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Hellweg aurait la corde au cou
Hier, Solidarité Boillat a donc fait le point pour remettre l'église au milieu du village. Sur le plan financier, Swissmetal serait au bord du gouffre. A tel point que la banque qui lui accorde ses lignes de crédit aurait exigé la mise en nantissement de ses stocks. En clair, Swissmetal n'ose plus y toucher car ils servent de garantie pour l'achat de matières premières. «Voilà qui en dit long sur le degré de confiance que la banque accorde encore au management…», commente Jean-Guy Berberat. Ainsi donc, Martin Hellweg ne peut plus faire marcher la planche à billets que constituaient les stocks dont la vente, depuis deux ans, permettait au groupe de présenter des résultats acceptables. Tout au plus peut-il encore tenter de tromper son monde en réévaluant des stocks récupérés chez Avins, et encore. S'agissant de la situation dans l'usine de Reconvilier, Swissmetal prétend qu'elle s'est normalisée. Or, sous la houlette de cadres incompétents venus de l'extérieur et qui ne connaissent rien à ce qui faisait la spécificité de la Boillat, la production a fondu de moitié et se fait sur des produits standard à faible valeur ajoutée qui n'offrent qu'une très faible marge. Qui plus est, l'ambiance de travail est si déplorable qu'une partie du personnel serait prête à se remettre en grève, assure Solidarité Boillat. Celle-ci dénonce par ailleurs les mensonges que Swissmetal continue de propager à propos du site de Lüdenscheid, soit disant le plus performant du groupe. Une affirmation «cynique et mensongère». Cynique, parce que Hellweg a tout fait pour favoriser l'ex-Busch-Jäger au détriment de la Boillat; mensongère car Swissmetal mesure les performances en tonnes produites et non en valeur ajoutée. Et d'ajouter que si le but était d'amener le site de Lüdenscheid au niveau de celui de Reconvilier, c'est l'inverse qui s'est produit: «Sous la baguette de cadres allemands, la Boillat se rapproche de plus en plus de la médiocrité de Lüdenscheid.» Solidarité Boillat fustige par ailleurs l'incohérence du groupe. Alors qu'il prétend viser un leadership mondial dans les spécialités en alliages cuivreux, il a massacré le site de production de la Boillat qui répondait pourtant aux objectifs fixés, d'autant qu'il disposait d'un monopole de fait pour deux tiers de ses produits. Quant à l'annonce des 146 licenciements faite la semaine dernière, le groupe l'explique par la mise en route de sa nouvelle presse et la fermeture de la fonderie de Reconvilier. Or, rappelle Jean-Guy Berberat, la fonderie vétuste de Dornach n'est pas en mesure de produire les nombreux alliages spéciaux que la Boillat coulait dans sa fonderie moderne et performante. Pour lui, c'est plutôt le manque cruel de liquidités qui expliquerait les licenciements massifs destinés à réduire les coûts. Mais en taillant ainsi dans ses effectifs, le groupe va réduire d'un tiers sa capacité de production, alors même que la conjoncture est bonne. «C'est donc une totale aberration!» A moins que ce ne soit une gesticulation de plus pour soutenir le cours de l'action… Laxey a les cartes en mainLe CEO Martin Hellweg peut-il tenir longtemps encore les rênes du groupe? Pour Jean-Guy Berberat, tout dépend du principal actionnaire, le hedge fund Laxey. Ce genre d'investisseurs cherche avant tout à maximaliser ses profits. Si le titre Swissmetal devait vaciller, le groupe pourrait donc se retirer ou exiger le départ du CEO. S'il n'a pas encore bougé, c'est peut-être parce que cela pourrait être interprété comme un échec de Laxey, qui n'aurait pas pris la mesure de la déliquescence de Swissmetal. Avec le risque d'être sanctionné par les milieux boursiers.Article précédent | Article suivant | Sommaire des articles Sur le même sujet :
Actualisé le 03.10.07 par webmaster
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