Résultats du 1er trimestre 2008 : la faute à la nouvelle presse

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Le Journal du Jura
Mardi 20 mai 2008
Auteur : Philippe Oudot
Baisse de 21% du chiffre d’affaires, de 15% pour la valeur ajoutée brute, perte de 300 000 fr.: les résultats du 1er trimestre 2008 sont très décevants. Swissmetal les explique notamment en raison des difficultés liées à la mise en service de la nouvelle presse.
Martin Hellweg a le sens de la formule: quand un restaurateur s’équipe d’une nouvelle cuisine, il ferme son établissement, le temps de l’installer. La nouvelle cuisine de Swissmetal, c’est sa presse à extrusion. Mais «nous ne pouvons pas nous permettre ce luxe. Nos clients ne peuvent pas renoncer à nos produits sur une si longue période», explique-t-il dans la lettre adressée hier aux actionnaires, clients et partenaires.

Or, si elle a été inaugurée en janvier dernier, la nouvelle presse est encore loin d’être pleinement opérationnelle. Dans son rapport du 1er trimestre 2008, le groupe l’avoue d’ailleurs sans ambages: «Swissmetal a été confrontée à d’importantes difficultés inattendues.» «Des maladies infantiles», précise Martin Hellweg.

Pour y faire face, le groupe a introduit temporairement une production en continu, 7 jours sur 7 et 24 heures sur 24 sur son site de Dornach. Mais ces difficultés ont malgré tout entraîné de gros retards, une baisse de la production, et donc des ventes. Le chiffre d’affaires s’est ainsi effondré de 21% (24,7 mios), reculant de 116,4 à 91,7 mios. A noter que le chiffre d’affaires réalisé en vendant des produits de tiers n’a pratiquement pas progressé, stagnant à 6,26 mios de francs, soit une modeste hausse de 2%.

Dans ce contexte, la mise hors service des deux presses de Reconvilier, à fin 2007, n’était-elle pas une erreur? «Non, assure Sam Furrer, porte-parole de Swissmetal, pour deux raisons. Tout d’abord, nous avons choisi de mener cette restructuration d’un seul coup, car une réalisation par étapes est beaucoup plus difficile. De plus, il nous fallait arrêter ces presses pour pouvoir faire les transformations permettant le transfert des activités de l’usine 2 dans la 1.» Et d’ajouter que les difficultés rencontrées avec la nouvelle presse sont certes inattendues, mais surmontables.

Si Swissmetal a vu son chiffre d’affaires plonger de 21%, Sam Furrer constate néanmoins que le groupe a pu atténuer ce recul grâce à son programme de réduction des stocks («optimisation», selon Swissmetal). La marge brute a certes reculé de 12%, à 34,3 mios, mais sans ces ventes de métaux, elle aurait à peine dépassé les 30 mios. Quant à la valeur ajoutée brute (VAB, soit le chiffre d’affaires brut moins la valeur du métal au coût standard), elle a reculé de 15%, à 29,1 mios (34,3 mios au 1er trimestre 2007).

S’agissant du chiffre d’affaires des différents secteurs, celui des connecteurs, de l’horlogerie et du décolletage a augmenté, alors que celui des instruments d’écriture et du secteur de l’industrie des transports accusait une forte baisse. Une baisse que Swissmetal explique en raison du prix du nickel pour le premier, et en raison des prix de l’énergie pour le second. Mais Sam Furrer admet que la bonne tenue des produits de décolletage, des connecteurs et des montres est aussi due au fait que ces produits sont pressés sur les anciennes presses de Dornach ou à Lüdenscheid, et pas – encore – sur la nouvelle presse.

Le résultat opérationnel a quant à lui plongé de 33%, à 1,95 mio (2,9 mios pour la même période de 2007). Quant au résultat après impôts, il affiche une perte nette de près de 300 000 fr., contre 1,16 mio de bénéfice l’an passé.

Malgré ces résultats médiocres – que Swissmetal qualifie de «en demi-teinte» – dus aux problèmes de jeunesse de la nouvelle presse, Sam Furrer se dit néanmoins confiant en l’avenir. La preuve? Les entrées de commandes ont progressé de 2,8% jusqu’à fin mars, à 38,1 mios. Il constate également que la réduction de personnel (l’effectif a passé de 843 à 690 personnes entre fin mars 2007 et 2008) a permis de baisser de 4 mios les charges de personnel (17,1 mios, contre 21,1 mios au 1er trimestre 2007). Désormais, elles représentent 50% de la marge brute (54% en 2007). En revanche, les charges d’exploitation ont passé de 10,5 à 11,8 mios. «C’est dû notamment aux outils pour la nouvelle presse, à l’introduction du système SAP chez Avins, ainsi qu’à l’externalisation des coûts indirects comme la maintenance», explique Sam Furrer.

Il y a encore une autre raison d’être optimiste, poursuit-il: le projet SolarTiles (tuiles solaires) se trouve actuellement en phase de développement industriel «et possède un énorme potentiel de croissance. L’intégration de ce système avec des pompes à chaleur offre de très intéressantes perspectives, surtout à l’heure où les coûts du mazout sont très élevés. Aujourd’hui, beaucoup de gens cherchent des solutions alternatives en matière de chauffage. Ces tuiles offrent une solution très intéressante!»

Yvonne Simonis passe la main

Directrice des finances depuis 2004, Yvonne Simonis quittera Swissmetal à fin juin, «de sa propre initiative», précise le groupe. Selon le communiqué publié hier, elle a joué «un rôle crucial» dans le refinancement du groupe en 2004, et dans plusieurs acquisitions. C’est également elle qui a introduit le système de refinancement introduit l’an dernier par la mise en gage des stocks de métaux.

Elle sera remplacée dès le 1er octobre par Joachim Blatter, ressortissant allemand, actuel directeur général de Alcan Holdings, en Allemagne. C’est Martin Hellweg qui assurera l’intérim.


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Actualisé le 21.05.08 par webmaster
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