La Boillat au menu de la prochaine rentrée parlementaire

Source : Le Courrier
Date : samedi 15 juillet 2006
Auteur : Luc-Olivier Erard
Copyright : Le Courrier
Alors que les difficultés financières du groupe Swissmetal font de moins en moins de doutes, des parlementaires tentent d'esquisser des parades aux appétits des financiers.
On reparlera du groupe Swissmetal à Berne, vraisemblablement cet automne déjà. Mais probablement trop tard pour qu'il ne s'agisse d'autre chose que de tirer des leçons d'un gâchis. C'est en tout cas la conviction qu'ont acquise certains observateurs du conflit qui sévit depuis janvier dernier à Reconvilier, dans l'usine Swissmetal Boillat.

Les Chambres pourraient avoir à se prononcer sur différentes projets. D'abord, le popiste vaudois Josef Zisiadis propose ni plus ni moins, dans une motion déposée en mai dernier, que la Confédération exerce «un droit de préemption sur les actions de Swissmetal». En clair, il s'agit de demander à la Confédération de racheter l'usine, de force. «L'objectif financier de la direction de Swissmetal est la disparition totale de la Boillat. Dès lors, la Confédération doit user de moyens extraordinaires pour protéger une région et son tissu économique», motive le conseiller national. Ces «moyens extraordinaires» n'étant pas prévus par le droit suisse, il y a peu de chances que le débat aux Chambres s'éternise sur la question.

C'est cette lacune que le socialiste jurassien Jean-Claude Rennwald, par ailleurs membre de la direction du syndicat Unia, se propose de combler. Dans une motion, il suggère de compléter la Constitution fédérale pour que, «dans un intérêt public prépondérant, l'Etat [prenne] des mesures pour empêcher l'exercice abusif de la propriété, notamment quant aux (...) moyens de production importants».

En juin dernier, c'est Géraldine Savary qui a déposé un postulat. La conseillère nationale socialiste vaudoise propose de compléter les lois existantes par une «disposition visant à prévenir la faillite de l'entreprise et son insolvabilité par l'obligation pour l'employeur d'accepter des offres de reprise avant procédures en exécution forcée». Elle fait référence à l'un des espoirs, pour l'instant déçu, des grévistes de la Boillat: celui de voir le site de Reconvilier vendu par son propriétaire. Des offres avaient en effet été formulées en mars dernier. Ces repreneurs, dont l'identité n'est pas connue, avaient alors été qualifiés de «sérieux» par les proches du dossier. Mais la direction de Swissmetal communiquait peu après qu'elle n'avait pas l'intention de «vendre des secteurs essentiels et stratégiques de l'entreprise». Les parlementaires auront donc l'occasion de dire s'ils entendent à l'avenir poser des limites à la sacro-sainte liberté d'entreprise, eu égard aux changements que connaît l'économie suisse.


Article précédent | Article suivant | Sommaire des articles
Actualisé le 19.11.06 par webmaster
Haut de la page | Page précédente | 'Imprimer la page dans un format adapté à l'imprimante