Elections à Reconvilier | Pour le président des radicaux, la pénurie de papables est due à l'affaire Boillat

Sans emploi sûr, pas de candidat ?

Source et copyright :
Le Journal du Jura
Vendredi 6 octobre 2006
Auteur : Pierre-Alain Brenzikofer
La crise de la Boillat aura-t-elle des répercussions sur les élections communales de l'automne à Reconvilier? Selon Bernard Füeg, président local du PRJB, tel sera bien le cas. De quoi en appeler à un sursaut civique!
On l'avait connu plus jovial, Bernard Füeg. Mais, actuellement, le plus célèbre des agents de police municipaux a le blues. Il faut dire qu'il est accessoirement président du PRJB local. Son casse-tête? L'imminence des élections communales. Et pour l'intéressé, il est visiblement plus difficile de dénicher des candidats que de mettre des contraventions... même s'il n'en met jamais!

«Le maire Flavio Torti repart pour un tour, tout comme le président des assemblées. Mais à part ça, néant. Arturo Tumelero jette l'éponge au Conseil et son collègue Maurice Leuenberger n'est pas sûr de remonter au front. Bref, la situation n'est pas bien rose...»

La faute à la Boillat

Pour Bernard Füeg, cette situation qui affecte aussi les autres partis trouve sa source dans le drame de la Boillat. «Indirectement en tout cas, même si rien n'est dit ou révélé. Mais je sens les gens préoccupés. Ils ne sont plus sûrs de leur emploi. Quand je pense que dans le temps, les huit membres du Conseil municipal travaillaient tous pour cette entreprise...»

Eh oui! Bernard Füeg est un de ces radicaux humanistes qui n'ont pas apprécié les propos tenus par quelques pontes du parti à propos de cette crise. Et il n'en démord pas: la nouvelle direction et la nouvelle stratégie ont détruit la sérénité locale. A l'entendre, les dirigeants seraient désormais trop loin de la vie sociale de Reconvilier, trop loin du parti politique qui défend pourtant les entreprises, trop loin des préoccupations des gens.

«Voyez-vous, lâche-t-il dés-abusé, on croise aujourd'hui quatre types d'employés: les licenciés, les rescapés, les soumis et les nouveaux venus qui viennent de trop loin pour s'intéresser à la vie locale.»

Passer à autre chose


Serait-il donc devenu paradoxalement indécent, à Reconvilier, de penser à autre chose, d'organiser autre chose ou de promouvoir autre chose?

«Bien au contraire, réplique l'interpellé. Tout ce qui ne touche pas à la Boillat fait figure de thérapie, agit comme un baume du tigre. Nous avons terriblement besoin de compensations. A la notable exception de cette chose publique qui engendre visiblement trop de risques. Et comme ce facteur risque n'est pas maîtrisable, on s'abstient...»

Même s'il se considère toujours comme radical, notre président en quête de candidats se dit que la constitution de partis locaux permettrait peut-être d'intéresser certaines personnes: «Personnellement, quand je vois où nous en sommes, je serais ouvert à toute bonne proposition. Nous pourrions peut-être ainsi attirer des gens qui sont venus habiter chez nous pour le confort de vie.»

Mais au fond de son cœur, il sait que le problème n'est pas là. «Le patron de la Boillat n'habite plus ici et les cadres n'existent plus, insiste-t-il. Ils ont été exclus du dispositif. Et avec le mobbing à l'égard des ouvriers et ce syndrome de la peur qui règne encore, comment voudriez-vous intéresser des gens à la chose publique?»

Appel aux bonnes volontés

Comme tant d'autres, Bernard Füeg se dit qu'une augmentation des indemnisations permettrait peut-être d'allécher quelques pèlerins. En ce qui concerne la Boillat, comme on le verra ci-dessous et ci-contre, d'autres acteurs politiques locaux ne partagent pas son analyse. Mais tous peinent bel et bien comme de beaux diables à remplir leurs listes. Que ces lignes soient dès lors considérées comme un appel aux Winkelried de dernière minute...

«Une tâche trop complexe !»

«La question dépasse de loin le cadre de la Boillat!» Pour le vieux baroudeur agrarien et ancien maire Daniel Schaer, c'est la tâche d'un élu municipal qui pose problème: «Elle devient toujours plus complexe. Et en même temps, l'employeur exige toujours davantage de son personnel. Comme quoi, on a presque le choix entre son emploi et un poste de conseiller municipal.»

En un mot comme en cent, Daniel Schaer juge le temps révolu où un élu pouvait prendre un matin ou un après-midi de congé pour remplir ses obligations communales: «Avec un job toujours plus astreignant, on préfère réserver ses moments de libres à sa famille ou à ses loisirs. C'est d'autant plus regrettable que les gens compétents existent!»

Bref, il hésite d'autant plus à mettre la situation sur le compte de la Boillat qu'il constate que c'est partout pareil: «Bon, il y a l'incertitude liée à l'emploi. Mais chez n'importe quel employeur, il est aujourd'hui impensable de quémander du temps pour un mandat public. C'est comme ça! C'est partout pareil! Ce n'est pas propre à la Boillat!»

Surtout que la fonction devient de plus en plus astreignante. L'UDC Reconvilier, dans tout ça? «Eh bien, nous avons actuellement deux élus dont un a changé de parti en cours de mandat.» Allusion à Tom Gerber, qui roule désormais pour le Parti évangélique. Quant à l'autre conseiller municipal UDC, Henri Kneuss va se représenter: «Il fait du bon boulot, confirme Daniel Schaer. Mais derrière lui, c'est le néant pour l'instant. Que voulez-vous! L'UDC est en chute libre dans le Jura bernois.»

«La Boillat est un faux problème»

Longtemps conseiller municipal pour le compte du Parti socialiste du Jura bernois (PSJB), Roland Aeberhard ne songe pas un instant à se voiler la face: «Vous savez que notre section locale n'existe virtuellement plus. Nous aurons dès lors toutes les peines du monde à trouver des candidats pour les élections de renouvellement. Mais en aucun cas je ne mettrais cette situation sur le compte de la Boillat!»

Le PSJB, on le rappellera, disposait de deux élus au Conseil municipal. Mais Didier Studer, qui a démissionné en cours de mandat, n'a pas été remplacé. Quant à Didier Lüdi, il aurait tout sauf envie de remettre la compresse. Roland Aeherbard a donc beau jeu de parler de désintérêt général pour cette vie politique impliquant un engagement de plus en plus conséquent. Remplacer les partis traditionnels par des groupements locaux? L'idée le fait rire aux éclats: «C'est l'éternelle rengaine! Ça ne vaut rien sur la durée. A Reconvilier, nous avons ainsi connu l'épisode Force Nouvelle, une parenthèse déjà refermée. Non, pareille évolution ne changerait rien. D'autant moins que l'émergence de telles formations est souvent liée à des intérêts particuliers et éphémères.»

L'homme ne croit même pas à la séduction par l'argent: «Il y a longtemps que nous ne travaillons plus pour un café-crème», ironise-t-il. De quoi conclure que la Boillat représente un faux problème: «Ces difficultés de recrutement existaient bien avant cette malheureuse affaire. Je reconnais qu'elles ne font qu'empirer avec les années. Mais c'est la même chose dans tous les villages...»



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