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Trois mois après la grève, la situation est toujours précaire à Reconvilier
Selon les syndicats, les employés seraient très désillusionnés. «En effet, l'entreprise n'est pas capable d'organiser le travail correctement et la production est chaotique. Avec le licenciement des cadres, c'est tout un savoir-faire qui a disparu», dénonce Nico Lutz, porte-parole du syndicat Unia. La semaine dernière, le représentant des ouvriers, Nicolas Wuillemin - licencié et interdit de site - critiquait lui aussi la situation précaire au sein de l'entreprise. Il a rappelé que des machines étaient encore à l'arrêt et que l'usine manquait toujours de matières premières. Pour les syndicalistes, la Boillat n'est aujourd'hui pas capable de répondre aux besoins de ses clients. A mi-mai, plusieurs entreprises avaient exprimé leur inquiétude face aux problèmes de livraison auxquels ils sont confrontés. La direction de Swissmetal admet que la production ne s'est pas encore normalisée depuis la fin de la grève, ce qui engendre des retards de livraison. «Mais la productivité s'est développée de manière positive ces dernières semaines et la situation est aujourd'hui moins dramatique que ne l'affirment les syndicats», nuance Sam V. Furrer, porte-parole de Swissmetal. Néanmoins le carnet de commande est en baisse de 30% depuis la grève, selon Henri Bols, le directeur industriel des sites de Reconvilier et Dornach. «Ils veulent la faillite» Selon la direction, cette situation n'est pas liée à une mauvaise gestion du travail ou à l'absence des cadres licenciés. Dans une interview donnée au quotidien Bund, Henri Bols accuse une vingtaine d'employés de boycotter l'usine et de semer le trouble. «Leur but est de pousser le groupe à la faillite, dit Sam Furrer. Ils rêvent que l'usine est reprise par un nouveau partenaire.» Or, selon lui la majorité des employées souhaitent désormais travailler en paix, au sein de Swissmetal. «La direction cherche des excuses et parle de conspiration visant à mettre l'usine en faillite», estime pour sa part Nico Lutz. La réalité, selon lui, est que la direction a fait des erreurs stratégiques importantes. «Swissmetal n'obtient par ailleurs pas les résultats financiers escomptés.» Le groupe métallurgique dit pourtant tenir fermement au site de Reconvilier. «Il s'agit maintenant de reconquérir les clients perdus depuis la grève de février, dit Henri Bols. Le site doit non seulement survivre, mais aussi continuer à se développer.» Un plan d'investissement sur cinq ans de plusieurs millions de francs est prévu pour moderniser les équipements de l'usine. «Nous allons notamment développer la production de spécialités», précise Sam Furrer. A moyen terme l'usine emploiera entre 150 et 200 personnes, poursuit le porte-parole. Il contredit ainsi les craintes formulées par Nicolas Wuillemin de voir le site réduit à «un atelier de finition avec une soixantaine d'employés». Pétition de soutien Malgré les tensions, la direction de Swissmetal se montre optimiste dans la recherche d'une solution. Mi-juin, le médiateur Rolf Bloch réunira à nouveau patrons et employés autour d'une même table. Un expert neutre a par ailleurs été chargé de dresser la liste des problèmes opérationnels. Il doit rendre son rapport prochainement. Malgré la longueur du conflit, la solidarité avec les employées de l'usine de la Boillat ne faiblit pas. Une pétition de 12 000 signatures récoltées dans toute la Suisse a été déposée jeudi à l'État de Genève et le sera également dans plusieurs autres cantons. Outre la manifestation de soutien organisée aujourd'hui à Reconvilier, des sympathisants vont aussi profiter de l'assemblée générale de Swissmetal, agendée au 30 juin, pour dire leur mécontentement. Dans la presse, des annonces appellent les actionnaires à s'opposer à la politique menée par la direction et le conseil d'administration de Swissmetal. Article précédent | Article suivant | Sommaire des articles Ressources
Actualisé le 19.11.06 par webmaster
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