Swissmetal inaugure sa nouvelle presse dans l’intimité

«Ça fait quand même mal d’imaginer les pontes de Swissmetal faire la fête à Dornach autour de leur nouvelle presse alors qu’ils viennent de nous supprimer les deux que nous avions à Reconvilier», soupire B.B.*, ancien cadre de la Boillat. Une fête organisée sur deux jours: le vendredi pour le personnel des trois sites (Dornach, Reconvilier et Lüdenscheid). Le lendemain, Swissmetal inaugurait officiellement sa nouvelle installation en présence d’invités – actionnaires, clients, fournisseurs, médias – triés sur le volet (voir ci-dessous).
Le soussigné s’étant vu interdire l’accès à Dornach, il a dû se contenter des infos glanées ici et là pour rédiger le présent compte-rendu. C’est en février 2005 que Swissmetal avait annoncé le choix de Dornach pour sa nouvelle presse. A l’époque, le porte-parole Sam Furrer avait affirmé que ce n’était pas une décision contre Reconvilier, mais que ce choix allait profiter aux deux sites. Symboliquement importante en terme de prestige et de visibilité, Martin Hellweg avait alors souligné que son impact était faible en terme d’emplois et que, par conséquent, le personnel de Reconvilier n’avait pas à s’inquiéter pour son avenir, car Swissmetal aurait toujours besoin du savoir-faire Boillat pour fabriquer ses spécialités… Pour calmer les esprits, le groupe avait même laissé entendre qu’il envisageait l’acquisition d’une deuxième presse à Reconvilier, capable d’extruder fils et barres de petite dimension. Une étude devait toutefois encore déterminer la rentabilité d’un tel investissement.

Selon Swissmetal, sa nouvelle presse à extrusion polyvalente représente un investissement de quelque 30 mios de francs. Elle serait capable de presser la totalité de l’assortiment de Swissmetal, ainsi que de nouveaux alliages, plus durs, et donc plus difficiles à extruder. Censée fonctionner 24h sur 24, elle va remplacer six presses (les deux de Reconvilier, et quatre à Dornach). Elle devrait permettre de faire des économies d’énergie, de frais d’entretien et de personnel.

Doté d’un réservoir de 25 000 litres, ce monstre de 50 m de long pèse 480 tonnes. Il développe une puissance de 5000 tonnes et peut presser des billettes jusqu’à 305 mm de diamètre, avait expliqué l’ex-directeur Henri Bols, peu avant son licenciement, lors d’une démonstration faite aux actionnaires à l’assemblée générale de 2007.

En dépit des belles paroles de Swissmetal, analyse B.B., «imaginer que cette machine polyvalente puisse presser tout l’assortiment des produits de Swissmetal avec le degré de qualité requis est un leurre. Les contraintes pour extruder du fil ou des barres de petit diamètre – les spécialités Boillat – n’ont rien à voir avec celles pour faire des gros tubes comme à Dornach. Pour fabriquer des produits de la haute qualité, il faut des machines spécifiques!»

Pour sa part, C.C.*, licencié peu après la grève de 2006, voit deux raisons qui expliquent pourquoi Swissmetal a choisi Dornach: d’une part, pour couper les ailes à la Boillat, et d’autre part, parce que les presses de Dornach étaient pratiquement hors d’usage, faute d’avoir été entretenues correctement comme à Reconvilier.

Monsieur Silence Radio

La transparence n’est vraiment pas le fort de Swissmetal. Alors que le groupe arrose à tout bout de champ les médias de communiqués anodins, il célèbre l’inauguration de sa nouvelle presse en triant sur le volet les invités dignes d’y prendre part. Pour ne pas gâcher la fête à la gloire de Martin Hellweg, mieux vaut éviter les voix discordantes ou les questions dérangeantes… Par exemple celles d’anciens employés de la Boillat, des petits actionnaires de la Nouvelle Boillat, ou de certains médias. Dont Le JdJ.

Souhaitant malgré tout couvrir l’événement, Le JdJ s’est annoncé auprès du porte-parole Sam Furrer. Mais celui-ci a répondu qu’il n’était pas le bienvenu – contrairement à nos confrères du Bieler Tagblatt. N’ayant eux-mêmes pas la possibilité d’y participer, ils ont informé Sam Furrer qu’ils déléguaient le soussigné pour rendre compte de l’inauguration dans les colonnes du Bieler Tagblatt. «Hors de question!», a rétorqué le porte-parole, ajoutant que Swissmetal n’avait invité qu’une poignée de journalistes de confiance…

Que Swissmetal choisisse ses hôtes, c’est son droit le plus strict. Mais quand Le JdJ appelle Sam Furrer pour avoir des précisions sur le départ des presses de Reconvilier et la nouvelle installation de Dornach, on est en droit d’attendre d’un porte-parole digne de ce nom qu’il veuille bien répondre au téléphone, ou au moins qu’il rappelle plus tard. Mais ça, c’est déjà trop demander à Monsieur Silence Radio.
Actualisé le 21.01.08 par webmaster
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