Plus d'un an après la reprise du travail, c'est toujours la cata

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Le Journal du Jura
Mardi 24 avril 2007
Auteur : Philippe Oudot
Alors que Swissmetal dévoile aujourd'hui même ses résultats financiers, le fleuron qu'était la Boillat continue de perdre ses clients en raison du chaos de la production et de l'incurie du management.
Le CEO de Swissmetal Martin Hellweg pensait pouvoir éjecter les «rebelles» de la Boillat tout en continuant à pouvoir fabriquer les spécialités qui faisaient la renommée du site de Reconvilier. Le moins que l'on puisse dire, c'est qu'il s'est lourdement trompé.

Plus d'une année après la reprise du travail à la Boillat, la situation ne s'est pas améliorée, tant s'en faut. La qualité des produits n'est de loin plus ce qu'elle était, et les délais de livraisons sont pour le moins aléatoires, indique Sandrine Javet, secrétaire générale adjointe de l'Association des fabricants de décolletages et de taillages (AFDT). «Les décolleteurs ont dû trouver d'autres sources d'approvisionnement ou se contentent de la moindre qualité qu'offre Swissmetal. Mais cela signifie que leurs machines travaillent moins vite, que les outils cassent plus souvent. Et on ne parle pas de l'état de surface de la matière...».

X. Y. (nom connu de la rédaction) est un important décolleteur de l'Arc jurassien. Jusqu'à l'an dernier, il se fournissait en grande partie à la Boillat dont il appréciait la qualité des produits, l'homogénéité des lots, la ponctualité des livraisons, et la compétence du service après vente (SAV). Une période à jamais révolue, constate-t-il avec dépit. «Plus d'une année après la reprise du travail, c'est toujours la catastrophe. Les livraisons arrivent avec un mois de retard, sans la moindre explication; et quand vous demandez des renseignements, on vous renvoie à Dornach où personne n'est au courant. Apparemment, Swissmetal a nommé un directeur des ventes à Reconvilier, mais malgré tous mes appels, je n'ai encore jamais eu l'occasion d'avoir ce bonhomme au bout du fil!», tempête notre interlocuteur.

Résultat: comme nombre de ses collègues, il a dû se rabattre sur d'autres fournisseurs, concurrents de Swissmetal, qui, entre-temps, ont étoffé leur offre et proposent aussi des spécialités dans de petits diamètres. Et si leurs produits ne valent toujours pas la qualité Boillat de l'époque, ils s'en rapprochent gentiment.

X. Y. fustige la stratégie du groupe qui a détruit le fleuron industriel qu'était la Boillat. Et d'ajouter qu'à l'instar de nombre d'entreprises de l'Arc jurassien, il regrette la relation de proximité qu'offrait le site de Reconvilier, «où on pouvait vite venir chercher quelques barres dont on avait urgemment besoin». Ce n'est évidemment plus possible lorsque le fournisseur vient de France, d'Allemagne ou d'Italie. Qui plus est, «le fait de travailler avec Reconvilier nous permettait aussi de défendre l'industrie de la région.

Notre interlocuteur déplore en outre le manque d'égards du management de Swissmetal envers ses clients: «C'est à croire qu'ils s'en fichent si on ne passe plus commande chez eux.» Et de souligner qu'entre le SAV actuel et celui qu'offrait la Boillat», c'est de l'eau et du vin».

«Relativement satisfaits»

Gros client de la Boillat spécialisé dans les instruments d'écriture, l'entreprise tessinoise Premec a beaucoup souffert l'an dernier. Pour s'en sortir, elle a diversifié ses activités en réorientant une partie de sa production sur des pointes de stylo en acier. Dans le même temps, elle a trouvé un modus vivendi avec Swissmetal: Premec se fait livrer ses alliages en maillechort sous forme de torches et a reconstitué son propre département «lopins» (ébauches pour les pointes de stylo). Comme l'indique Sergio Santini, directeur technique, «nous sommes relativement satisfaits de ce que nous livre Swissmetal qui, visiblement, fait des efforts pour des gros clients comme nous».



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