Swissmetal

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Le Journal du Jura
Mercredi 23 avril 2008
Auteur : Philippe Oudot
L’an dernier, le groupe a vu son chiffre d’affaires croître de 14%, alors que la valeur ajoutée brute n’augmentait que de 7%. Swissmetal affirme malgré tout être sur la bonne voie. Mais à la Bourse, l’action a perdu 6,7%.
Swissmetal n’a pas encore achevé sa mue. Hier, le président du conseil d’administration Friedrich Sauerländer a rappelé en préambule à la présentation des résultats 2007 que de gros changements avaient déjà été faits, mais que le processus n’était pas terminé.

Directrice des finances, Yvonne Simonis a brièvement commenté les chiffres. La hausse du chiffre d’affaires à 407 mios (+14%)? Elle est due à l’acquisition d’Avins, mais aussi à l’augmentation des activités dans certains secteurs (décolletage et générateurs), alors que d’autres sont en baisse (pointes de stylo, connectique et architecture). S’agissant de la valeur ajoutée brute (VAB, soit le chiffre d’affaires brut des usines moins le métal au coût standard), elle a atteint 126,1 mios de francs, en hausse de 7%.

La marge brute s’est élevée à 148,5 mios de francs. Une somme qui comprend notamment un gain de 7,1 mios de francs provenant de la réduction des stocks. S’agissant du résultat opérationnel avant amortissements (EBITDA), il a atteint 28,6 millions de francs. Une modeste hausse de quelque 4% que Swissmetal explique en raison d’une augmentation de ses charges d’exploitation et d’administration.

Quant au résultat opérationnel (EBIT), il s’est élevé à 14,5 mios (+43%), alors que le résultat de l’exercice (EAT) boucle à 11,4 mios (+147%). Yvonne Simonis a relevé que des facteurs extérieurs uniques avaient joué un rôle, comme la vente d’un terrain à Dornach (0,8 mio) et un taux d’imposition plus bas dans le canton de Soleure (1,5 mio).

Pour sa part, le CEO Martin Hellweg s’est réjoui de l’amélioration du revenu du capital, qui a passé de 4,6% en 2006, à 5,5% l’an dernier. On est toutefois encore loin de l’objectif de 9% qu’il avait fixé. Le patron a ensuite évoqué les projets d’avenir du groupe. Les tuiles solaires (SolarTiles) présentées en novembre dernier sont un projet prometteur, même s’il ne faut pas en attendre des miracles. Il a annoncé que la production en série devrait démarrer au cours du 2e semestre 2008.

S’agissant du site de Reconvilier, il a affirmé que le déménagement s’était déroulé de façon optimale, et que l’usine serait pleinement opérationnelle dès la fin du mois d’avril.

Martin Hellweg a aussi évoqué les projets de développement en Asie: le décolletage et la connectique en Chine, mais surtout la fabrication des pointes de stylo en Inde. A ce propos, il a indiqué qu’il était urgent d’agir «car c’est là que se trouvent beaucoup de nos clients. Sinon, le train sera parti sans nous». D’ailleurs, des machines ont déjà été envoyées sur place et elles sont pour le moment entreposées chez un client. D’ici à la fin de cette année, Swissmetal entend les mettre en service pour fabriquer les lopins à partir de fil pressé à Lüdenscheid.

A propos des perspectives pour 2008, le CEO s’est dit très optimiste quant à la marche des affaires, «même s’il reste encore beaucoup de défis à relever». Il a aussi indiqué que le groupe entendait poursuivre la réduction de ses stocks, qui devraient passer de 12 000 à 10 000 tonnes, ce qui permettra de générer du cash. Interpellé à propos de la construction d’une nouvelle fonderie à Dornach comme le groupe l’avait prévu, il a indiqué qu’elle n’était plus envisagée, et qu’il faudrait simplement améliorer celle existante.

Des résultats à relativiser

Fin connaisseur de la Boillat, X. Y. (nom connu de la rédaction) note que Swissmetal, comme d’habitude, se réjouit de ses chiffres en hausse (chiffre d’affaires: +14%, et résultat opérationnel: +43%). «Mais ils ne donnent pas de véritable indication sur la marche réelle des affaires. Ce qui est intéressant en revanche, c’est de voir la différence entre la marge brute (148,5 mios) et la VAB (+126,1 mios). Ces 22,4 mios sont dus à d’autres facteurs que l’activité industrielle de Swissmetal. Par exemple la marge commerciale d’Avins sur la vente des produits tiers, mais aussi les gains réalisés lors de la réduction (que Swissmetal appelle optimisation) des stocks.» Il note également que le groupe a amorti 3 mios de moins qu’en 2006, ce qui améliore d’autant ses résultats opérationnel (14,5 mios) et d’exercice 11,4 mios). Enfin, il relève que les opérations sur les stocks ont aussi une influence sur les réserves latentes, car si elles ne pointent pas au bilan, la vente de stocks les fait apparaître. A fin 2007, ces réserves avaient diminué de 13,8 mios de francs.

