La Boillat au bord de l'asphyxie ?

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Le Courrier
Vendredi 31 mars 2006
Auteur : Luc-Olivier Erard
Le conflit est loin de s'apaiser. Alors que les métallos excluent de continuer à travailler avec Martin Hellweg, celui-ci annonce que son usine n'est pas à vendre.

«Swissmetal se dirige tout droit vers un suicide par orgueil et son directeur Martin Hellweg aura à s'en expliquer devant ses actionnaires». Tel est, en substance, le message qu'a fait passer hier Nicolas Wuillemin dans une conférence de presse réunissant le syndicat Unia et les représentants du personnel de la«Boillat» à Berne. De fait, c'est une situation kafkaïenne qu'ont décrit hier les ouvriers et leurs représentants syndicaux, qui ont répondu point par point aux allégations de la direction du groupe considérées comme mensongères.

Il y a quelques jours, Swissmetal indiquait dans un communiqué que 30% de sa clientèle avait tourné les talons suite à la grève. Faux, répond Pierre-Yves Emeri, vice-président des commissions du personnel: «Nous aurions du travail pour tout le personnel, y compris celui qui a été licencié, au moins jusqu'à l'été. Au mois de mars, les entrées de commandes de Reconvilier restent meilleures que celles du site de Dornach, malgré une production à quarante ou cinquante pour cent de nos capacités.»


Problème de qualité

Cette faible production est-elle une conséquence de la «grève perlée» dont parle Swissmetal? Là encore, les employés opposent un démenti extrêmement ferme. Pour Mario Grünenwald, président de la représentation des ouvriers: «Une seule de nos presses fonctionne, la révision de l'autre, interrompue pendant la grève, n'a toujours pas repris. De même, deux fours sont toujours arrêtés. «Mais il y a plus grave: les cadres qui en étaient chargés ayant été licenciés, plus aucun certificat de qualité ne peut être délivré». «En juin, un audit est prévu, et nous pourrions perdre à cette occasion notre certification ISO 9001: le conseil d'administration se rend-il compte de ce qu'il est en train de faire?», s'indigne quant à lui Pierre-Yves Emery.

Il explique aussi qu'une option, présentée par Martin Hellweg, est de maintenir jusqu'à deux cent emplois à Reconvilier pour faire essentiellement de la finition. Or, «si les produits utilisés viennent d'autres usines, il faudra un important travail de développement pour adapter nos machines et notre savoir-faire, mais tous les employés chargés du développement ont été licenciés».


Divergences à Dornach?


Pour la direction, l'avenir de la «Boillat» est au sein du groupe: «Aucune base ne justifiant la poursuite des négociations n'a été trouvée (...). Par conséquent, aucune négociation de vente n'aura lieu», a indiqué hier matin Swissmetal. Même au sein du conseil d'administration, l'ambiance ne semble pas au beau fixe: un de ses membres, Walter Häusermann, vient de démissionner, car «son avis diverge en ce qui concerne l'appréciation industrielle de l'avenir du site de Reconvilier», selon une information donnée par l'entreprise.

La situation de l'usine de Reconvilier semble donc n'avoir jamais été plus proche d'une réelle catastrophe: «Le temps presse, affirme Nicolas Wuillemin, car d'ici une à deux semaines, nous ne sortirons plus rien». Faute de matière première et de machines en état de marche, l'usine pourrait s'arrêter. «Nous voulons travailler mais nous en sommes empêchés par Swissmetal», a répété Nicolas Wuillemin.

Enfin, l'absence de diligence, dont aurait fait preuve Martin Hellweg à propos des 112 licenciements annoncés la semaine dernière, laisse songeur: «Swissmetal n'a jamais voulu explorer les possibilités offertes par la loi sur le chômage, (...) et a refusé toute proposition de reconversion professionnelle pour les 112 personnes qu'elle jette à la rue», affirme Fabienne Blanc-Kuhn, d'Unia. Elle a donc annoncé que le syndicat saisira le tribunal arbitral en raison de l'absence de plan social lié aux licenciements, de même que les tribunaux ordinaires pourraient être saisis pour contester les motifs et la forme des licenciements.

Par ailleurs, même si on ne voit plus guère sur quoi elle pourrait déboucher, les représentants du personnel ont annoncé leur volonté de poursuivre la médiation menée sous l'égide de Rolf Bloch
Actualisé le 19.11.06 par webmaster
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