Nouvelle Boillat | L'association fourbit ses armes

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Le Journal du Jura
Mardi 8 mai 2007
Auteur : Philippe Oudot
Créée en 2006 pour alerter les actionnaires de Swissmetal, la Nouvelle Boillat ne baisse pas les bras. Hier, ses membres se sont retrouvés pour définir leur stratégie d'intervention en vue de l'assemblée générale des actionnaires du groupe.
Le 16 mai prochain, une délégation de l'Association Nouvelle Boillat (voir «La voix au chapitre» ci-dessous) a bien l'intention de jouer la mouche du coche lors de l'assemblée générale des actionnaires du groupe Swissmetal, à Dornach. Une vingtaine de ses membres se sont réunis hier soir à Reconvilier en assemblée générale, afin de préparer le plan de bataille.

Président de l'association, Paul Sonderegger a rappelé que si la Nouvelle Boillat n'avait pas pesé lourd l'an dernier en termes de vote lors de l'assemblée des actionnaires (ses propositions n'avaient recueilli qu'entre 0,1 et 2%), elle avait néanmoins réussi à déstabiliser le conseil d'administration. A tel point qu'il avait dû faire une interruption de séance pour pouvoir répondre aux interventions très pertinentes des membres de la Nouvelle Boillat.

Hier soir, Paul Sonderegger a constaté que la situation du groupe est toujours aussi catastrophique. «Les questions sont si nombreuses que l'assemblée durerait encore plus longtemps que l'an dernier si on les posait toutes. Nous allons donc nous concentrer sur l'essentiel.»

Par exemple, sur la propagande du groupe qui dit vouloir être un leader mondial en matière de spécialités, alors que sa stratégie va exactement à fin contraire. Et de prendre l'exemple de l'alliage CN8, présenté comme le produit d'avenir, mais que le groupe est désormais incapable de produire correctement et dont l'homologation nécessitera encore bien quelques années, faute d'un département Recherche et Développement ad hoc comme il existait à la Boillat avant la grève.

Le comité de l'association a aussi épouillé le rapport annuel. Au vu de ce qu'il y a trouvé, il a bien l'intention de poser des questions dérangeantes sur les résultats, et en particulier sur la dilapidation de patrimoine que représente la vente de métaux, a souligné le caissier Jean-Guy Berberat. Une vente aux conséquences totalement catastrophiques, a quant à lui rappelé un membre: «La moitié des machines ne tournent pas. Et sur celles qui fonctionnent, le manque de matière est tel que les opérateurs doivent régulièrement les arrêter, faute d'approvisionnement régulier!»

Les membres qui participeront à l'assemblée vont également cuisiner le conseil d'administration sur le nouveau système de bonus et les rémunérations des membres du conseil d'administration. Notamment celles du CEO [Martin Hellweg, qui ont passé de 550 000 fr. en 2005, à près de 770 000 fr. l'an dernier, alors que le groupe se porte mal. Preuve en est la misérable valeur ajoutée brute (VAB) de 118 mios engrangée, alors que le conseil d'administration l'avait budgétée à 135 mios.

Autre signe de sa mauvaise santé: l'endettement du groupe, qui a bondi de 129% en un an, passant de 40 à plus de 90 mios, a rappelé le caissier. Et comme l'a souligné Paul Sonderegger, l'augmentation des coûts de préfinancement des commandes due à la flambée du cours des matières premières n'explique de loin pas tout.

Par ailleurs, la Nouvelle Boillat va aussi mettre le conseil d'administration sur le gril à propos de sa volonté de développer ses activités commerciales. «En fait, la seule chose que les managers veulent vraiment vendre, c'est le groupe lui-même!», a asséné Jean-Guy Berberat. En tout cas, la Nouvelle Boillat va proposer aux actionnaires de refuser le rapport annuel, les comptes, ainsi que la décharge au conseil d'administration.

La voix au chapitre

La Nouvelle Boillat a été créée au printemps 2006 après la grève, alors que les discussions entre Swissmetal et le personnel de Reconvilier étaient dans l'impasse. Objectif: informer les actionnaires de Swissmetal à propos de la stratégie catastrophique du management qui menaçait la pérennité de la Boillat, le site le plus profitable du groupe. Sachant que seuls les actionnaires ont voix au chapitre à l'assemblée générale, mais aussi que l'achat d'un petit nombre d'actions a un coût élevé, le groupe de travail avait alors créé la Nouvelle Boillat. Fixée à 30 fr. par an, la cotisation donne droit à une action. En quelques jours, 223 personnes adhéraient à l'association, souscrivant plus de 1600 actions. Au final, une cinquantaine de membres de la Nouvelle Boillat avaient pris part à l'assemblée générale de Swissmetal, le 30 juin dernier, à Berne.



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