Reconvilier | Equipe enfin au complet pour le maire Flavio Torti
«Lidl n'a vraiment rien à voir avec Pro Infirmis»
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Le Journal du Jura
Samedi 3 février 2007
Auteur : Pierre-Alain Brenzikofer |
Rien ne fait peur à Flavio Torti, maire réélu de Reconvilier. Ni la nouvelle majorité UDC, ni l'arrivée de Lidl qu'il appelle de ses vœux: «Le harddiscounter n'est pas Pro Infirmis. S'il vient, c'est parce qu'il sait que notre région est attractive!»Au bénéfice d'une réélection tacite, Flavio Torti, maire radical de Reconvilier, a donc dû patienter jusqu'au week-end dernier pour connaître la couleur politique de son Conseil. Comme quoi, avec l'arrivée de trois agrariens qui en rejoignent un quatrième déjà élu, l'UDC obtient la majorité absolue. Mais il en faudrait davantage pour démonter le maire: «Pour les élections de ce week-end, on pouvait bien se douter que les personnes ayant déjà siégé au Municipal auraient les faveurs de la cote. Ces gens n'avaient pas accompli du mauvais travail. Eu égard à leur expérience, ils seront vite dans le bain. Et puis, il faut bien savoir que sur les 600 à 700 décisions que notre Conseil doit prendre chaque année, deux ou trois au maximum tiennent de la politique partisane.»
Le retour aux affaires du bouillant Daniel Schaer, accessoirement ancien maire? Flavio Torti analyse la situation avec la même sérénité: «Nous pourrons allier nos compétences et disposerons désormais d'une ouverture maximale chez les radicaux et au sein de l'UDC. En tout cas, ne comptez pas sur moi pour déceler des points négatifs dans cette évolution!»
Et ces autres projets?Durant toute la crise de la Boillat, on s'en souvient, Flavio Torti a toujours voulu faire passer un message d'espoir en évoquant d'autres projets industriels. Aujourd'hui, il ne se prive pas d'évoquer plusieurs dossiers concrets: «L'entreprise Céré va construire une usine vers la Coop et y développer de nouveaux produits. Quant à Pomtava, leader mondial dans son secteur de pompes, il va entamer la quatrième étape de son développement. Du côté de chez Pierval, entreprise de décolletage, on a aussi des projets d'agrandissement. Même remarque pour deux artisans de la place et Vox Dei qui proposera de nouvelles places de travail dans le triage et la déchetterie.»
Notre interlocuteur en déduit que la conjoncture de Reconvilier et du Jura bernois est bonne. Il s'en félicite d'autant plus que cette situation permet de mettre en évidence le réel potentiel de la région: «Bref, nous sommes loin de la réserve d'Indiens. D'ailleurs, la plupart des entrepreneurs ont envie de rester dans ce coin. J'y vois la preuve que les conditions cadres sont bonnes.»
Un village en ébullitionS'agissant des dossiers plus spécifiquement communaux, l'homme admet que rien n'a été fait en matière de routes pendant cinq ans. Ce qui permet à l'entrepreneur Torti de clouer le bec à certains détracteurs: «Mais bon, nous avons un retard à combler.»
En matière d'urbanisme, on mettra du terrain à disposition en droit de superficie, tout comme on misera sur l'arrivée de la A16 pour développer une zone sportive autour de la Halle des fêtes. Côté scolarité, Reconvilier propose désormais une offre complète grâce à l'ouverture de la crèche. En matière de bâtiments, il sera encore possible d'investir pour offrir des appartements à prix raisonnable aux familles: «Maintenant que nous disposons d'une crèche, le contraire serait regrettable!»
Flavio Torti n'oublie certes pas la Foire de Chaindon pour faire état d'un partenariat prometteur avec les FMB. Pour ACI Expo, les réservations affluent déjà. Côté social, Reconvilier assure et tient le cap. Son maire n'en maintient pas moins que si on offrait davantage d'argent pour les jeunes, on n'aurait pas besoin de «les récupérer après».
Morale de l'histoire? «Impossible de me faire croire que ça ne va pas. Savez-vous, dans le monde entier, l'arrivée d'une voie de communication s'est toujours soldée par un développement. Je ne vois pas pourquoi la vallée de Tavannes constituerait l'exception. Décidément, je me réjouis de recevoir les gens de la Berner Zeitung en tant que vice-président de la CEP.»
Cordiale bienvenue à Lidl!Ce qui est sûr, c'est que contrairement aux autorités tavannoises avec Aldi - qui viendra pourtant à coup sûr -, Reconvilier et son maire ont toujours fait les yeux doux à Lidl, l'autre harddiscounter allemand.
«Ce que certains n'ont pas compris, attaque d'emblée Flavio Torti, c'est que ces gens procurent un avantage comparatif à notre région. Ils ne viennent pas pour perdre de l'argent et font des études de marché sérieuses avant de s'implanter. D'ailleurs, dès que j'ai appris qu'Aldi avait signé à Tavannes, j'ai informé Lidl.»
