Swissmetal Boillat | Lettre ouverte adressée au patron des patrons Thomas Daum

Un soutien incompréhensible

Source : Journal du Jura
Date : jeudi 8 juin 2006
Auteur : Philippe Oudot
Copyright : Le Journal du Jura
Ancien directeur de la Boillat, André Willemin dénonce Thomas Daum qui veut réduire les indemnités de chômage des jeunes. Il l'invite plutôt à agir pour sauver la Boillat, au lieu d'être le complice de sa mise à mort.

Depuis le 1er juin, Thomas Daum a succédé à Peter Hasler à la tête de l'Union patronale suisse. Jusque-là directeur de Swissmem, le nouveau patron des patrons a très vite suscité la controverse en proposant, sur le plateau de la TSR, de réduire les indemnités de chômage des jeunes de 400 à 250 jours. Une proposition qui a suscité la colère d'André Willemin, actuel directeur du Centre de loisirs des Franches-Montagnes et ancien directeur de la Boillat, dont le licenciement, en novembre 2004, avait entraîné la première grève à la Boillat.

Dans une lettre ouverte qu'il vient d'adresser à Thomas Daum, André Willemin dénonce cette proposition qu'il qualifie d'«inutile et de dangereuse», car elle exerce une pression psychologique supplémentaire sur ceux qui se trouvent déjà en position difficile. «Au lieu de vous acharner sur les plus faibles, vous seriez bien inspiré de porter votre action sur tous ceux qui détiennent les moyens d'action permettant de maintenir et de créer des emplois en Suisse», soutient-il.

Certes, poursuit André Willemin, une entreprise doit être rentable pour se développer, et il ne sert à rien de maintenir artificiellement en vie des canards boiteux qui, en vertu des lois du marché et de la concurrence, n'ont aucune chance de survie. Mais si les entrepreneurs doivent se battre pour être compétitifs, «ils ne sauraient être dégagés de leur responsabilité sociale», relève-t-il.

Légèreté coupable

Dans ce contexte, André Willemin dénonce l'attitude de Thomas Daum dans le conflit Swissmetal, accusant l'intéressé d'«avoir fait preuve d'une légèreté coupable». Et de lui rappeler quelques points fondamentaux: dans le groupe Swissmetal, «seule la Boillat a développé de nouveaux alliages pour les applications du futur. La Boillat détient une majorité de produits à haute valeur ajoutée et les plus rentables du groupe.» Il poursuit en soulignant que lorsque Swissmetal a introduit une «organisation en processus», la Boillat l'a fait de manière exemplaire et efficace. Et l'ancien directeur d'ajouter que, de l'avis de tous les spécialistes, «la Boillat possède la fonderie la plus moderne d'Europe pour les cuivreux».

Autant d'éléments qui expliquent pourquoi la Boillat était l'usine la plus performante de Swissmetal, constate André Willemin. Dans ce contexte, demande-t-il, «comment expliquer que le groupe puisse se séparer de tous les cadres ayant contribué au succès du site? L'affaire est à la fois tellement grotesque et grave qu'il est difficile, pour un observateur externe, de comprendre réellement ce qui se passe».

Aussi interpelle-t-il Thomas Daum en lui demandant «pourquoi le patron des patrons de Suisse cautionne-t-il le démantèlement d'une industrie phare de notre pays? Comment peut-il se montrer complice de ceux qui mettent en péril des centaines d'emplois et n'hésitent pas à licencier tous les apprentis d'une société?» Et de fustiger encore son désintérêt pour les préoccupations des entreprises clientes de la Boillat, alors même que de par ses fonctions, il devrait défendre leurs intérêts.

«Au lieu de mettre la pression sur les plus faibles avec vos déclarations intempestives, vous seriez bien inspiré, Monsieur Daum, d'envisager la création de certains garde-fous limitant les méfaits de certains CEO qui mettent en danger l'avenir économique et la paix sociale dans notre pays», assène André Willemin.


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Ressources liées

La lettre ouverte de André Wuillemin à Thomas Daum
Site web de l'Union patronale suisse
Site web de Swissmem
Thomas Daum à la TSR
Actualisé le 19.11.06 par webmaster
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