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Reconvilier : 100 dehors, 700 dedans oui, Blocher cartonne toujours
D'aucuns se sont bien plaints qu'entre certains spectateurs au crâne (très) dégarni et ceux qui avaient un os de gnou dans le nez, il y avait inégalité de traitement. Les premiers ont pu entrer, donc. Mais il ne s'étaient pas constitués en manifestants. Des Béliers qui bêlaient pour faire allusion aux moutons noirs étrangers vilipendés sur les affiches de l'UDC? Les habituels «Plus de police, moins de justice» et «Blocher facho»: tout est finalement resté fort bon enfant. L'ambiance s'est toutefois dégradée à la fin de la soirée quand il a fallu dégager la route pour laisser partir les spectateurs. Quelques lacrymogènes ont été lancés et les manifestants s'en sont pris à des boîtes aux lettres notamment. A l'intérieur, Daniel Schaer, président de l'UDC locale organisatrice de la soirée, s'est souvenu que Christoph Blocher était déjà venu ici en 1996 pour y croiser le fer avec Jean Cavadini. Il y a décelé la preuve que le conseiller fédéral aime bien le Jura bernois et l'a remercié au nom «des nombreux sympathisants que vous avez dans cette région». Quant au maire Flavio Torti, il s'est montré très clair: «Quel que soit le parti, quelles que soient les idées, nous sommes toujours fiers d'accueillir un conseiller fédéral à Reconvilier.» L'homme a aussi glissé au visiteur que le Jura bernois présentait le meilleur taux de croissance du canton. Le héros de la soirée n'a pas manqué de saluer Geneviève Aubry et Marc-André Houmard qu'il a côtoyés au Conseil national. Christoph Blocher, qui était arrivé avant les manifestants, a passé une soirée tranquille en dissertant sur le thème des régions périphériques et de l'avenir de la Suisse comme lieu de production. L'homme n'aime pas le terme de région périphérique. Prenant l'exemple de Reconvilier et citant la Boillat, il a évoqué sa propre entreprise, EMS Chemie, et son énorme développement dans cette périphérie que constitue le canton des Grisons. A entendre le conseiller fédéral, lesdites périphéries présentent l'avantage de posséder des employés qualifiés, ce qui ne serait pas le cas de Zurich. La Suisse aurait-elle donc un avenir comme lieu de production? Bien sûr, à condition qu'on propose un produit de qualité, qu'on présente une particularité et qu'on dispose d'une haute valeur ajoutée. Mais pour que le pays reste un lieu de production, l'orateur est catégorique: il faut protéger les entreprises de l'appétit du fisc, des ingérences de la bureaucratie et des syndicats. En moyenne, les Suisses travaillent davantage que les autres. Une performance qui justifie des salaires plus élevés. Bien évidemment, le tribun a dressé la liste de tous les dangers qui nous menacent. Ils viendraient tous des nouvelles propositions de la gauche, style salaire minimum, semaine de 35 heures, retraites anticipées, droit de codécision pour les syndicats, congé paternité et on en oublie. L'homme croit savoir que les gens de la région, si proches de la France, sont bien placés pour savoir combien nos voisins «souffrent de ces acquis et combien il est difficile de démanteler ces droits une fois qu'ils ont été accordés». Morale de l'histoire? La Suisse bourgeoise a fait le succès du pays. Pour que ça dure, retournons tous et vite au boulot! Article précédent | Article suivant | Sommaire des articles
Actualisé le 28.08.07 par webmaster
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