Interview de Sam Furrer, porte-parole de Swissmetal

Nous ne voulons pas croître à tout prix

Monsieur Furrer, les ébauches livrées à Reconvilier ne sont pas pressées sur la nouvelle presse de Dornach, mais sur les anciennes encore en service. C’est exact?

Partiellement. Il y en a aussi qui viennent de Lüdenscheid.

Les presses de Reconvilier ont donc été démontées trop vite…

Non, leur arrêt était lié à la mise en place du concept industriel, à l’intégration des deux usines à Reconvilier, et donc à la réduction du personnel annoncée l’an passé. Il était nécessaire de mener parallèlement ces opérations.

Dans l’usine 2, il ne reste donc que les fours Osprey, le four 10 tonnes et les coulées fils?

Il y a cinq installations de fonderie. Deux sont définitivement arrêtées et on utilise occasionnellement les trois autres pour de petites quantités, selon les besoins.

En 2007, vous aviez fixé à 25 tonnes par jour l’objectif de production pour la Boillat. Qu’en est-il aujourd’hui?

Nous avions donné ce chiffre lors de l’engagement de la task force pour relancer la production du site. Mais cette phase est achevée et nous ne communiquons plus les tonnes par usine.

Et pouvez-vous dire comment se répartit la VAB par site?

Non, nous ne communiquons plus ce chiffre interne.

2000 et 2001 ont été de bonnes années, comme 2006 et 2007. La Boillat, Dornach et Busch-Jaeger avaient alors dégagé une VAB de plus de 170 mios. Or elle était de 118 mios en 2006, et de 126 en 2007. Soit une baisse d’un tiers. Pas vraiment satisfaisant, non?

Nous n’avons pas une stratégie de croissance à tout prix! Nous privilégions une croissance orientée sur les spécialités et l’innovation.

Vous voulez dire que ce n’était pas le cas avant?

Je n’ai pas dit cela. Mais les chiffres que vous citez datent d’il y a huit ans et n’ont rien à voir avec notre stratégie. L’important, c’est d’atteindre nos objectifs dans les segments de marchés que nous avons choisis.

Il y a deux ans, Swissmetal tablait sur une VAB de 135 mios pour 2006. Or, vous aviez atteint 118 mios. Avec 126 mios cette année, vous êtes encore audessous de ces 135 mios…

Nous n’avons pas pour politique d’informer sur nos prévisions, et celles que vous citez date d’avant la 2e grève.

Vous l’aviez pourtant fait en présentant les résultats 2005…

Ce que je peux vous dire, c’est que nous sommes satisfaits du résultat obtenu. Nous avons une croissance dans les secteurs où nous voulions croître et cela répond à nos objectifs.

Depuis que vous avez transféré le centre de compétences pour les pointes de stylo de la Boillat à Lüdenscheid, vous enregistrez un recul de vous affaires de ce secteur où vous étiez leader, alors que vos concurrents ont gagné des parts de marché. Une erreur stratégique, ce transfert, non?

Non, la décision était la bonne. Mais le plus important, c’est de se préparer à produire là où se trouvent les principaux marchés, c’est-à-dire en Inde, afin d’être proche du client et de pouvoir répondre de manière très flexible à ses besoins.

Swissmetal affirme chaque année que son alliage CN8 pour les trains d’atterrissage d’avions suscite de grands espoirs. L’an passé, vous aviez annoncé un contrat avec un client. Quand le produit sera-t-il homologué?

Nous le ferons savoir en temps voulu.

Swissmetal parle d’un marché très prometteur pour ses SolarTiles. Mais est-il vraiment aussi important?

Il y a un marché pour les bâtiments historiques, mais aussi pour des bâtiments modernes. Le prix n’a pas encore été fixé mais il devrait être comparable à celui d’autres systèmes de chauffage aux énergies renouvelables. Mais ces tuiles offrent un avantage au niveau du design, ce qui justifie un prix un peu plus élevé!

Sur vos produits manufacturés, quelle est la part des activités de design dans le chiffre d’affaires?

Elles ne dégagent pas encore de chiffre d’affaires, car c’est un domaine en développement. Nous avons des installations test, mais les ventes n’ont pas encore démarré.


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Actualisé le 25.04.08 par webmaster
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