Editorial | Cette fois, c'est quitte ou double

Source : Journal du Jura
Date : samedi 17 juin 2006
Auteur : Philippe Oudot
Copyright : Le Journal du Jura
Les Boillats ont la rage au ventre. La lecture du blog est à cet égard édifiante, et Unia, accusé de trahison, en reçoit des vertes et des pas mûres. Après cinq mois de lutte, ce sentiment de révolte est compréhensible. Comme l'a souligné le porte-parole du mouvement de lutte Nicolas Wuillemin, «ce n'est pas pour obtenir cela qu'on s'est battu!»

Le 25 janvier 2006, le personnel avait voté la grève à une très large majorité. Avec raison, puisque c'était son ultime arme face à une direction refusant tout dialogue. Dans ce bras de fer, les Boillats pensaient faire plier Martin Hellweg en quelques semaines, le scénario idéal étant l'indépendance du site. Malgré une offre d'achat très substantielle, Hellweg & Co ont rejeté la proposition avec dédain. Tout au long du conflit, le bougre n'a rien lâché, se payant même le luxe d'acheter Busch-Jaeger en pleine grève! Après un mois de lutte sans rien obtenir, la majorité du personnel s'est résignée à entrer en médiation, espérant que la voie du dialogue apporterait de meilleurs résultats.

Mais en dépit de la médiation, Martin Hellweg a continué de se comporter en potentat, licenciant un tiers du personnel, entravant la reprise de la production. Et voilà qu'aujourd'hui, fait assez incroyable, il accepte les propositions de l'expert... Est-il sincère? Après tous les coups fourrés portés aux Boillats, il est bien normal de s'en méfier comme de la peste, d'autant qu'il n'a jamais respecté le protocole d'accord qu'il avait pourtant signé en 2004.

Reste qu'aujourd'hui la situation est nouvelle. Les propositions de Jürg Müller ne répondent certes pas aux exigences du personnel - mais pouvait-il en être autrement? Le résultat d'une médiation ne peut être qu'un compromis. Toutefois, à la différence de 2004, l'expert a réussi le tour de force d'obtenir la création d'un «groupe de suivi» pour s'assurer du respect des engagements pris. Hellweg sera donc tenu à l'œil. En tout cas, la lutte de ces derniers mois a montré que celui-ci ne lâchera pas la Boillat. Quitte à la faire crever. Autant dire que les propositions de Jürg Müller constituent la seule alternative pour tenter de maintenir 250 emplois à Reconvilier. Mourir debout, c'est beau. Mais refuser cette porte entrouverte, ne serait-ce pas du suicide?


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Swissmetal Boillat | Rapport de l'expert Jürg Müller
Actualisé le 19.11.06 par webmaster
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