A trop tirer sur la corde, elle a fini par rompre

L’intransigeance a eu raison de la médiation

Source : Quotidien jurassien
Date : jeudi 29 juin 2006
Auteur : Pierre-Alain Chapatte
Copyright : QJ
En repoussant à nouveau au début de cette semaine la décision du personnel de la Boillat sur les propositions de l’expert indépendant Jürg Müller, la délégation du personnel a commis l’erreur de pousser à la faute la direction de Swissmetal pourtant connue pour ses interventions intempestives.
ressée par son assemblée des actionnaires auxquels elle doit rendre des comptes ce vendredi, la direction du groupe soleurois a décidé d’en finir avec une procédure qui s’éternisait.

La médiation de Rolf Bloch prend fin alors même qu’elle commençait à porter ses premiers fruits. L’expert indépendant avait mis sur la table des propositions raisonnables qui, si elles ne donnaient totalement satisfaction à personne, permettaient tout de même de sauver ce qui peut l’être du site de Reconvilier. C’est dire combien cette rupture est regrettable. La direction de Swissmetal rompt la médiation, mais la responsabilité de l’échec doit être aussi mise au compte de la délégation du personnel qui s’est arc-boutée sur une position du tout ou rien au moment où il devenait urgent de s’engager sur un compromis.

Malgré tous les reproches

que l’on peut adresser à la direction du groupe soleurois dans la conduite de ses entreprises et dans la gestion de cette crise, il était utopique de s’imaginer que les rapports de force entre d’un côté le patron et ses actionnaires et de l’autre le personnel allait s’inverser. Ce ne sont ni les employés, ni leurs représentants, ni le syndicat, ni même Rolf Bloch qui tenaient et tiennent encore le couteau par le manche, mais bien Swissmetal. Cette réalité, que l’on peut critiquer, a été sous-estimée à Reconvilier.

Dès le moment où le groupe ne voulait pas se séparer de son site du Jura bernois, c’était un combat perdu d’avance que de s’obstiner à vouloir créer les conditions de son abandon par les Soleurois et sa reprise par d’hypothétiques repreneurs du cru.

L’absence totale de confiance entre les partenaires à laquelle ont conduit les stratégies controversées, grèves, accords non tenus, communication défaillante, coups d’éclats, a rendu extrêmement difficile la recherche d’une entente pour un nouveau départ de la Boillat dans le cadre de Swissmetal. La rupture de la médiation se greffe sur une rupture de la confiance entre la direction et la délégation du personnel dont une partie des membres ont été licenciés. Le maintien des délégués licenciés dans cette commission n’a pas manqué de causer problème. Même si leur engagement pour la Boillat n’est pas en cause, ces délégués licenciés peuvent s’en tenir à une fermeté qui expose les employés sous contrat à des risques pour leur propre emploi. La lassitude aidant, l’unité du personnel de la Boillat a fini par s’effriter. Ce qui n’a pu que faire le jeu de la direction de Swissmetal et l’amener à mettre fin à la médiation.

L’arrêt de la médiation est un mauvais coup pour le personnel de la Boillat et l’avenir du site de Reconvilier.

La direction de Swissmetal indique qu’elle entend tout de même suivre les recommandations de l’expert indépendant. Prenons-la au mot. Mais le rétablissement de la confiance aurait exigé la permanence, dans l’accompagnement des mesures envisagées, de la caution morale d’un Rolf Bloch. Le médiateur ne peut pas changer les plans de Swissmetal, mais cette personnalité était de taille à ne pas laisser faire n’importe quoi. La Boillat perd aujourd’hui cette caution.

Isolé après l’acceptation des propositions de l’expert indépendant par Swissmetal et le syndicat, le personnel se retrouve encore plus seul face à un avenir très incertain. Un gâchis dans ce conflit qui n’en comptait que trop déjà.
Actualisé le 28.06.07 par webmaster
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