Swissmetal Boillat | La lutte n'est pas terminée

Débat avec Nicolas Wuillemin et Renzo Ambrosetti à Espace Noir, St-Imier

Source et copyright :
Le Journal du Jura
Lundi 26 février 2007
Auteur : Philippe Oudot
Lundi soir, une centaine de personnes ont pris part à la soirée-débat organisée par Espace Noir consacrée aux enseignements à tirer de la grève de la Boillat.
Un peu plus d'une année après la fin de la 2e grève de la Boillat, Espace noir a organisé hier soir un débat animé par Michel Némitz afin de tirer un bilan de la grève. Pour Nicolas Wuillemin, le bilan est négatif, car les buts n'ont pas été atteints. Aujourd'hui, la direction continue de détruire l'entreprise et veut supprimer le nom de Boillat. Que faire pour les ouvriers à l'avenir? « Actuellement, je ne vois pas d'avenir pour la Boillat à Reconvilier. »

Pour Renzo Ambrosetti, le bilan n'est pas aussi noir: au début de la grève, Unia a essayé de mettre les acteurs autour d'une table, mais la direction refusant toute concession, il a bien fallu entrer en médiation. Cette dernière a conduit au rapport de l'expert Müller qui a montré que l'analyse du personnel était juste pour assurer la pérennité de l'entreprise. Aurait-il fallu s'y prendre autrement, a demandé l'animateur Michel Némitz? « Notre stratégie était la bonne, a asséné Nicolas Wuillemin, et le personnel n'a pas fait d'erreur fondamentale. Ce fut une épreuve de force dont personne ne pouvait dire comment elle finirait. Mais la direction n'a accepté aucun compromis sous prétexte de grève illégale. Peut-être aurait-il fallu aller plus loin, a-t-il glissé. Faut-il alors jeter la paix du travail à la poubelle? Non, avant d'en arriver là, il faut essayer des politiques de rupture, a noté Nicolas Wuillemin. L'occasion n'a-t-elle pas été ratée? Pour Renzo Ambrosetti, la paix du travail est un engagement qui suppose que chacun respecte ses engagements. Or, ici, Swissmetal a violé l'accord de 2004. Aurait-il fallu poursuivre la grève? Non, car Hellweg avait clairement menacé de fermer simplement la Boillat. « Il en aurait été capable. Or, notre but est de sauvegarder le plus possible de places de travail », a-t-il souligné.

Le syndicat est-il démuni face à des patrons prédateurs comme Hellweg? Renzo Ambrosetti a souligné le caractère très particulier de Swissmetal: il s'agit d'un nouveau capitalisme financier où le patron est prêt à détruire sre entreprise sur l'autel du profit immédiat. Face à un tel patron, le syndicat s'est trouvé quelque peu désarmé. En fait, la réponse n'est pas seulement syndicale, c'est une question de société, a-t-il souligné. Le syndicat n'est-t-il pas un frein à la lutte, a demandé Michel Nemitz? Non, a rétorqué Renzo Ambrosetti, car Unia a aussi pris des risques et en subit encore les conséquences, mais on l'assume, car le combat était juste. Des ruptures, soit, mais lesquelles? L'expropriation? Les bases légales n'existent pas. Il ne sert donc à rien de semer des illusions. Si le syndicat a pris des risques, que dire du personnel, a objecté quelqu'un dans la salle. Et un autre de lancer: « Vous, Unia, avez abandonné l'ouvrier! »

Un autre a toutefois déploré certaines interventions « règlements de compte » contre Unia. Des critiques auquelles Renzo Ambrosetti s'est dit sensible, même si elles ne sont pas agréables. S'agissant de la fin de la grève, Nicolas Wuillemin a rappelé que si son but était de faire plier la direction, il a bien fallu tenter une autre voie après un mois de lutte vaine. Et de rappeler qu'il s'agissait d'une suspension de grève, et de rien d'autre. « On a tout tenté, en vain. La prochaine fois, ce n'est pas une grève qu'il faudra, mais peut-être la révolution! », a-t-il lancé.

Faire face à l'avenir ?

Pour Renzo Ambrosetti, la lutte syndicale est une chose, mais il faut augmenter les forces de la gauche. Un avis partagé par Nicolas Wuillemin, pour qui il faut changer les rapports de force, les majorités. En fait, il faut continuer à lutter, tous ensemble. Quand on fait une manifestation nationale avec 10 000 personnes, c'est insuffisant quand on a un syndicat qui compte 200 000 membres. Si les ouvriers doivent se mobiliser, la direction doit mieux les soutenir. Par exemple en refusant des CCT qui interdisent le droit de grève. Et d'appeler les ouvriers à se mobiliser pour une politique de gauche « On peut pas être syndiqué et voter radical ou libéral! » Quant à l'avenir pour les ouvriers de la Boillat, Nicolas Wuillemin a estimé que les propositions Müller étaient toujours applicables. « Il faudrait pouvoir les imposer à la direction pour sauver la Boillat! »


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