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Le drame humain de la Boillat, vécu la caméra à l'épaule
Au début, il a fallu entrer dans l'usine en grève. «Unia a commencé par mettre son veto à mon travail, à ma grande surprise», raconte Daniel Künzi. «Il a fallu que je passe de longues heures avec les grévistes et leur entourage pour faire quelque peu retomber la tension». Finalement, l'auteur a compris que les différents médias télévisés dépêchés à Reconvilier bénéficiaient d'une autorisation de tournage donnée par le groupe Swissmetal lui-même. «J'en ai été sidéré», avoue-t-il. L'auteur a finalement pu tourner, moyennant quelques subterfuges. Il a notamment prêté un moment sa caméra à un gréviste et fait appel à une camerawoman pour porter un regard féminin sur le conflit. Après quelques jours, Daniel Künzi a pu évoluer dans les locaux occupés, parler avec les représentants d'Unia et recueillir des témoignages qu'il a ensuite montés avec les images tournées par les télévisions présentes sur place. «La dizaine de personnes qui témoignent dans mon film sont impressionnantes de dignité et de courage», indique encore Daniel Künzi. «Le conflit de La Boillat a montré une solidarité régionale tout à fait exemplaire. Les équipes d'ouvriers de l'entreprise, qui travaillent selon le système, socialement abominable, du trois-huit, ne se connaissaient que peu avant cette crise. Tout cela s'est corrigé à force d'occuper les locaux jour et nuit.» Une cohésion notamment montréedans le film avec les images d'un concert donné dans les ateliers occupés. Drame social, drame humain. Les séquences de Daniel Künzi l'attestent. «Il m'importait de mettre en scène les grévistes, leur entourage familial, leur région», raconte encore le documentariste. Et les ouvriers parlent généralement avec humilité de leurs conditions de grévistes. Ils s'échauffent aussi contre le syndicat. «Nous avons le couteau sur la gorge», témoigne l'un d'eux avant la décision de reprendre le travail. Daniel Künzi n'a jamais pu parler directement avec la direction de Swissmetal, malgré des demandes répétées. Il a pu filmer par contre l'assemblée des actionnaires. «Les grévistes ont eu affaire à un quarteron de financiers sans aucun état d'âme», observe-t-il. «C'est terrible. Cela d'autant plus que les grévistes ont joué les Don Quichotte. Au début du conflit, ils avaient la certitude de la victoire. Ils ont fini par perdre..» Etant retourné à Reconvilier plusieurs fois après la grève, Daniel Künzi estime que l'avenir de l'entreprise est scellé. «Les actions des politiques en faveur de la Boillat n'ont finalement été que du théâtre», lance-t-il. Cette grève n'a finalement rien donné de positif pour ceux qui ont pris l'énorme risque de la vivre». Un constat d'échec? La vigilance perdure à Reconvilier et dans la région. Article précédent | Article suivant | Sommaire des articles Sur le même sujet
Actualisé le 23.04.07 par webmaster
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