Indifférence à la «Boillat»

Le «dernier coup» de la direction ne rallumera pas les tisons.

Source et copyright :
Le Temps
Jeudi 7 décembre 2006
Auteur : Yves Genier
«Ce n'est qu'un «coup» de plus de la direction.» L'annonce faite par Swissmetal de réclamer des dommages et intérêts pour 5 à 10 millions de francs au syndicat Unia ne génère qu'indifférence et mépris à la «Boillat» à Reconvilier. Même plus de colère ou d'indignation. Et, surtout, aucune envie de réagir. Il faut insister pour obtenir quelque appréciation, sous le sceau de la confidence, «car règne ici le régime de la terreur».

«Ce n'est pas le syndicat qui a déclenché la grève. Il avait été exclu de la séance du 25 janvier 2006», rappelle un employé depuis lors licencié. Et de rappeler qu'Unia n'avait fait qu'indemniser et accompagner les grévistes, «et plutôt mal, au point de nous trahir». Le 28 février, lors du vote de la suspension de la grève sur pression du syndicat, de nombreux employés en avaient voulu à Unia d'avoir cédé, se satisfaisant de l'aléatoire médiation de Rolf Bloch. Renzo Ambrosetti avait été conspué en juin lors d'une séance à Reconvilier.

Marasme toujours de mise

«Deux grèves, dix jours en 2004 et un mois au début de cette année, ne nous ont rien amené. Nous sommes vaccinés», ironise un ancien du mouvement lorsqu'on lui demande si les exigences de Swissmetal sont de nature à rallumer les tisons de la grève. Surtout que le marasme est toujours de mise à Reconvilier. Des machines ont été emmenées, la production fonctionne à régime réduit.

En plus des cadres licenciés et de la charrette de 112 personnes - certaines ont toutefois été réembauchées - d'autres employés, souvent les plus qualifiés, s'en sont allés. «Ceux qui restent, parmi les anciens, sont fatigués, résignés et démotivés», constate Maria Wuillemin, l'épouse du leader des grévistes, Nicolas Wuillemin, lui aussi licencié, qui s'exprimait le 17 novembre lors d'une soupe populaire marquant les deux ans du déclenchement de la première grève.

Si «personne n'a rien à dire ici», comme le fait remarquer un employé, subsiste toutefois un héritage de la grève: les spéculations. Pourquoi Swissmetal réclame-t-il 10 millions à Unia? «Après nous avoir humiliés, Martin Hellweg veut briser le syndicat.» D'autres l'imaginent faire joujou avec la paix du travail, faire pression sur le Tribunal arbitral qui doit statuer sur l'affectation du fonds social, ou simplement contre-attaquer aux demandes de dédommagements de personnes licenciées.

Mais la plupart des employés de Swissmetal Boillat n'ont pas d'états d'âme, n'espérant rien d'autre que de conserver leur poste de travail.


Article précédent | Article suivant | Sommaire des articles

Sur le même sujet

Actualisé le 07.12.06 par webmaster
Haut de la page | Page précédente | 'Imprimer la page dans un format adapté à l'imprimante