La direction de Swissmetal lâche du lest pour sortir de la crise

Source : Le Temps
Date : vendredi 16 juin 2006
Auteur : Serge Jubin
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Les dirigeants du groupe et Unia souscrivent aux mesures de l'expert neutre. Parmi elles, le maintien d'une fonderie et des réengagements. Le personnel se prononcera lundi.
«Dans le conflit Swissmetal, je ne suis ni optimiste ni pessimiste. Je suis tenace.» Le médiateur Rolf Bloch a pourtant des raisons d'entrevoir le bout du tunnel, à l'issue de la sixième séance de négociations entre la direction du groupe et les représentants des employés de «la Boillat», tenue jeudi à Berne. L'expert industriel neutre qu'il a désigné, Jürg Müller, formule des propositions susceptibles de sortir du conflit entamé en novembre 2004, qui a connu son paroxysme en février avec une grève d'un mois.

L'expert ne remet pas en cause la stratégie du groupe Swissmetal, élaborée par le CEO Martin Hellweg, qui concentre les activités et prévoit le transfert de la fonderie de Reconvilier à Dornach. Son mandat ne le prévoyait pas. Jürg Müller devait se limiter à proposer des mesures pour sortir du chaos opérationnel à Reconvilier.

Contenues dans un rapport secret qu'il n'a remis qu'à Rolf Bloch, ses propositions imposent pourtant des concessions à la direction de Swissmetal: il demande le maintien d'une fonderie à Reconvilier pour quatre à cinq ans au moins, afin de continuer de couler sur place les alliages spécifiques. Autre exigence de l'expert: l'engagement d'un directeur d'usine et des réengagements de personnel et de cadres, jugés nécessaires pour assurer l'efficience de l'entreprise.

Swissmetal souscrit aux propositions de l'expert. La direction réengage 35 des 112 employés licenciés et 10 des 30 cadres mis à la porte. Encore que ce deuxième postulat risque d'être difficile à réaliser, puisque la plupart des cadres virés en février ont retrouvé du travail et que, pour être réintégrés, ils doivent soutenir la stratégie du groupe contre laquelle ils se sont battus. La direction du groupe précise qu'elle est «prête à créer de nouveaux postes en fonction du carnet de commandes». La Boillat devrait compter 230 à 250 employés. Voyant «avec optimisme une solution se rapprocher», Unia appuie le programme de l'expert.

Les neuf représentants du personnel à la médiation, dont sept sont licenciés, refusent de cautionner la solution de Jürg Müller, car elle brise leur rêve de sortir la Boillat du groupe Swissmetal. Ils veulent consulter le personnel de la Boillat, lundi à 13h30. Jürg Müller ira défendre son projet. De la décision des employés de Reconvilier dépend l'issue du conflit. La direction le sait bien et fustige ceux qu'elle appelle les jusqu'au-boutistes.

Dans tous les cas, la médiation Bloch arrive à son terme. Si les employés rejettent la solution Müller, elle aura échoué et la Boillat risque d'être emportée dans un chaos définitif. S'ils l'acceptent, à contrecœur et par réalisme, ils parient sur la promesse faite par Swissmetal qui affirme «tenir au site de Reconvilier et tout faire pour sa reconstruction». Un groupe de suivi remplacera alors la médiation. Rolf Bloch est disposé à conserver le poste d'arbitre.


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