Eh bien, le harddiscounter précité n'est nullement découragé, bien au contraire. Raison? Il est persuadé d'avoir trouvé à Reconvilier - sur la route principale à proximité de la gare - un meilleur emplacement qu'Aldi à Tavannes. «Les gens auront un choix, se réjouit le maire. Et j'ai discuté avec nos commerçants. Ils ne sont pas inquiets. L'arrivée de ce magasin presque au centre nous permettrait de galvaniser le village. Le monde appelle le monde.»
En tant que «petit» entrepreneur, Flavio Torti demande de faire la même comparaison avec les grands groupes du bâtiment: «Et je ne suis pas protégé par rapport à eux. Par contre, on discute toujours mes prix...»
Bref, l'homme ne distingue dans ce dossier que saine émulation, possibilité de refaçonner l'entrée du village et on en oublie: «Surtout, ces harddiscounters nous ont en quelque sorte offert gratuitement une étude sur le potentiel réel de notre région, conclut-il. Sûr, on s'intéresse à nous.»
Pas un doux rêveurL'homme, pourtant, se défend d'être un optimiste béat et un doux rêveur. Il croit en les possibilités de sa région et ne refuse surtout pas le progrès qui pourrait fort bien passer par les fusions de communes. La situation financière de Reconvilier? «Notre réviseur prétend que nous n'avons pas assez investi. Avec une fortune nette de 2,5 millions, nous pourrons y songer.»
Actif en sport, en politique et dans son métier, l'homme sera candidat au Conseil national sur la liste de Mario Annoni. Il lèvera quand même un peu le pied et quittera le HC Tramelan à la fin de la saison.
«Vous savez, conclut-il, remplir une tâche civique, c'est très intéressant. Ce qui est sûr, c'est que l'époque du «Y a qu'à» est définitivement révolue.»
Chez lui en tout cas!
L'affaire Boillat, ça vous marque un maire...
Pour un maire, difficile de ressortir «intact» d'un dossier comme celui de la Boillat! Flavio Torti, en place depuis six ans, a toujours tenu ce qu'il appelle «le journal du maire». Ce qui lui permet de révéler qu'en 2006, il a consacré 875 heures à sa commune. Façon de glisser qu'avant l'affaire Boillat, c'était quand même moins.
Diable! Il a fallu gérer cette année la plus grande manif anti-WEF du pays, répondre à toutes sortes d'interviews, être en contact rapproché avec la police, participer en direct à l'émission de la TV «Mise au point»: «407 000 spectateurs, son plus fort score», se souvient l'intéressé. Qui précise avoir consacré 179 heures à la Boillat en février: «Je n'ai inscrit qu'un jeton de présence par jour. Même pas 7 francs l'heure. Le reste, je considérais que ça faisait partie de mon mandat.»
Bien sûr, il y a eu de «gros» jours. La grève, les visites, les interventions des Securitas, les contacts avec le préfet, les bureaux d'avocats de Swissmetal «à nos basques», les rapports de police deux fois par jour: «Voilà pourquoi je me bats pour obtenir aux maires un fixe de fonction. On n'imagine pas la hauteur de leurs responsabilités dans un tel dossier. J'aurais pu me récuser. Mais ça n'aurait pas fait rire le préfet: il aurait été propulsé en première ligne...»
Bref, face aux «professionnels» de Swissmetal, les «miliciens» comme Flavio Torti ont parfois dû marcher sur des œufs. Comme dans l'affaire des camions, par exemple: «Notre but consistait à maintenir l'ordre public et à prévenir les débordements. Surtout, il fallait garder la tête froide. Heureusement, les gens de la police sont de vrais pros. A leur contact, j'ai beaucoup appris. Notamment à prendre de la distance et à contenir mes nerfs.»
Accessoirement, Flavio Torti a tout entrepris pour que ses ouailles gardent le moral malgré tout: «Je n'ai même fait que ça, insiste-t-il. Il fallait aussi faire savoir au pays que le Jura bernois ne pleure pas et qu'il a suffisamment de tripes pour promouvoir de nouveaux produits. Tous les investisseurs qui viennent chez nous savent fort bien qu'il y a un énorme potentiel dans nos vallées. Tant mieux pour les emplois...»
Enfin, l'homme se souvient qu'en 2006, pour la première fois de sa vie, il a eu plusieurs fois «peur de se lever». «Pas pour mon entreprise. Mais dans le contexte Boillat, il était vraiment difficile d'être en forme. Et tous ces gens qui comptaient sur le maire pour leur remonter le moral! Ce que j'ai vécu, je ne le souhaite à personne.»
L'homme qui fut à l'origine des rencontres inter-Eglises à Reconvilier dans le cadre de la Foire de Chaindon s'en félicite encore aujourd'hui: «Comme le maire y allait, tout le monde y est allé.»
Cette mise en réseau spirituelle, en tout cas, a été fort utile dans le cadre de l'affaire Boillat. Qui aurait pu le prédire quand elle s'est constituée?