Swissmetal | Le contrat avec DSR vient d'être dénoncé

De gros nuages pour «La Lingotière»

Source & copyright : Journal du Jura
Date : vendredi 20 janvier 2006
Auteur : Philippe Oudot
Le JdJ l'avait annoncé en décembre dernier: l'avenir de la Cantine de la Boillat est compromis. Swissmetal, qui ne veut plus la subventionner, a en effet résilié le contrat avec DSR et va chercher un nouvel exploitant.
Le restaurant d'entreprise La Lingotière, exploité depuis plus de 50 ans par la société DSR, est-il condamné? Ce qui est sûr, c'est que son avenir est pour le moins compromis. Mercredi, la direction de Swissmetal a en effet informé Roland Deléchat, responsable de DSR pour les régions Jura, Jura bernois, Neuchâtel et Fribourg, qu'elle avait dénoncé la convention pour fin août.

Si le responsable de la communication de Swissmetal, Sam Furrer, se refuse à tout commentaire à ce propos, Roland Deléchat confirme l'information. En fait, explique-t-il, Swissmetal ne veut plus verser de contribution pour permettre d'offrir des repas à bon prix à ses employés. Ce qui représente une mesure d'économie de 100 000 fr. pour l'entreprise.
En février 2005, il avait déjà été question de l'avenir de La Lingotière. A cette époque, le consultant Patrick Huber-Flotho, un proche de Martin Hellweg, avait été chargé d'étudier les possibilités de réduire les frais de la Cantine en maintenant son niveau de service à des prix raisonnables et en gardant le personnel. Une solution avait été trouvée grâce à Albert Gaide, alors directeur par interim de la Boillat. La dénonciation du contrat signifie-t-elle que Swissmetal va fermer La Lingotière?

Pour l'heure, indique Roland Deléchat, il semble que ce ne soit pas le cas. En tout cas pas directement. Mais les conditions posées pour la poursuite des activités sont telles que cela relève quasiment de la mission impossible.

Appel d'offres

Membre de la direction générale de Swissmetal et responsable de l'innovation et du développement, Jean-Pierre Tardent a en effet informé Roland Deléchat que Swissmetal allait lancer un appel d'offres pour trouver un nouveau gérant. Ce pourrait être un restaurateur privé, ou peut-être la société SV-Service AG, qui exploite déjà la Cantine sur le site de Dornach. Mais à l'avenir, il devra payer une location qui, jusqu'à présent, était prise en charge par l'entreprise.

Pour Roland Deléchat, Swissmetal se trompe lourdement en pensant trouver un exploitant prêt à débourser une location substantielle, tout en continuant à offrir des repas à bon prix. Aujourd'hui en effet, la Cantine, «qui occupe trois excellents collaborateurs», prépare une centaine de repas, à 8 fr. par jour. A ses yeux, il est donc impossible de dégager un chiffre d'affaires suffisant pour payer les salaires, la location et faire encore un petit bénéfice. «S'ils trouvent un gérant, je lui donne six mois avant qu'il ne jette l'éponge», affirme le responsable de DSR.

Guère convaincant

Et la perle rare sera d'autant plus difficile à dénicher que le futur gérant devra quasiment se lancer les yeux fermés en signant son contrat. Car comme le relève le maire de Reconvilier, Flavio Torti, les assurances de Swissmetal quant à la pérennité du site de Reconvilier ont de la peine à convaincre, dans la région... Swissmetal a d'ailleurs proposé à Isabelle Faigaux, l'actuelle gérante, de reprendre l'affaire, mais elle a refusé, indique Roland Deléchat.

Par ailleurs, notre interlocuteur réfute les griefs de la direction de Swissmetal. Prenant en exemple la Cantine Swissmetal de Dornach, elle estime que La Lingotière est sous-utilisée. Mais comparaison n'est pas raison, rétorque-t-il. «A la Boillat, nous avons entre 25 et 30% de collaborateurs qui viennent manger à la Cantine, ce qui est une proportion tout à fait normale. Nous avons bien sûr essayé d'attirer plus de monde, mais c'est difficile dans une région où les gens ont l'habitude de rentrer dîner à la maison. Mais nous avons pu gagner du monde en fournissant également les repas (une vingtaine par jour, n.d.l.r.) à la crèche de Reconvilier.»

Et d'ajouter que la situation est très différente à Dornach. D'une part, Swissmetal y occupe beaucoup de frontaliers, qui restent forcément sur place. D'autre part, la Cantine est située en pleine zone industrielle et attire des gens d'autres entreprises
.
S'il regrette la dénonciation du contrat, Roland Deléchat déplore surtout la façon d'agir de Swissmetal, qui y met brutalement fin sans état d'âme. Aussi bien envers son personnel que celui de La Lingotière. Certes, les entreprises sont soumises à des contraintes financières et doivent faire des économies, mais elles devraient le faire en gardant à l'esprit le facteur humain.


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Droit de réponse

A lire le droit de réponse de Patrick Huber-Flotho dans le Journal du Jura du 13 décembre 2006

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