Swissmetal Boillat | Après l'interview de Martin Hellweg dans la NZZ

L'ex-directeur André Willemin et d'anciens cadres contre-attaquent

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Le Journal du Jura
Samedi 29 avril 2006
L'interview de Martin Hellweg parue dans la NZZ suscite des réactions. Dans son édition d'hier, le journal économique publie deux réactions d'anciens cadres, dont celle d'André Willemin, le directeur licencié en 2004.
Décidément, l'interview de Martin Hellweg parue le 15 avril dernier dans les colonnes du quotidien économique zurichois continue de faire des vagues. Dans son édition d'hier, Le JdJ a donné connaissance de la lettre rédigée par Jean-Guy Berberat, ancien sous-directeur de la Boillat, en guise de réponse à cette interview que l'intéressé qualifiait de «complaisante». En 30 points, il démontait un à un «les arguments non fondés, les affirmations gratuites, les affabulations et les déformations de faits présents et passés» développés par le CEO.

Mais Jean-Guy Berberat n'est pas le seul à réagir. Hier, la NZZ a en effet publié deux prises de position d'autres anciens cadres, qui s'en prennent à Martin Hellweg. Un des intervenants n'est autre qu'André Willemin, l'ancien directeur de la Boillat dont le licenciement, le 16 novembre 2004, avait poussé le personnel à se mettre immédiatement en grève. Jusqu'à présent, rappelle André Willemin, «dans le respect de mon contrat de licenciement, je ne me suis jamais prononcé dans les médias sur l'affaire Swissmetal. Mais aujourd'hui, M. Hellweg invente une nouvelle cause à mon licenciement, ce que je ne peux accepter.»

Une façon désastreuse

En effet, poursuit-il, Martin Hellweg prétend que «le directeur de la Boillat s'est opposé à l'introduction de SAP (nouveau système informatique, n.d.l.r.), car il luttait contre la transparence et l'ouverture». Or, dénonce André Willemin, une telle affirmation est totalement fausse. «Je me suis opposé à la manière désastreuse dont Swissmetal a conduit le projet SAP. Cette façon de procéder allait faire perdre à la Boillat ses avantages concurrentiels déterminants et priver ainsi l'entreprise d'atouts lui assurant son succès.»

Il poursuit en soulignant que s'il s'est opposé à ce désastre, c'est aussi dans l'intérêt des actionnaires et des clients de Swissmetal. Et d'asséner qu'il a toujours été un partisan de la transparence. Lorsqu'il dirigeait la Boillat, précise-t-il, il a mis en place de nombreux indicateurs pour assurer un suivi de la performance de l'entreprise. Contrairement à ce qu'il prétend, c'est donc Martin Hellweg qui a éliminé certains indicateurs lui paraissant dérangeants, notamment ceux permettant de mesurer la performance des sites.

Réquisitoire en sept points

L'autre prise de position émane de trois autres anciens cadres: Edmond Bailat, Peter Isler et Paul Sonderegger, respectivement directeur des ventes, directeur de recherche et développement, et directeur du site. Jugeant la présentation de la situation faite par le CEO pour le moins fallacieuse, ils remettent l'église au milieu du village en insistant sur sept points.

Ils rappellent tout d'abord que la Boillat est un vrai joyau, qui fabrique des spécialités de pointe très appréciées par la clientèle et qui a toujours contribué de manière déterminante au cash-flow de Swissmetal. Ils constatent que la réorientation stratégique du groupe a été décidée sans y faire participer les cadres de la Boillat. Ceux qui s'y sont opposés ont été licenciés, conduisant à une perte de savoir-faire et à l'éclatement de la première grève. Pour y mettre fin, Swissmetal a donné des garanties quant à la pérennité du site de Reconvilier - garanties obtenues grâce à la médiation de la conseillère d'Etat Elisabeth Zölch, rappellent les trois mousquetaires.

Or, le conseil d'administration n'a pas tenu parole. En décidant de fermer la fonderie de la Boillat, il a délibérément affaibli le site de Reconvilier et provoqué la grève de janvier dernier. Or, assènent Edmond Bailat, Peter Isler et Paul Sonderegger, la fonderie joue un rôle fondamental dans tout le cycle de production. La maîtrise de cet élément est essentielle pour garantir la qualité des produits et, partant, pour assurer le succès de l'entreprise. La fermeture de la fonderie est d'autant plus aberrante qu'elle est une des plus modernes de la branche.

Autre aberration mise en évidence par les trois auteurs de la lettre: le licenciement avec effet immédiat des 21 cadres pendant la grève, motivé par le fait qu'ils s'opposaient à la nouvelle stratégie du groupe. Ils soulignent qu'au moment de la suspension de la grève, les employés de la Boillat ont exigé que la direction réengage les 21 cadres licenciés. Une exigence qui démontre bien la confiance affichée par le personnel envers son encadrement: «Les employés savent pertinemment que sans le savoir-faire et les compétences de ces cadres, l'entreprise ne peut pas fonctionner correctement. Mais visiblement, la direction s'en moque. En agissant de cette manière, elle a perdu une bonne occasion de réduire les désagréments subis par les clients, ainsi que par l'entreprise», constatent les trois anciens cadres.

Le dernier point qu'ils mettent en évidence concerne la prétendue grève du zèle dont seraient coupables les collaborateurs. En réalité, il ne s'agit nullement d'une grève du zèle: si la production n'atteint pas le niveau escompté, «c'est parce que sans son encadrement, le personnel n'est tout simplement pas en mesure d'effectuer son travail de manière correcte», assènent-ils. Mais contrairement à la direction de Swissmetal, les employés l'avaient bel et bien prévu puisqu'ils avaient demandé la réintégration de leurs cadres. Et de conclure leur propos en constatant que Swissmetal est en train de tuer la poule aux œufs d'or. «Nous ne savons pas pourquoi, mais c'est la réalité.»


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