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Swissmetal veut supprimer cette année le quart de ses emplois en SuisseLe groupe métallurgique poursuit sa restructuration. Dornach et Reconvilier sont touchés
Pertes plus nombreuses que ce qui était annoncé La direction l'avait annoncé en novembre 2005: la restructuration entraînera des suppressions de postes et des licenciements. A l'époque, Swissmetal disait que l'effectif total pour ces deux sites suisses serait de quelque 600 postes après la mise en application de son concept. Or, ce nombre est déjà atteint aujourd'hui. Avec l'annonce des 153 nouveaux postes biffés, le groupe va donc beaucoup plus loin. La mesure annoncée hier est due essentiellement à deux éléments. Tout d'abord, la mise en service progressive de la nouvelle presse à extrusion à Dornach (selon Swissmetal, elle a pressé ces derniers jours les premières billettes à chaud) entraînera de profondes modifications, dont la fermeture de la fonderie à Reconvilier. Dans le Jura bernois toujours, toutes les activités seront concentrées dans l'usine 2, la plus moderne de la Boillat. Berceau d'un des fleurons industriels de la région, l'usine 1 ne sera alors plus qu'un corps-mort au milieu du village. Une productivité nettement meilleure en Allemagne Selon Swissmetal, les nouvelles mesures engagées ont pour objectif premier «de faire en sorte que les usines Swissmetal en Suisse arrivent à un niveau de performance équivalent à celui du site de Lüdenscheid en Allemagne qui a déjà fait l'objet d'une restructuration. Actuellement, le chiffre d'affaires par collaborateur industriel à Dornach et à Reconvilier est respectivement d'environ 20% et 40% inférieur à celui de Lüdenscheid.» Henri Bols quitte Swissmetal, d’un «commun accord» Le groupe ne se contente pas de supprimer des emplois. Il opère également des changements au niveau de la direction qu'il confie à «l'équipe de management de Lüdenscheid qui a fait ses preuves». Jusqu'alors responsable du secteur Industrie Suisse et directeur des sites de Dornach et Reconvilier, Henri Bols quitte Swissmetal «d'un commun accord». Vice-président exécutif de Swissmetal Volker Suchordt prend la direction de Dornach qui fabriquera essentiellement des profilés et des tubes à haute valeur ajoutée. Responsable de l'usine allemande Busch-Jäger à Lüdenscheid, Manfred Gröning a désormais également en charge la Boillat qui se spécialisera dans la fabrication de fils et de barres à haute valeur ajoutée. De l'indignation à la crainte, de l’écœurement à la résignationA Reconvilier, on a le masque des mauvais jours. Certains employés de la Boillat sont écœurés, d’autres fatalistes: «Swissmetal n'a jamais fait de cadeaux. Ce n'est pas maintenant qu'ils vont se gêner.» D'autres encore ont peur de perdre leur emploi. Les plus virulents répètent ce qu'ils ont toujours dit: «Hellweg n’a qu'une idée en tête, fermer la Boillat et tout déplacer en Allemagne. Il n'y a qu'à voir qui ils mettent à la place de Bols.» Quant à l'idée d'un troisième arrêt de travail, elle est écartée: «On a fait deux fois la grève, pour rien. Alors…»Un nouveau parjure de Swissmetal selon Unia «Les suppressions d'emplois dépassent de loin ce que Swissmetal avait annoncé jusqu'ici. Le démantèlement de la substance industrielle se poursuit», dénonce Unia. Le syndicat se dit indigné face à ce «nouveau parjure». Lorsque Swissmetal avait dévoilé son concept industriel en novembre 2005, sa direction avait en effet annoncé un ajustement devant faire passer le nombre d’employés à 600. Or, ce chiffre est déjà atteint aujourd’hui. «Après avoir supprimé environ 100 postes l'année dernière, Swissmetal veut maintenant encore sabrer 153 postes supplémentaires et licencier 208 employé(e)s.» Pour Unia, c'est la preuve que le concept industriel a échoué. Il exige donc que Swissmetal revienne de toute urgence sur son plan de démantèlement. Confiscation d’un fleuron de l’Arc jurassien Au nom du Comité de soutien à la Boillat, Maxime Zuber «condamne encore une fois la politique suicidaire de démantèlement conduite par MM. Hellweg et consorts. L'opération de confiscation d'un outil de production de l'Arc jurassien par des financiers et industriels allemands est bientôt achevée.» Aux yeux du député-maire de Moutier, ce que le Comité de soutien avait prévu se confirme. La volonté du groupe est bel et bien le démantèlement des deux sites suisses au profit de l'usine allemande de Lüdenscheid. A l'époque pourtant, «la direction de Swissmetal jurait ses grands dieux que telle n'était pas sa stratégie !» Procédures de consultation et de plan social engagéesAfin de définir de manière précise le nombre d'emplois qui seront supprimés sur chaque site, une procédure de consultation est lancée avec les commissions d'entreprise. Elle devrait s'achever en juillet. En outre, des négociations sont en cours avec les partenaires sociaux depuis des mois en vue de l'établissement d'un plan social. On sait que jusqu'à présent, les discussions à ce sujet n'ont rien donné. Le syndicat Unia demande dans sa réaction que les négociations «soient enfin menées sérieusement à leur terme de sorte que les employé(e)s touchés par un licenciement puissent jouir de prestations sociales et d'indemnités de départ décentes». Pour venir en aide aux cas de rigueur parmi les licenciements que le groupe qualifie d'inévitables, Swissmetal a mis en place un fonds social alimenté par la fondation patronale de l'entreprise. «La société Hewitt Associates SA a été chargée de procéder rapidement et sans bureaucratie à des versements aux collaborateurs concernés à partir de ce fonds en appliquant des critères uniformes et objectifs», précise à ce sujet Swissmetal.Article précédent | Article suivant | Sommaire des articles Sur le même sujet :
Actualisé le 15.06.07 par webmaster
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