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Mémorandun Swissmetal : mépris pour la région
Jouant au grand ethnologue, l'auteur se lance dans une explication surréaliste pour dévoiler ce qui a permis à ces forces externes d'instrumentaliser les employés de la Boillat en les poussant à la grève. Le brillant analyste semble toutefois oublier que les deux grèves ont été décidées spontanément par le personnel, pas par Unia, les politiciens ou autres. Qu'à cela ne tienne. Selon l'auteur, il y a dans la population du Jura bernois (et donc chez les employés) des caractéristiques particulières qui expliqueraient cette situation: un esprit d'une communauté très soudée, coincée entre le Jura, considéré comme un ennemi, et le canton de Berne, alémanique et dominateur. A cela s'ajoute «la grande religiosité de la région» qui influence fortement la vie sociale. Qui plus est, la région serait viscéralement méfiante envers tout ce qui vient de l'extérieur, surtout de l'espace linguistique germanophone. Et d'ajouter «l'identification incroyablement forte» des employés Boillat pour «leur» usine - que Swissmetal considère comme un défaut, alors qu'aux yeux de tous les observateurs, c'est une force qui explique aussi la constance de la qualité Boillat. Mais ce n'est pas tout: le pseudo-analyste évoque la croyance du personnel en l'autorité, «les gens étant habitués à une conduite militaire, tout le monde regardant dans la même direction et les déviationnistes étant sanctionnés». On croit rêver! Membre de Solidarité Boillat, Jean-Guy Berberat se dit consterné par une telle analyse, qui témoigne d'une incroyable méconnaissance et d'un profond mépris pour cette région et ses habitants. «Swissmetal cherche à faire passer les employés de la Boillat pour des moutons obéissant à une discipline militaire - sous entendu aux ordres de ceux qui ont poussé à la grève. Dans ce cas, la discipline que fait régner la hiérarchie à Reconvilier s'apparente à de la terreur policière, style gestapo!», assène-t-il. De plus, poursuit-il, prétendre qu'à la Boillat, les déviationnistes étaient sanctionnés, cela tient de ce qu'on appelle la projection en psychologie: Swissmetal impute à autrui ce que sa propre hiérarchie fait subir aujourd'hui à son personnel. Indépendance illusoire?Dans son document, Swissmetal concède que le succès de la Boillat tient à ses produits de haute qualité et de qualité inégalée et constante, mais il assure que contrairement aux affirmations des grévistes, le site de Reconvilier ne serait pas rentable en dehors du groupe. Il se garde toutefois bien d'en faire la démonstration. Et pour cause. Car dans ce même rapport, il admet qu'en juin 2004 (donc avant le refinancement de Swissmetal), un groupe composé de cadres de la Boillat, d'un client et d'un financier avait proposé de racheter l'usine de Reconvilier. De plus, au printemps 2006, lorsque la vente avait été évoquée dans le cadre de la médiation, Swissmetal avait reçu plusieurs offres très sérieuses. Le groupe admet d'ailleurs implicitement qu'une Boillat indépendante aurait été viable et même bien plus puisqu'«une vente aurait créé une concurrence directe aux deux autres sites du groupe». Plus loin, il concède même que la scission aurait clairement menacé les chances de survie du site de Dornach. Alors, pas viable, la Boillat?Article précédent | Article suivant | Sommaire des articles Documents à télécharger :
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Actualisé le 24.07.07 par webmaster
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