Cynisme à revendre

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Gauche Hebdo n° 49
Vendredi 8 décembre 2006
Auteur : Arnaud Crevoisier
Comme le plus banal des bandits de grand chemin, la direction de Swissmetal s'attaque à la cagnotte des travailleurs, en réclamant au syndicat Unia de « 5 à 10 millions » de francs pour le « préjudice économique » d'une « grève illégale ».
Fin 2004, les ouvriers de la Boillat déclenchèrent un premier mouvement de grève, et au printemps dernier, le patronat dénonça l'accord conclu sous l'égide du gouvernement bernois. La mort dans l'âme, les salariés s'étaient alors résolus à reprendre leur mouvement. Ce qui couta leur poste à des dizaines d'employés, ainsi qu'à ceux qui les représentaient au sein du comité d'entreprise. Comme au plus belles heures du capitalisme sauvage du XIXe siècle.

Aujourd'hui, la Boillat, fleuron de l'industrie métallurgique suisse, est sinistrée.

Non content d'avoir brisé les ouvriers de Reconvilier, leur outil de travail et leur savoir-faire inégalé dans le secteur des alliages métalliques, Friedrich Sauerländer, son conseil d'administration et son manager Martin Hellweg s'attellent donc à mettre à genoux le syndicat, pour bien montrer à l'ensemble des salariés et à leurs représentants que le droit de grève n'est qu'un droit formel en Suisse.

Qui a élevé la mauvaise foi et la malhonnêteté au rang d'art industriel tout au long de ce conflit ? Qui a acculé le personnel de Reconvilier à reprendre la grève, pour mieux l'accuser ensuite de faire perdre de l'argent à l'entreprise et ainsi, trancher dans les effectifs ?

Ces jours-là, le cours de l'action Swissmetal n'avait cessé de grimper... Qui s'est refusé à revenir à la table des négociations ce printemps, en dépit des demandes réitérées du syndicat ? La direction de Swissmetal est irresponsable, dans tous les sens du terme, sauf pour sauvegarder les intérêts de ses actionnaires.

Même dans le monde capitaliste, cela démontre - une fois de plus - une vision archaïque des relations sociales. Ceux qui croyaient encore que le conflit de la Boillat n'était qu'un enjeu économique régional comprendront, on l'espère, que c'est un véritable choix de société qui s'opère. L'entreprise virtuelle contre l'entreprise de production.


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