Swissmetal Boillat | La tension monte avant le vote du personnel cet après-midi

En cas de nouvelle grève, Hellweg menace de licencier les grévistes et de ne conserver que 20 emplois

Source : Journal du Jura
Date : lundi 19 juin 2006
Auteur : Philippe Oudot
Copyright : Le Journal du Jura
Alors que les membres des commissions de la Boillat justifient leur refus des propositions de l'expert et exigent le retour au protocole d'accord de 2004, Martin Hellweg hausse le ton.
Le personnel de la Boillat a plus que jamais le dos au mur avant son assemblée de cet après-midi. S'il devait rejeter les propositions de l'expert Jürg Müller et voter une nouvelle grève, le patron de Swissmetal Martin Hellweg menace de licencier tous les grévistes avec effet immédiat. De surcroît, le CEO n'hésiterait pas à fermer le site de Reconvilier pour n'y garder qu'une simple base logistique, avec à la clé une vingtaine d'emplois. Telles sont les menaces lancées par le patron de Swissmetal dans une interview parue hier dans la SonntagsZeitung.

Des propos qui sonnent comme une réponse au communiqué envoyé vendredi soir par les membres des commissions de la Boillat faisant partie de la médiation. Dans ce texte, les membres expliquent en détail les raisons qui les ont poussés à ne pas accepter les propositions de l'expert Jürg Müller.

Ils estiment tout d'abord que les propositions n'ont pas été présentées de manière équitable à toutes les parties, puisque le conseil d'administration a rencontré l'expert avant la séance de médiation. Ensuite, ils soulignent que les problèmes actuels n'ont rien à voir «avec la grève légale de février, mais sont le résultat de l'incompétence générale de la direction et de l'encadrement de Swissmetal». Une situation qui est le résultat de la violation du protocole d'accord de novembre 2004.

Des mensonges

Les membres des commissions s'en prennent à la direction de Swissmetal qu'ils accusent de mentir. Selon la direction, sur les neuf membres de la délégation de la Boillat représentant le personnel et les cadres, une majorité sont d'anciens collaborateurs. Faux, rétorquent-ils, puisque quatre seulement ont été licenciés avec effet immédiat, les autres étant toujours sous contrat. S'agissant du maintien à moyen terme de la fonderie, ils rappellent qu'en janvier dernier, le responsable de ce secteur avait dit que le processus de délocalisation serait terminé pour fin 2007.

Quant à l'effectif du personnel, ils soulignent que «le carnet de commandes Boillat est toujours complet et assurerait dès aujourd'hui du travail jusqu'à la fin de l'année aux 350 salariés Boillat» qui étaient employés avant la grève. Et lorsque la direction prétend que les commandes ont chuté de 30%, les membres des commissions objectent que cela n'est «que la conséquence d'un transfert vers le site de Dornach et l'entreprise allemande Busch-Jaeger».

Par ailleurs, ils constatent que les 35 personnes déjà réengagées l'ont été sur la base d'un nouveau contrat de travail qui viole la convention collective de la branche, CCT dont Swissmetal est pourtant signataire.

Swissmetal est responsable du chaos actuel

Poursuivant leur réquisitoire, ils rejettent l'entière responsabilité du chaos actuel sur la direction du groupe. Ils s'en prennent notamment au «licenciement punitif et sans logique industrielle appliqué par la direction». Ils constatent de surcroît que de gros clients se plaignent «des erreurs à répétition de Swissmetal» et qu'ils estiment que la grève n'a que peu d'influence directe sur l'état actuel de la production. Quant aux propositions de l'expert acceptées par Swissmetal et par Unia, elles laisseraient ces clients plutôt sceptiques.

Par ailleurs, les membres des commissions se disent stupéfaits de voir que Swissmetal applique immédiatement et selon son interprétation les propositions de l'expert. «Notamment l'épineux sujet du directeur de site qui est déjà ravalé au rang de ‹chef d'usine› et dont la tâche sera cumulée à celle de ‹responsable finishing›».

Autant d'éléments qui ont poussé les membres des commissions à ne pas accepter les propositions présentées lors de la séance de médiation. A leurs yeux, «la survie du site Boillat au sein de Swissmetal passe impérativement par une application à la lettre du protocole d'accord signé en novembre 2004. Il est illusoire de croire que les spécialités de haute technologie qui font la réputation de notre site puissent être délocalisées à Dornach.»

Autant dire que la tension est à son comble en vue de la séance d'aujourd'hui.


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