Salaires des managers | Deux poids, deux mesures

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Le Journal du Jura
Vendredi 10 novembre 2006
Auteur : Philippe Oudot
Tout travail mérite salaire, et diriger une grande entreprise n'est pas de tout repos. Il est donc parfaitement normal que les managers soient très bien rémunérés pour les prestations qu'ils assurent et les lourdes responsabilités qui sont les leurs. Mais quand les rémunérations annuelles de certains d'entre eux se chiffrent en dizaines de millions de francs, il y a quelque chose qui ne tourne pas rond.

Selon l'étude de la Fondation Ethos publiée hier, les 700 managers qui dirigent les 100 plus grandes sociétés suisses cotées en Bourse se sont partagé l'an dernier la modeste somme d'un milliard et demi de francs. Soit environ 2,2 mios de francs par personne. C'est plus qu'appréciable, mais cela n'a rien de scandaleux.

Ce qui l'est en revanche, c'est le manque de transparence et l'écart abyssal qui existe entre les entreprises. Selon la Fondation Ethos, les «smicards» de la société bernoise Ypsomed, spécialisée dans les technologies médicales, ont gagné chacun 270 000 fr., pendant que ceux du Credit Suisse Group ont perçu 32,1 mios de francs en moyenne! On n'ose pas imaginer ce qu'a touché le big boss Oswald Grübel... Cela frise le racket!

Les lois de l'économie de marché étant ce qu'elles sont, ces rémunérations sont peut-être légales, mais elles n'en sont pas moins totalement indécentes. D'autant que, comme le dénonce Ethos, elles se font de façon très opaque. A croire que les instances dirigeantes de ces sociétés ont honte des petites fortunes qu'elles s'octroient. La transparence? Connaît pas! La plupart ne livrent en effet que les informations minimales exigées par la directive de la Bourse suisse sur la gouvernance d'entreprise.

Or, au pays du secret bancaire, ces directives sont bien plus restrictives que les standards internationaux. Pour les managers helvétiques, un bon actionnaire est visiblement un actionnaire ignorant. Il est en effet quasi impossible de connaître les salaires, bonus, attributions d'actions et autres options généreusement accordés aux uns et aux autres. C'est d'autant plus grave que ces rémunérations n'ont parfois rien à voir avec la performance des sociétés. A l'instar de Swissmetal. Et si c'était les actionnaires qui fixaient la rétribution des managers?



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Actualisé le 19.11.06 par webmaster
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