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Swissmetal | En route pour une nouvelle vague de licenciements?
En charge du secteur Industrie pour la Suisse alémanique au sein d'Unia, Beda Moor rappelle quant à lui que cette demande vient des commissions de Dornach. Après les restructurations opérées depuis 2003, de nombreux collaborateurs du site soleurois avaient perdu leur emploi. Juste avant le début de la grève à la Boillat en janvier 2006, Swissmetal avait encore annoncé le licenciement d'une trentaine de collaborateurs, une moitié à Reconvilier, et l'autre à Dornach. C'était d'ailleurs une des étincelles qui avaient mis le feu aux poudres. Dans ce contexte d'incertitude, les commissions du site alémanique avaient alors sollicité Unia pour exiger de Swissmetal un plan social. Objectif: offrir une meilleure protection aux employés qui pourraient être touchés à l'avenir par de nouvelles mesures d'économie. Avec l'appui d'Unia, les commissions de Dornach avaient donc élaboré un projet de plan social présenté en août 2006 à la direction de Swissmetal. «Ce n'est finalement qu'en novembre que celle-ci a réagi en estimant l'idée raisonnable, à condition que les commissions de Reconvilier soient associées à la démarche», indique Beda Moor. A ses yeux, Swissmetal cherche ainsi à améliorer l'image négative qu'a l'entreprise en matière de gestion du personnel. Les négociations concrètes ont démarré en décembre et se poursuivent, Swissmetal souhaitant évidemment revoir à la baisse les propositions des commissions. Les discussions étant confidentielles, Beda Moor indique simplement que si les parties ont pu se mettre d'accord sur quelques points, de grosses divergences demeurent sur d'autres. De source bien informée, il semble que la direction mette la pression pour que les négociations aboutissent rapidement. Avant la publication des chiffres 2006 et l'assemblée générale. Ce qui est sûr, relève le syndicaliste, «c'est que nous avons le mandat de négocier un plan social digne de ce nom, et pas un plan au rabais». Il doit non seulement contenir un volet financier - des indemnités en fonction de l'âge et de l'ancienneté -, mais aussi des mesures d'accompagnement dans le domaine de la formation ou du placement. En clair, pas question d'avaler n'importe quoi. Un coup boursier pour cacher la débâcleLes rumeurs de licenciements ne surprennent pas X. Y., fin connaisseur du groupe. Il observe que si la conjoncture et la vente de matières ont permis à Swissmetal de faire illusion jusqu'à présent, l'heure de vérité a sonné, les résultats 2006 étant catastrophiques. Alors que la Boillat réalisait 58 à 60 mios de valeur ajoutée brute (VAB) par an, elle aurait à peine dépassé 30 mios en 2006... Calculée par employé, la VAB avoisinerait 120 000 fr. au lieu de 160 000, et cela en ayant renoncé à tout développement de nouveaux produits. Et la situation n'est guère plus brillante du côté de Dornach.Pour tenter de camoufler la vérité, Martin Hellweg va donc tenter un nouveau coup de bluff: grâce à la mise en service prochaine de la presse de Dornach, il devrait annoncer que Swissmetal fera des économies et peut donc réduire massivement son personnel - on parle de près de 200 postes entre les trois sites, dont une centaine à Dornach, et une quarantaine à Reconvilier. Cette annonce devrait intervenir avant l'assemblée générale. «C'est le genre de nouvelle que les actionnaires adorent! Mais en réalité, ce n'est que du vent, car sa presse est un mouton à cinq pattes qui ne fonctionnera jamais!», assène-t-il. Un autre observateur estime que ces futurs licenciements seraient une bonne occasion pour le CEO Martin Hellweg de tirer sa révérence: Aujourd'hui en effet, sa stratégie se trouve dans une impasse totale et partir sur ce coup boursier lui permettrait de s'en aller la tête haute. Un vrai jeu de poker menteurEditorial du Journal du Jura du 21 mars 2007 de Philippe OudotL'année 2006 aura été un bon, voire un excellent millésime pour nombre d'entreprises du secteur secondaire. Mais pas pour Swissmetal. Même si le management tente de faire croire le contraire. En janvier, celui-ci avait ainsi annoncé que son chiffre d'affaires avait bondi de 68%. Une envolée impressionnante, certes, mais qui ne donne aucune indication sur la marche de l'entreprise. Elle s'explique par l'intégration de Busch-Jaeger et par la flambée des cours des matières premières. En revanche, le groupe s'était montré beaucoup moins prolixe sur la progression de sa valeur ajoutée brute (VAB, chiffre d'affaires moins la valeur du métal à son coût standard). Quand on annonce 135 mios de francs comme objectif pour l'année et qu'on n'arrive qu'à 118, il n'y a pas de quoi être fier. Surtout qu'en 2005 - donc sans Busch-Jaeger -, la VAB avait atteint 103,5 mios de francs, dont 58 pour la seule Boillat. Mais en 2006, les résultats ont été catastrophiques à Reconvilier. De source bien informée, la VAB aurait à peine dépassé les 30 mios… Même en tenant compte de la réduction du personnel, c'est un authentique désastre qui n'est dû qu'à la gestion calamiteuse du management, et non pas à la grève, comme celui-ci continue de le prétendre. Quant à la VAB à Dornach, elle ne serait guère plus brillante.Dans ces conditions, on comprend pourquoi Swissmetal pousse à la conclusion rapide d'un plan social. D'un côté, il donnerait une meilleure image du groupe en terme de gestion du personnel. Et de l'autre, Martin Hellweg et consorts pourraient annoncer une nouvelle charrette de licenciements. Une mesure que le CEO aura beau jeu de vendre comme le fruit de sa brillante stratégie puisque la nouvelle presse à extrusion de Dornach est censée permettre de rationaliser la production. De quoi réjouir la Bourse, friande de ce genre de nouvelles. Cette annonce risque fort de survenir ces prochaines semaines, avant l'assemblée générale du 16 mai - histoire de se mettre les actionnaires dans la poche. Et si c'était, pour le big boss, l'occasion de tirer sa révérence sur un coup d'éclat et en décrochant le jackpot ? Article précédent | Article suivant | Sommaire des articles
Actualisé le 24.03.07 par webmaster
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