La Boillat : on ne peut rien faire ?

Newsletter du 25 mars 2006

Chère sympathisantes, cher sympathisant,

L'argent donne-t-il tous les droits ? Le fait d'être propriétaire autorise-t-il tous les excès ? Si j'achète un chien, suis-je libre de le torturer sur la voie publique ? Probablement que non… Peut-on alors m'expliquer pourquoi les lois de notre pays protègent mieux un animal que 320 employés de la Boillat et leurs familles ?

Vous avez lu la presse, vous avez appris les 112 licenciements qui ont été rendus publics vendredi dernier. Comme moi, vous avez sans doute pris acte du fait que les lettres de licenciement ont été postées le jour même de la médiation. Mais quel est ce jeu de dupes ? De qui se moque-t-on ? Comment peut-on prétendre qu'il existe encore une médiation alors que la direction de Swissmetal démontre par ses actions qu'elle ne fait que jouer une triste comédie ? Quel est ce Conseil Fédéral qui tolère qu'on le bafoue de la sorte et que l'on tourne en ridicule la procédure menée par son émissaire ?

Monsieur Joseph Deiss prétend qu'il ne peut rien faire ? Serions-nous dirigés par de simples pantins ? Monsieur Deiss, si vous me faites l'honneur de me lire et que votre impuissance est à ce point, il vous reste une chose à faire pour préserver votre dignité : démissionner. Ou alors, serions-nous sous le joug d'une dictature ? Qu'on nous le dise !

À vous tous qui n'avez pas eu peur d'afficher publiquement votre soutien aux « Boillat », je réitère mon admiration et ma reconnaissance. Je profite également de l'occasion pour rectifier quelque peu les mensonges éhontés de Martin Hellweg qui ont été aveuglément retranscrits dans les médias pour justifier les 112 licenciements de vendredi.

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30% de clients en moins ? Baisse des commandes ?

Faux.
Le carnet de commandes du site de Reconvilier n'a jamais été aussi rempli. De source directe, je sais que les commandes ont même augmenté au mois de mars. Même sans licenciements et avec une usine tournant à plein régime, la Boillat a de quoi mettre les bouchées doubles jusqu'à l'été au moins. Amputé de 21 cadres et maintenant de 112 employés, ce fleuron industriel n'est tout simplement plus en mesure de servir ses clients fidèles dans des délais raisonnables.

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Baisse de productivité due à la mauvaise volonté des employés ?

Faux.
Ou alors que l'on m'explique comment une fonderie peut fonctionner lorsque la direction interdit le redémarrage des principaux fours et qu'elle emporte la matière première ? Comment produire avec des stocks vides ?

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Les licenciements prononcés vendredi sont purement et simplement des mesures de rétorsion. Martin Hellweg n'est pas un manager, c'est un preneur d'otages, ni plus, ni moins. Lorsque des voix s'élèvent devant sa stratégie aberrante, il supprime 21 cadres. On ne se plie toujours pas à sa volonté ? La négociation le contrarie ? Il supprime 112 employés.

Il est encore heureux que le terme « supprimer » ne face ici référence qu'aux postes de travail… si l'on ne fait rien pour enrayer la montée en puissance du pouvoir de l'argent, je crains que dans un avenir proche ce terme ne puisse prendre une signification beaucoup plus concrète, même dans notre pays.

Je ne suis pas un spécialiste industriel, mais une visite complète du site de Reconvilier m'a permis de constater une évidence criarde : Martin Hellweg et ses pairs sont des menteurs, des mystificateurs qui allient l'arrogance au mépris.

Si leurs agissements sont légaux, c'est que nos lois sont terriblement lacunaires. Il est de notre devoir de citoyens de veiller à ce que nos enfants ne soient plus à la merci de pareils truands.

Je conclus cette missive en vous remerciant encore de votre engagement dans ce conflit. Signer la déclaration, crier haut et fort son indignation, ce n'est pas rien.

J'ai invité le pasteur de Reconvilier, Marc Balz, à profiter de ce canal pour se faire le porte-parole de ses concitoyens. Malheureusement, son emploi du temps est plus que chargé en cette période de trouble. Je vous transmets donc de manière abrupte un extrait des quelques lignes qu'il a pris le temps de m'écrire :

« Invitez tous les signataires à
a) encourager leurs contacts à signer eux aussi la déclaration de soutien
b) mettre la main au porte-monnaie, car les besoins risquent d'être considérables. »

Sachez également que, pour choqués et outrés qu'ils soient, les « Boillat » n'en sont pas moins debout. Des actions sont en ce moment en discussion. Au nom des « Boillat », j'aurai très certainement l'occasion de faire bientôt appel à vous pour un nouveau rassemblement qui démontre à tous ceux qui ne peuvent « rien faire » que la coupe est pleine.

Dans l'immédiat, j'ai déjà le plaisir d'annoncer la présence d'une délégation de la Boillat au Bistr'OK-Rhino à Genève mercredi 29 mars à 19h00.

À vous tous qui considérez que la vie est faite pour être vécue et non simplement chiffrée,
à vous tous qui avez compris que l'humanité est née de la solidarité et non de la loi du plus fort,

j'adresse mes fraternels salutations et mon respect le plus profond.

Bien à vous,
Pierre-Yves Niederhauser
www.boillat.org
Actualisé le 12.06.06 par webmaster
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