La grève de Swissmetal Boillat? Un cas particulier, soutient Rolf Bloch

L’industriel de Courtelary explique sa vision du conflit de travail qui a secoué Reconvilier

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Le Quotidien Jurassien
Samedi 2 décembre 2006
Auteur : Mathieu G. Racicot
Swissmetal Boillat. Un conflit de travail atypique, un cas particulier, considère l’industriel Rolf Bloch. Atypique parce que les habituelles questions de salaires et de vacances en ont été étrangement absentes. Si les collaborateurs de l’entreprise se soulèvent en janvier 2005, c’est contre le démantèlement de «leur» usine. La direction, par différents choix, leur arrache ce qu’ils ont de plus précieux: leur outil et, par là, nie, leur savoir-faire et la fierté qu’ils en tirent, dit-il.
Swissmetal Boillat. Un conflit de travail atypique, un cas particulier, considère l’industriel Rolf Bloch. Atypique parce que les habituelles questions de salaires et de vacances en ont été étrangement absentes. Si les collaborateurs de l’entreprise se soulèvent en janvier 2005, c’est contre le démantèlement de «leur» usine. La direction, par différents choix, leur arrache ce qu’ils ont de plus précieux: leur outil et, par là, nie, leur savoir-faire et la fierté qu’ils en tirent, dit-il.

Invité jeudi par l’association Option médiation, Rolf Bloch a donné une conférence à Delémont où il exposait sa vision du «cas particulier» qu’est le conflit de la Boillat qu’il a vécu en tant que médiateur. Il n’y a pas joué le rôle d’arbitre. En ce sens, il n’avait qu’un pouvoir d’influence mais pas de pouvoir de décision sur les parties – direction, syndicat et personnel.

– Vous seriez arrivé à davantage de résultats en étant arbitre du conflit plutôt que médiateur?

Rolf Bloch: – Je n’aurais pas voulu être arbitre. L’arbitre apprécie les intérêts de chacun et tient compte de l’ordre juridique. Or le conflit portait sur des questions d’organisation, de stratégie. Dans la loi suisse, les propriétaires des entreprises ont le dernier mot sur ces questions. Certes, les collaborateurs ont le droit d’être informés et consultés, mais rien ne leur donne le droit de prendre ces décisions ou de codécider. Si j’avais été l’arbitre de ce conflit, malgré une certaine sympathie pour les collaborateurs de Reconvilier et la volonté qu’ils aient voix au chapitre, j’aurais dû donner raison aux patrons.

– Vous expliquez que la direction, voyant les représentants des collaborateurs hésiter devant les recommandations de l’expert, a décidé de rompre la médiation. N’était-ce pas un prétexte pour justement éviter de se soumettre à ces recommandations?

– Cette hypothèse est envisageable. Il est possible que la direction de Swissmetal ait voulu éviter qu’un groupe de suivi ne vienne s'assurer régulièrement de la conformité aux recommandations, bien qu’elle ait promis de le faire. Dans un sens, la direction n’a pas tort : les marchés bougent vite et il faut changer rapidement ses façons de faire pour garder la tête hors de l’eau.

Il faut dire aussi que les représentants des collaborateurs ne voulaient pas prendre de décision sans consulter la base. Mais je pense aussi qu’ils voulaient gagner du temps, attendre l'assemblée générale des actionnaires de Swissmetal dans l'espoir d'un changement au conseil d'administration ou à la direction...

– Quel impact les propos, soutenant les grévistes, de Pierre Kohler, de Flavio Torti et de Maxime Zuber ont-ils eu sur la médiation?

– Ces interventions ont eu lieu avant la médiation. Ces politiciens ont toujours soutenu les employés de la Boillat et ont bétonné leur point de vue en leur disant de se montrer très fermes. Ce que les collaborateurs ont fait. Mais je comprends les politiciens, ils voulaient soutenir la région.

– Vous dites que le conflit de Swissmetal n'a en rien entamé la paix du travail, pourquoi
?

– Le conflit de Swissmetal ne servira pas d'exemple dans l'industrie suisse. Je ne crois pas que partout au pays les gens diront : «on va faire comme à Reconvilier !». Il y a des cas analogues, mais ça ne changera pas beaucoup de choses. Je réserve mon jugement en ce qui concerne les services publics.

– Est-ce que cela ne pourrait pas donner des idées aux patrons?

– Non, la paix du travail est une valeur de l'économie suisse. C'est un des piliers de la sécurité du franc et des entreprises. Sans grève, les patrons suisses peuvent rassurer leurs clients : les délais seront tenus, la marchandise sera livrée. De ce fait, ils tiennent à la paix du travail.

– Vous refusez de qualifier la médiation de succès ou d'échec, pourquoi laissez-vous cette question ouverte?

– Le succès ou l'échec de la médiation est une question de point de vue. Dire qu’elle a abouti ou non revient à prendre parti, ou à me tresser des lauriers. D'une certaine manière, la situation s'est améliorée : la grève est suspendue – elle n’est pas terminée officiellement – un certain nombre de postes ont été sauvés, l’entreprises fonctionne. Pour d'autres aspects de la médiation, il faudra encore attendre avant de les apprécier.

Rolf Bloch présiderait-il à nouveau une médiation?

– Si je peux aider, je pense que j'aiderais… Mais si vous me voyez à la télé ces prochains temps, parce que je me suis engagé sur un sujet ou un autre, dites-vous que c’est que ça ne va pas bien!


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Actualisé le 19.12.06 par webmaster
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