A Reconvilier, on parle économie et travail, mais peu de politique

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Le Temps
Mardi 25 septembre 2007
Auteur : Serge Jubin
Immersion au cœur du lieu de toutes les discussions, la salle du Conseil communal de Reconvilier, en pleine séance.
Suivre la route qui traverse le village, bifurquer devant l'usine 1 désormais presque vide, se garer sur la place où se sont tenues les manifs durant la grève de «la Boillat». A Reconvilier, on s'oriente en fonction des usines Swissmetal. Tout s'y rapporte, l'espace, le temps, la discussion.

«Pourquoi Lidl veut venir chez nous?»

Derrière, le bâtiment communal. Carré, propre sur lui. Les couloirs sont étroits. Il faut se faufiler pour atteindre la salle du Conseil, au deuxième étage. Le lieu du pouvoir. Une salle sans apparat. Une grande table. En guise de sous-main, des calendriers, pour consacrer le pragmatisme en pays besogneux et protestant. «A Berne, ils planent. Ici, on travaille», lâche Heinz Siegrist, garagiste, conseiller communal UDC.

Ils sont sept à l'exécutif du village. Plus le secrétaire Pierre-Alain Némitz. Trois sont absents, l'agriculteur évangélique Tom Gerber arrive avec un peu de retard, travaux des champs obligent. Le conseil est le lieu où l'on parle de tout. Des affaires administratives, mais aussi de la vie du village, de son image, de ses soucis, de ses atouts. Le maire radical Flavio Torti, patron d'une entreprise de construction, tourne en ridicule les clichés dévalorisants. «On a l'eau potable et l'électricité. Et des atouts malheureusement méconnus. Pourquoi Lidl veut-il venir chez nous? Le Jura bernois est la première région du canton de Berne en termes de croissance.» L'économie, la croissance, les entreprises. La discussion se focalise sur les activités industrielles et commerciales. «Il faut soutenir ceux qui veulent faire quelque chose et supprimer les entraves», plaide Heinz Siegrist. «Ici, on peut travailler et vivre au même endroit», clame Tom Gerber, paraphrasant le slogan de Reconvilier: «Vivre et travailler, proche de la nature». «On a un problème», reprend l'élu UDC Henri Kneuss, qui dénonce au passage les «slogans simplistes»: «On n'est plus des campagnards, mais pas vraiment des urbains. On ne sait jamais comment nous définir.» «Nous sommes une région dynamique, qui a besoin d'une autoroute, rétorque Flavio Torti. On a l'impression qu'on a bloqué sa réalisation pour qu'on ne se développe pas trop.»

«Un jeu déconnecté»

Et la politique, la snoberait-on à Reconvilier? «Nous sommes des mécaniciens, dit Pierre-Alain Némitz. A Porrentruy, on formait des avocats, car il n'y avait pas beaucoup d'industries. Des bavards. Ici, on travaille, on produit et on s'occupe de ses affaires.» La politique, à Reconvilier, ce sont des relents de Question jurassienne. «C'est plus facile de se taper dessus entre nous que d'aller débattre en allemand à Berne», marmonne Heinz Siegrist. «Un patron de PME n'a pas le temps», déplore Flavio Torti. On regrette que le Jura bernois soit insuffisamment représenté aux Chambres. «De toute façon, tonne Henri Kneuss, on ne peut pas en attendre grand-chose. La politique, c'est un jeu. Déconnecté de la réalité.»


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