Un fameux coup de théâtre sur l'aire de la Boillat

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Le Journal du Jura
Lundi 16 juillet 2007
Auteur : Rose-Mary Voiblet
Après une première d'envergure à Moutier lors de l'ouverture de Stand'été, Moby Dick achevait sa tournée dimanche soir à Reconvilier. Un beau moment de détente avant de prendre le grand large.
Sur cette place-là, les gens de la région en ont connu de toutes les couleurs. Prude parking au quotidien, rugissante et joyeuse de manèges lors de la foire de Chaindon, la place Bellevue noire de monde se muait en cafardeux siège de la contestation et de la justice lors des grèves de la Boillat.

Sa petite dernière restera celle du 21 juin où, couverte d'eau boueuse, elle se la joua «mare aux canards de Swissmetal». Choisie dimanche comme scène de théâtre, avec «Moby Dick», la place retrouvait quelque part son esprit de subtile pertinence.

Quel plus bel endroit vraiment pour dénoncer par le jeu des arts, la nature tyrannique et l'obsession de vengeance d'un capitaine Achad face à l'obéissance sincère mais aveugle de tout un équipage? Le ton était donné, libre cours était laissé à l'esprit de vagabonder. Malheureusement, le vrai premier dimanche d'été et les départs en vacances auront eu raison du cétacé. Retranchée à l'ombre du maigre toit de l'abri à vélos, seule une cinquantaine de spectateurs ont pris part aux débats. Quelques costauds stoïques ou babas se la risquaient ici et là, sitting in the sun.

Invitée par les Femmes en colère, la Compagnie de la Dérive offrait gracieusement son dernier spectacle pour marquer son soutien aux employés licenciés ou non de la Boillat. Un geste qui, en ces temps d'insécurité toujours et encore totale, fut apprécié à sa juste valeur par bon nombre d'anciens concernés. Mise en scène par Germain Meyer, homme de théâtre engagé, la pièce jouée est en fait une prestigieuse adaptation du roman d'Hermann Melville publié en 1851.

Toujours d'actualité, l'histoire retrace une aventure humaine qui, non seulement fait face aux déchaînements des éléments maritimes, mais interroge simultanément ce qui pousse les êtres humains à épouser la forme d'un supposé destin.

Un destin en l'occurrence scénique, qui encouragera peut-être l'un ou l'autre artiste de cette équipe de jeunes amateurs à poursuivre plus avant dans le théâtre, la danse ou le chant, voire dans la manipulation de marionnettes. Mais ceci est une autre affaire.

Sans revenir sur la générosité et la grandeur de ce spectacle de figures animées géantes, qui à l'issue de ses huit précédentes représentations a déjà fait couler beaucoup d'encre dorée, on retiendra l'originalité de la démarche. Et si dans la foulée chaque intervenant professionnel ou non a droit à son lot de compliments, on n'oubliera pas d'applaudir à tout rompre aussi les nombreux créateurs, concepteurs de décors et travailleurs de l'ombre.


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Portrait des Femmes en colère
Spectacle de Moby Dick à Reconvilier {dév.}
Actualisé le 16.07.07 par webmaster
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