Médiation n'est pas manipulation...

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Le Journal du Jura
Vendredi 22 septembre 2006
Auteur : Philippe Oudot
Le conflit de la Boillat a servi de toile de fond, hier, à la journée thématique consacrée à la résolution des conflits du travail organisée par la faculté de droit de l'Uni de Neuchâtel. Si, pour atteindre cet objectif, l'ordre juridictionnel reste le meilleur moyen dans certains cas et la négociation entre partenaires sociaux dans d'autres, force est de constater qu'avec l'évolution du monde du travail, la médiation gagne en importance.
Dans la société industrielle d'après-guerre, les choses étaient simples et les rôles bien définis: en gros, les syndicats négociaient des hausses de salaires et la baisse du temps de travail, laissant les patrons décider des questions de managementet d'organisation. Mais tout a changé avec la désindustrialisation et la tertiarisation. Aujourd'hui, les travailleurs veulent avoir leur mot à dire dans les questions d'organisation, ne serait-ce que pour lutter contre le chômage en répartissant mieux le travail. Ils veulent plus de démocratie sur la place de travail. Pour cela, la médiation est sans doute un instrument plus adéquat.

Mais hélas pas toujours, comme l'a démontré le conflit de la Boillat. Les travailleurs ont cherché à faire entendre leur voix, estimant que les décisions de Hellweg conduisaient la Boillat - et Swissmetal - droit dans le mur. Le problème, c'est qu'en vertu de l'ordre juridique suisse, les questions de management et d'organisation de l'entreprise sont du ressort de la direction. Les travailleurs ont le droit d'être informés et consultés, c'est tout. Etant dans l'impossibilité de dialoguer, ils ont finalement eu recours à l'ultime arme qui leur restait: la grève. Cela prouve bien que les instruments de négociation classiques étaient inopérants.

C'est pour sortir de cette impasse que Rolf Bloch a été appelé à la rescousse. Les travailleurs n'ont certes pas obtenu ce qu'ils espéraient de son intervention. Loin s'en faut. Pire, ils se sont sentis floués lorsque Swissmetal a rompu la médiation. Mais cela ne tient nullement à Rolf Bloch. En l'occurrence, Martin Hellweg s'est cru assez malin pour se servir de la médiation et la manipuler pour obtenir la fin de la grève et faire le ménage à la Boillat. Mais ce piètre manager n'a toujours pas compris que ce faisant, il est en train de saborder Swissmetal.


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Actualisé le 28.06.07 par webmaster
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