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Le combat de «la Boillat» se lézardeLes employés du site de Reconvilier repoussent le vote
Maria fut pourtant une gréviste convaincue en novembre 2004 et en février 2006. Elle a cru au combat pour la sauvegarde de l'outil de travail contre les velléités de démantèlement de sa direction, «sacrifiant ouvriers et savoir-faire pour faire du fric». Quatre mois après, elle est résignée. Et exaspérée par la chimère qui consiste à briser Martin Hellweg et sa stratégie défavorable à l'usine de Reconvilier. «Un racisme s'est développé contre ceux qui veulent travailler», confie-t-elle encore. Tension et confusion ont ainsi marqué la séance du personnel de Swissmetal Boillat, lundi, appelé à se prononcer sur les propositions formulées jeudi à Berne devant le médiateur Rolf Bloch par l'expert indépendant Jürg Müller et approuvées par la direction du groupe et le syndicat Unia. Il réclame le maintien d'un four à Reconvilier et la réembauche d'une cinquantaine de personnes licenciées. Nombre d'observateurs voient dans ce compromis une possible issue au conflit. Il n'y a pourtant pas eu de vote. Les meneurs de la lutte n'ont pas voulu être désavoués par les employés - majoritaires? - qui se sont fait une raison après la défaite de la grève. Pressentant les lézardes, Martin Hellweg a poussé la provocation jusqu'à envoyer ses principaux collaborateurs à la séance. Les jusqu'au-boutistes les ont exclus, sans autre forme de procès. Les syndicalistes d'Unia, accusés de trahison, ont eux aussi été éconduits. Les employés qui sont désormais disposés à faire contre mauvaise fortune bon cœur et à travailler n'ont pas apprécié. Nombreux ont quitté la séance, sachant qu'on les empêcherait de voter. «Quelle sale fin d'une lutte pourtant exemplaire, devenue suicidaire», lâchait un proche des ex-grévistes, en larmes, à l'issue de l'assemblée. Réclamant un sursaut d'ici à la semaine prochaine, lorsque sera convoquée une nouvelle assemblée: «Je prie pour que la raison l'emporte.» La raison consiste à ratifier les mesures de l'expert, proches de l'accord de novembre 2004 qui avait mis fin à la première grève et censées conserver 200 à 250 postes de travail. Un rejet précipiterait la fin de «la Boillat». «Refusant d'admettre qu'il a perdu, un quarteron de meneurs de la grève, déjà mis à la porte et qui n'a plus rien à perdre, rêve d'emporter l'ensemble de Swissmetal dans le chaos», constate un observateur pourtant supporter du combat «des Boillat». Article précédent | Article suivant | Sommaire des articles Ressources liées
Actualisé le 19.11.06 par webmaster
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