La Boillat Vivra !

«Un accueil enthousiaste» du film de Daniel Künzi

Source et copyright :
Le Journal du Jura
Mardi 22 mai 2007
Auteur : Philippe Oudot
Réalisateur du documentaire consacré à la grève de l'an dernier, Daniel Künzi se réjouit de l'accueil fait à son film. Un témoignage fort, qui soulève maintes réactions indignées dans les salles obscures face à la mise à sac de ce fleuron industriel.
Depuis la première de son film à Moutier et à Genève, le 1er mai, Daniel Künzi court les salles de cinéma et a déjà participé à de nombreuses projections de son documentaire. Il sera présent demain soir à La Neuveville, en compagnie de quelques anciens Boillats.

Au sortir des salles obscures, il constate que les spectateurs sont généralement indignés, tant par la destruction de ce site industriel performant que par ce qu'ont dû endurer les Boillats. «Une indignation et un sentiment d'impuissance qu'on m'a d'ailleurs parfois reproché en me disant que c'est un film sans espoir. J'ai effectivement décrit la triste réalité d'un monde où des financiers de haut vol se comportent comme un renard dans un poulailler», commente Daniel Künzi.

Le public est en tout cas stupéfait de voir comment Hellweg & Co ont mis en pièces cette entreprise unique, voire toute la région. «Et le massacre continue aujourd'hui encore, poursuit le réalisateur, car pour éviter d'avoir à payer un plan social, la direction licencie au compte-gouttes tous ceux qui lui font de l'ombre.»

Il constate également que la réaction du public varie d'un endroit à l'autre. Dans le Jura bernois - et plus généralement de l'Arc jurassien -, celui-ci se sent très touché par le vécu des Boillats, car la réalité de ce monde industriel lui est proche. «Les gens sentent que ce qui s'est passé à Reconvilier pourrait se répéter chez eux. A Lausanne ou à Genève en revanche, le public voit ce combat avec plus grande distance. Les gens sont bien loin du quotidien de ces ouvriers qui triment dur en équipes. Pour ces citadins, la mondialisation reste un concept théorique, qu'ils ne vivent pas vraiment. Ou alors de manière différente, car ce sont plutôt des entreprises étrangères qui viennent s'établir chez eux.»

Lors des premières projections dans le Jura bernois, Daniel Künzi avait quelques craintes quant à la façon dont les Boillats allaient percevoir son film. «Ce documentaire est le regard que je porte sur ce conflit, et pas forcément celui des Boillats. C'est dire si leur accueil enthousiaste m'a fait particulièrement plaisir. Beaucoup d'entre eux m'ont dit qu'ils se sentaient fiers et honorés de voir leur lutte retranscrite de cette façon en images.»

Auteur d'autres documentaires historiques - sur les volontaires de la guerre d'Espagne notamment - Daniel Künzi souligne que c'est la première fois qu'il relate une aventure «en direct», qu'il côtoie au quotidien les protagonistes en chair et en os d'un tel drame. «Jusque-là, j'avais plutôt l'habitude de déterrer des héros pour leur redonner vie en images. Avec ce film, la démarche était totalement différente.»

Le réalisateur indique que la direction de Swissmetal a cherché à acquérir une copie du film. «Je leur ai fait savoir que s'ils voulaient le découvrir, il leur fallait aller assister à une projection. Il y en a une par exemple après-demain à Zurich...»

Quelque peu égratigné dans «La Boillat vivra!», Unia n'a pas réagi directement, mais par le biais de son journal l'Evénement syndical. «La responsable syndicale Fabienne Blanc-Kühn admet qu'elle a effectivement voulu m'empêcher de filmer, mais c'était pour protéger les ouvriers, prétend-elle. Mais alors pourquoi m'empêcher moi, et pas les télévisions? Elle me reproche aussi d'avoir ignoré le travail des permanents syndicaux régionaux - ce qui est faux. Si je suis critique, c'est envers la direction du syndicat qui a poussé les grévistes à se remettre au travail en les menaçant de couper les vivres. Beaucoup de permanents locaux ont d'ailleurs été choqués par cette attitude. En fait, Unia n'a pas su tirer les leçons de cette grève», assène Daniel Künzi.

Du grand au petit écran

Le Cinéma de La Neuveville organise deux séances de projection de «La Boillat vivra!» La première aura lieu mercredi 23 mai à 20h30 en présence du réalisateur Daniel Künzi, ainsi que de trois anciens grévistes de la Boillat qui se sont beaucoup engagés dans cette lutte. La seconde projection est prévue dimanche 27 mai à 17h30. Pour la projection de mercredi, le comité de l'Association du Cinéma de La Neuveville a choisi de lui donner un petit côté «officiel» en invitant le Conseil municipal, Mme le maire, ainsi qu'à une quinzaine d'entreprises de La Neuveville. Une discussion publique est prévue après le film. Dans la région, le film sera encore présenté le 12 juin au cinéma Colisée, à Porrentruy, ainsi que les 13 et 14 juin au cinéma Palace, à Bévilard. Par ailleurs, la TSR, qui soutenu le réalisateur, va également diffuser «La Boillat vivra!». Ce sera en septembre prochain.


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Cinéma de La Neuveville
Cinéma Palace de Bévilard
Cinéma Le Colisée de Porrentruy
Actualisé le 22.05.07 par webmaster
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