Le plan social est signé

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Le Journal du Jura
Jeudi 12 juillet 2007
Auteur : Philippe Oudot
Après de longs mois de négociations, Swissmetal, les commissions et les partenaires sociaux ont finalement bouclé le plan social destiné aux employés touchés par les licenciements annoncés.
Jean-Pierre Chapuis est satisfait. «Le plan social que nous avons obtenu pour les employés touchés par les licenciements n'est certes pas parfait, mais le résultat peut être qualifié de bon. On peut même parler de victoire. D'autant qu'il s'applique rétroactivement depuis le 1er mars et est valable jusqu'au 30 juin 2009.» En effet, rappelle le secrétaire syndical d'Unia pour la région Transjurane, les choses étaient fort mal emmanchées lorsqu'au début de l'année, les commissions de Reconvilier et Unia se sont joints aux négociations qui avaient déjà démarré l'été dernier entre le syndicat Employés suisses et les commissions de Dornach.

Concrètement, les collaborateurs qui perdront leur emploi vont toucher des indemnités en fonction de leur ancienneté. Celles-ci sont fixées à 500 fr. par année de service. Un employé licencié après 20 ans de maison recevra donc 10 000 fr. A cela s'ajoute une indemnité fixée en fonction de l'âge.

Ensuite, à partir de 63 ans, les employés pourront bénéficier d'une préretraite. Mais en lieu et place d'une véritable rente pont, ils toucheront une indemnité forfaitaire. Si les employés avec un bas revenu ne devraient pas être pénalisés financièrement, ce ne sera pas sans doute le cas des autres. Par ailleurs, à partir de 62 ans, les employés bénéficieront d'une protection absolue contre le licenciement.

Autre acquis du plan social: les personnes des secteurs non productifs qui se verront proposer un poste à la production conserveront leur salaire. Quant à celles qui seront déplacées sur un autre site, elles recevront une indemnité de 4000 fr. en cas de déménagement. Par ailleurs, si le bonus d'heures supplémentaires des employés licenciés sera bien évidemment payé, ceux qui auraient un solde négatif ne seront pas pénalisés.

Conformément à l'accord passé entre les partenaires sociaux, une commission paritaire sera mise sur pied pour s'assurer de la bonne exécution des dispositions du plan social. C'est elle qui tranchera en cas de divergence. Lorsque Swissmetal proposera à un employé un autre poste, la commission pourrait être appelée à dire si ledit poste peut être considéré comme équivalent ou non. Si c'est le cas et que l'employé refuse le nouvel emploi, il n'aura alors droit qu'à la moitié de l'indemnité prévue. «Reste à voir ce qu'on qualifie d'équivalent, car pour nous, il ne serait pas acceptable que Swissmetal envoie un employé de bureau travailler à la production derrière une machine», note Jean-Pierre Chapuis. Dans tous les cas, il a bon espoir de pouvoir encore réduire le nombre de licenciements à Reconvilier dans le cadre de la procédure de consultation conventionnelle, qui a été fixée à 30 jours et qui démarrera après les vacances.

En fin de compte, le syndicaliste se dit surpris en bien du résultat des négociations: «En voyant les positions de départ de Swissmetal, je pensais qu'on allait à la catastrophe. Il y a encore deux mois, le conseil d'administration refusait toute idée de retraite anticipée dès 63 ans ou de protection contre les licenciements. Mais de fil en aiguille, il s'est fait plus conciliant en comprenant que nous ne signerions jamais un plan bidon.»

Il estime que le plan social devrait coûter quelques millions à l'entreprise. Vrai? «Cela représente une dépense importante», admet Sam Furrer, responsable du développement et de la communication de Swissmetal, «mais je ne fais aucun commentaire à ce sujet».

Quant à la façon dont le groupe va financer le plan, notre interlocuteur indique que cela se fera notamment par le biais de la Fondation en faveur du personnel de l'usine Boillat. En effet, explique-t-il, l'usine de Reconvilier et de Dornach ne formant qu'une seule entité juridique, la fortune peut ainsi être utilisée pour financer le plan social.

Quelle mouche a donc piqué Swissmetal ?

Editorial de Philippe Oudot

Mieux vaut un tiens que deux tu l'auras. Surtout avec un «partenaire» aussi peu fiable que Swissmetal. Depuis le début du conflit de la Boillat, Hellweg & Co ont en effet démontré qu'ils étaient les maîtres de l'esquive et du coup de Jarnac. Qu'il s'agisse du respect du Protocole d'accord de 2004, du licenciement des 112 collaborateurs à l'ouverture de la médiation, ou encore de l'application - promise mais jamais réalisée - des recommandations de l'expert Jürg Müller. Pas étonnant qu'hier, après de longs mois de négociations, les syndicats Unia et Employés suisses se soient dits plutôt satisfaits du plan social enfin sous toit. Un plan certes pas parfait, mais qualifié de «plutôt bon» par un des syndicalistes qui l'a négocié. D'autant que jusque-là, le groupe n'avait jamais fait le moindre cadeau.

Dans ce contexte, on peut légitimement se demander quelle mouche a bien pu piquer le conseil d'administration pour qu'il se montre tout à coup aussi «généreux», alors que le groupe est financièrement aux abois. Où va-t-il donc bien trouver les quelque deux millions nécessaires à un tel plan?

Inutile de chercher midi à 14 heures: en son temps, les patrons de la Boillat avaient créé une fondation patronale qui, selon ses statuts, était destinée à fournir des prestations de secours aux salariés et aux retraités Boillat. A fin 2006, Swissmetal s'en était déjà servi pour financer le fameux «fonds social pour les cas de rigueur» mis sur pied en lieu et place d'un plan social pour les Boillats licenciés dans la foulée de la grève. Cette fois encore, c'est bel et bien cette fondation patronale qui devrait payer tout ou partie du plan social, comme l'a indiqué sans ambages au JdJ Sam Furrer, responsable de la communication. Reste à savoir s'il peut le faire aussi pour les employés de Dornach. Apparemment oui, selon Sam Furrer, les deux usines ne formant qu'une seule et même entité. Vraiment?


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