Swissmetal Boillat | Assemblée du personnel

Le feu couve toujours sous la cendre

Source : Journal du Jura
Date : jeudi 8 juin 2006
Auteur : Philippe Oudot
Copyright : Le Journal du Jura
Une centaine de personnes ont pris part hier à l'assemblée du personnel. Elles y ont reçu diverses informations sur la situation actuelle. La prochaine réunion aura lieu vendredi 16, au lendemain de la prochaine séance de médiation.

Quatre mois et demi après le début de la grève, la fatigue et la lassitude se font sentir auprès des employés de la Boillat. Si une partie est toujours déterminée à se battre pour tenter d'empêcher le démantèlement annoncé de l'usine, d'autres sont résignés et ont plutôt envie de baisser les bras. Une atmosphère qui était perceptible, hier après-midi autour de la Salle communale de Reconvilier où le personnel était réuni en assemblée générale.

Une assemblée qui, traditionnellement, est dirigée alternativement par le président de la commission d'entreprise Mario Grünenwald et par le vice-président de la représentation des employés Pierre-Yves Emery, son président Nicolas Wuillemin ayant été licencié par Swissmetal pendant la grève. Hier, c'était au tour de Pierre-Yves Emery de présider la réunion. Une séance dont la tenue était contestée par le directeur Henri Bols. Dans un message adressé au personnel, celui-ci a en effet rappelé que s'il n'est pas opposé à la tenue de telles assemblées, elles ne peuvent avoir lieu pendant les heures de travail qu'avec l'aval de la direction, faute de quoi ces heures pourraient ne pas être rétribuées.

Pressions sur le personnel

En fait, indique un membre des commissions, «Monsieur Bols joue sur les mots, car nous devions lui en faire la demande lors de la dernière rencontre que lui-même avait agendée la semaine dernière, mais à laquelle il avait oublié de participer...» Et comme pour augmenter la pression sur le personnel, Sylvain Petitdemange, responsable du secteur «fonderie», a complété le message de Henri Bols en ajoutant à la main qu'il interdisait à ses collaborateurs de participer à cette assemblée. Un message qu'une personne - «un jaune», assène un membre des commissions - a ensuite affiché dans différents endroits de l'usine. Ces pressions ont visiblement suscité un sentiment d'insécurité pour une partie du personnel, puisque la réunion n'a finalement réuni qu'une centaine de participants.

Au cours de l'assemblée, diverses questions pratiques ont été abordées. Par exemple le refus de Swissmetal de payer les heures des deux premiers jours de reprise du travail: lorsque, le jeudi 23 février, le personnel avait décidé de suspendre sa grève, Swissmetal avait annoncé qu'il serait payé dès le vendredi, même si le travail ne reprendrait effectivement que le mardi. Or, si les collaborateurs n'ont pas eu de déductions salariales pour ces deux jours, la direction les a déduit des heures de bonus. Et ceux qui n'avaient pas de bonus ont vu leur solde de vacances réduit de deux jours. Une attitude dénoncée par les commissions, mais qui, selon la direction, doit être discutée et réglée dans le cadre de la médiation.

Les collaborateurs ont également été informés sur leur droit de pouvoir exiger un certificat de travail en bonne et due forme, et pas une simple attestation comme certains en ont reçue. Les membres des commissions ont également évoqué le fameux document de 23 pages où sont répertoriées les commandes passées à la Boillat et ventilées à Dornach et à Lüdenscheid.

Pour sa part, Nicolas Wuillemin, l'homme qui a symbolisé la lutte des Boillats tout au long de la grève, a dressé un tableau de la situation telle qu'il la voit de l'extérieur. Il a notamment relevé que la lutte était pour le moment suspendue, et pas terminée. Dans ce contexte, il ne saurait être question d'un éventuel transfert de machines sur un autre site.

Par ailleurs, les employés ont appris que l'expert indépendant Jürg Müller va rencontrer le conseil d'administration de Swissmetal le 12 juin. Quant à la prochaine séance de médiation, elle est convoquée pour le 15 à Berne. Et le lendemain, le personnel sera convoqué en assemblée extraordinaire. A n'en pas douter, c'est la réaction de Swissmetal face au rapport de l'expert qui déterminera la suite - ou la fin - de la médiation. S'agissant des rumeurs selon lesquelles la direction de Swissmetal aurait eu accès au prérapport rendu par l'expert au médiateur Rolf Bloch, les membres des commissions ont dit vouloir tirer les choses au clair: si Swissmetal a pu en prendre connaissance, ils vont exiger de pouvoir en faire tout autant.


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Actualisé le 19.11.06 par webmaster
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