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«La grève chez Swissmetal n'est pas un banal conflit social»
Les ouvriers de la Boillat, eux, ne baissent pas les bras aussi vite que certains de leurs élus. Ils se sont mobilisés une fois encore ce week-end, avec un succès mitigé, du point de vue de la fréquentation. Le samedi matin était consacré au débat. Avec Sylvain Astier, Jean-Pierre Rérat, vice-président de la Chambre d'économie publique du Jura bernois, s'oppose à deux contradicteurs, Jean-Claude Rennwald, conseiller national socialiste (JU), et Charles-André Udry, du Mouvement pour le socialisme. D'un côté, on propose des pistes pour éviter la désindustrialisation: «favoriser la formation, et le capital-risque», pour Jean-Pierre Rérat. De l'autre, on relativise les chiffres d'une éventuelle désindustrialisation: selon Charles-André Uldry, c'est encore «l'industrie qui est la colonne vertébrale de l'économie», c'est elle qui crée le plus de richesses, et il faut «prendre des mesures pour la protéger», au besoin en «mettant des limites à la propriété privée». Conflit hors champ? Pendant deux heures, la Boillat est presque absente des débats. «Le sujet fâche trop», avance un auditeur. Mais certains ont une autre explication: quel que soit le regard que l'on porte sur l'évolution de l'économie, le conflit chez Swissmetal serait en quelque sorte hors champ. «Nous ne sommes pas devant un banal conflit social opposant deux visions de l'entreprise», dira dans l'après midi Maxime Zuber, maire de Moutier et membre du comité de soutien à la Boillat, qualifiant l'absence de Joseph Deiss dans cette affaire de «honte». Dans une assemblée clairsemée de quelques centaines de personnes, un ancien cadre de l'entreprise l'écoute attentivement. Occupant aujourd'hui des responsabilités dans une autre firme, il requiert l'anonymat et explique: «En détruisant la Boillat, Swissmetal pourrait rapatrier le marché dans l'usine de Bush-Jaeger». L'hypothèse circule depuis que cette usine allemande a été rachetée par Swissmetal, en pleine grève. L'entreprise aurait d'autres vues sur une firme française active dans les alliages de cuivre, selon certaines sources concordantes. Les indices selon lesquels l'usine allemande est destinée à récupérer les affaires de la Boillat ne manquent pas. Pour commencer, plusieurs produits sont destinés à «quitter» Reconvilier pour être réalisés en Allemagne, grâce au déplacement de certaines machines. Enfin, il serait question, d'après Nicolas Wuillemin, le porte-parole des ouvriers, de remplacer le label de qualité «Boillat» par celui de Bush-Jaeger. Pour lui, «la direction veut forcer ses clients à se satisfaire d'un niveau de qualité inférieur». L'avertissement de Maillard Autre orateur, le vice-président du Parti socialiste suisse Pierre-Yves Maillard craint, devant l'ampleur qu'a pris le conflit, que les patrons soient tentés de ne pas laisser les travailleurs de la Boillat gagner leur combat, «pour ne pas donner des idées à d'autres ouvriers». Pierre-Yves Maillard a ainsi lancé un avertissement aux patrons: «Attention: vous ne gagnerez rien à humilier «les Boillat». Si vous laissez Martin Hellweg (CEO du groupe, ndlr) devenir votre porte-drapeau, il ne fera que des perdants...». Article précédent | Article suivant | Sommaire des articles Ressources liées
Actualisé le 19.11.06 par webmaster
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