Quand le stock de cuivreux sert de garantie bancaire...

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Le Journal du Jura
Mardi 30 octobre 2007
Auteur : Philippe Oudot
Swissmetal dit avoir mis au point une forme de financement «nouvelle et innovante». En réalité, le groupe a dû mettre son stock en gage pour que sa banque - la société belge Fortis - continue de lui prêter de l'argent.
«Un nouvel écran de fumée.» C'est par ce verdict sans appel qu'A. B. (nom connu de la rédaction), membre de l'association Nouvelle Boillat, qualifie le dernier communiqué de Swissmetal. La semaine passée, le groupe a en effet annoncé avoir «mis au point et appliqué, en coopération avec la Banque Fortis, une solution de financement nouvelle et innovante pour la Suisse».

Concrètement, Swissmetal qui, jusque-là, avait toujours refusé de révéler le nom de sa banque, expliquait que le financement prévoit «des modes flexibles dont les montants s'adaptent de façon flexible aux stocks de métaux qui servent de garantie».

Pour justifier la raison de cette innovation, Swissmetal évoquait «les besoins de financement très fluctuants du groupe concernant des stocks de métaux». Il rappelait dans la foulée que ces stocks, à la fin du 1er semestre 2007, représentaient en Suisse une valeur marchande de 90 mios de francs. Un montant destiné à montrer que le groupe a les reins solides et détient un solide bas de laine sous forme de stocks.

Mais loin de prendre pour argent comptant les arguments lénifiants et pour le moins nébuleux de Swissmetal, A. B. constate que la situation financière du groupe est fort différente que celle qu'il présente. En réalité, «cela signifie tout simplement que le groupe n'est plus que virtuellement propriétaire de son propre stock puisque celui-ci est mis en gage pour pouvoir continuer d'obtenir des crédits. Cela démontre en tout cas que la banque n'accorde plus la moindre confiance à son client», assène notre interlocuteur.

Par ce montage financier, la banque se prémunit ainsi des risques de faillite de son client, car le cas échéant, c'est elle qui deviendrait propriétaire du stock.

C'est aussi l'opinion d'un analyste financier (nom connu de la rédaction) contacté par la Nouvelle Boillat. Il explique que ce type de crédit sur marchandises est en fait une forme de nantissement - ce qui implique que le prêteur doit être en possession de la garantie. En l'occurrence, c'est un tiers, mandaté par la banque, qui est chargé de contrôler les stocks et éviter que le client puisse les gager plusieurs fois ou en vendre une partie à l'insu de la banque créancière.

Dans le cas présent, il s'agit de la société belge SA Warrant NV, spécialisée dans ce genre d'opération. C'est donc elle qui détient les marchandises en stock en sa qualité de tiers-détenteur. A Reconvilier comme à Dornach, des affichettes placardées à l'entrée des stocks signalent ainsi que ceux-ci ont bel et bien été mis en gage et qu'ils sont détenus par la SA Warrant NV.

Responsable administratif de cette dernière, Patrick Davin confirme: SA Warrant NV est effectivement le détenteur des stocks et agit dans le cadre du montage financier établi entre la banque Fortis et Swissmetal. Si le groupe devait être en cessation de paiement, il serait alors dépossédé de son stock par le biais de SA Warrant NV en faveur de la banque.

L'analyste financier cité plus haut constate en tout cas que c'est une fort mauvaise nouvelle pour les actionnaires, car elle démontre que Swissmetal doit donner toujours plus de garanties à ses créanciers. Et en cas de faillite, le stock qui serait vendu servirait en premier lieu à rembourser les créanciers gagistes.


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Portraits :

Banque Fortis
SA Warrant NE
Association Nouvelle Boillat

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Actualisé le 30.10.07 par webmaster
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