Swissmetal Boillat | Quatre machines sont sur le point d'être déplacées

Le démantèlement a commencé

Source : Journal du Jura
Date : mercredi 19 juillet 2006
Auteur : Philippe Oudot
Copyright : Journal du Jura
Depuis lundi, la Boillat est officiellement en vacances. C'est apparemment le moment choisi par la direction pour déplacer des machines. Quatre, pour commencer. Swissmetal refuse de confirmer.
Le démantèlement de la Boillat est en marche. C'est en tout cas le message délivré hier par X. Y., un collaborateur de la Boillat qui avait convié la presse à Reconvilier afin de tirer la sonnette d'alarme. «Lors de la dernière séance du personnel convoquée la semaine passée, Henri Bols (directeur industriel, n.d.l.r.) nous a informé que trois machines Linematic et une Schumag 6 allaient être déplacées», indique-t-il. Selon notre interlocuteur, ces quatre machines doivent être installées dans l'usine Busch-Jaeger, à Lüdenscheid.

Le début de la fin

A ses yeux, ce déplacement de machines marque un tournant et fait partie du processus de démantèlement de la Boillat. Et de relever que cela contredit également les engagements pris auprès de l'expert Jürg Müller qui, dans son rapport, demandait justement de ne pas toucher au parc de machines. Après le départ des trois Linematic, Swissmetal n'aura aucune raison de s'arrêter en si bon chemin, poursuit notre informateur. Les cinq autres Linematic et les 15 Mikron utilisées pour la fabrication des lopins destinés à devenir des pointes de stylo à bille subiront sans doute le même sort. «C'est d'autant plus révoltant que les instruments d'écriture constituent 35% du chiffre d'affaires de la Boillat!»

Idem pour la Schumag 6, une machine d'importance stratégique pour la Boillat, qui est utilisée aussi bien pour les instruments d'écriture que pour l'industrie du décolletage. Une fois que le personnel de Busch-Jaeger aura été formé, Swissmetal pourra sans autre venir prendre les sept autres qui lui restent à Reconvilier.

Problèmes à la fonderie

Depuis la reprise du travail après la grève, la fonderie connaît aussi de lancinants problèmes. En fait, elle n'a jamais plus fonctionné correctement. Faute de matières premières, mais aussi parce que les 112 licenciements prononcés en guise de représailles ont littéralement décapité ce département. Celui-ci a passé de 45 employés à 18! Difficile, dans ces conditions, d'assurer une production ad hoc. En effet, les installations de fonderie ne fonctionnent que partiellement.

Ainsi donc, seul le four dix tonnes Technica a été partiellement remis en service, le four Wertli n'ayant jamais redémarré. En fait, précise notre interlocuteur, le Technica fonctionne souvent en alternance avec les deux fours de coulée fils. Ces deux dernières semaines par exemple, le Technica était à l'arrêt, alors que seule l'installation de coulée 10 fils était en service. Quant au four Osprey (utilisé pour les alliages très spéciaux), il est mis en service selon les disponibilités.

A la rentrée des vacances (dès le 7 août), c'est le four 10 tonnes qui devrait être réactivé. A condition toutefois que Swissmetal ait réapprovisionné les stocks. Or, selon notre informateur, la direction n'en prend guère le chemin puisqu'elle continue de brader de la matière: notamment des déchets de bronze (24 tonnes); des restes d'alliage C97 (utilisé dans l'électronique, 24 tonnes), des déchets de cuivre (24 tonnes), mais aussi des restes d'alliage B05, utilisé dans la connectique.

Discours contradictoire

Pour notre interlocuteur, tout cela démontre bien que Swissmetal n'en finit pas de se contredire. «Lorsque la direction a annoncé sa nouvelle stratégie avec le déplacement de la fonderie, à la fin de l'année dernière, elle disait vouloir faire de Reconvilier un centre de finissage pour les instruments d'écriture et l'industrie du décolletage. Or, en déplaçant ces machines, elle démontre qu'il n'en est rien et que contrairement à ses beaux discours, elle a bel et bien la volonté d'étouffer et de démanteler la Boillat, et de transférer notre savoir-faire à Lüdenscheid. Sinon, comment expliquer que les produits coulés à Reconvilier ne sont plus façonnés sur place, mais chez Busch-Jaeger, et qu'à l'inverse, l'usine allemande nous livre du fil de piètre qualité coulé et pressé à Lüdenscheid?» Dans ces conditions et à moins d'un miracle, relève-t-il d'un ton désabusé, la Boillat n'en a plus que pour six mois...

Sans commentaire

Interpellé par Le JdJ à propos de ces graves accusations,Sam Furrer, responsable du développement et de la communication, s'est refusé à tout commentaire. Que ce soit sur le départ programmé des quatre machines, la vente de matières, ou les problèmes en fonderie. «Il y a effectivement eu une séance du personnel au cours de laquelle Henri Bols a donné un certain nombre d'informations, mais il s'agit d'informations internes que je ne veux pas commenter. Elles font partie des étapes de mise en œuvre de notre concept industriel et ne sont pas publiques.»


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Actualisé le 19.11.06 par webmaster
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