Swissmetal | Le climat entre direction, commissions et syndicat reste tendu

De nombreux points en suspens

Source et copyright :
Le Journal du Jura
Mardi 30 janvier 2007
Auteur : Philippe Oudot
Une année après le début de la grève à la Boillat, les différends entre la direction, le personnel et Unia restent nombreux: directeur de site, d'un président du tribunal arbitral, heures non payées, etc.
Après la réfection des fours de la fonderie à Reconvilier, la production a repris tant bien que mal. Mais une année après le début de la grève, il n'y a plus grand monde, à la Boillat, qui ait encore vraiment le cœur à l'ouvrage. «Difficile en effet d'être motivé quand on voit comment la direction tient ses promesses», relève, amer, un employé de l'usine.

Car depuis la fin du conflit, les employés n'ont cessé d'avaler des couleuvres. A commencer par le non-paiement d'une quarantaine d'heures, juste après la suspension de la grève. Alors que la direction avait promis que le personnel serait payé sitôt la fin de la grève, elle a retenu sur les salaires le paiement d'une quarantaine d'heures, prétextant que la production n'avait pas pu reprendre comme prévu. En fait, c'est la direction qui avait empêché la reprise immédiate du travail en imposant un inventaire - alors qu'il avait été effectué quelques mois plus tôt. «Nous aurions pu commencer le travail immédiatement, comme nous l'avions fait après la grève de novembre 2004!», tempête un employé.

Des recommandations restées lettre morte

Autre point de friction: les promesses de Swissmetal affirmant vouloir mettre en œuvre les propositions de l'expert industriel Jürg Müller. Après la rupture de la médiation décidée de manière unilatérale par le conseil d'administration, celui-ci s'était en effet publiquement engagé à appliquer ces propositions. L'expert recommandait notamment de réengager un maximum des 111 employés licenciés, ainsi que d'anciens cadres. Or, il n'y a eu qu'une cinquantaine de réengagements - alors que, dans le même temps, d'autres collaborateurs ont encore été licenciés.

Jürg Müller avait aussi invité Swissmetal à désigner au plus vite un directeur d'usine - ou au moins un chef d'usine. Or, presque huit mois plus tard, la Boillat n'a toujours pas de directeur. «Nous avons un responsable par intérim, et nous sommes toujours à la recherche d'un chef du finishing», indique Sam Furrer, responsable de la communication. En clair: le nouveau venu n'aura pas les compétences d'un directeur de site. Quant à l'avenir de la Boillat, l'expert avait instamment recommandé de maintenir la fonderie à Reconvilier «pour les prochaines années». Or, la stratégie de Swissmetal prévoit la fin des activités de fonderie d'ici à fin 2008.

On cherche un président

S'agissant des collaborateurs licenciés l'an dernier, Swissmetal avait refusé toute idée de plan social, ce qui avait poussé le syndicat Unia et les commissions à saisir le tribunal arbitral, conformément aux dispositions de la CCT. Or, sur ce point également, la situation reste bloquée. «En octobre dernier, nous avions remis à l'association faîtière Swissmem notre proposition pour la personnalité appelée à présider ce tribunal. Or, depuis, nous n'avons reçu aucune nouvelle», dénonce Bruno Schmucki, porte-parole d'Unia.

Si Swissmetal avait catégoriquement refusé de mettre sur pied un plan social, la direction avait finalement décidé de créer un «fonds social pour soulager les cas de rigueur». Un fonds doté d'un montant de 200 000 fr. non pas financé par le groupe, mais par la Fondation patronale en faveur du personnel de l'usine de Reconvilier. Swissmetal avait défini des critères très restrictifs pour les ayants droit.

En novembre dernier, Swissmetal avait informé une partie des 111 personnes licenciées - celles susceptibles de recevoir une aide - qu'elles devaient en faire la demande auprès de la société spécialisée Hewitt Associates SA, mandatée pour administrer le fonds, et cela jusqu'à fin décembre. Hier, Sam Furrer nous a confirmé qu'une douzaine de personnes remplissaient les critères, et que les versements avaient déjà commencé.

Par ailleurs, les partenaires sociaux ont entamé des négociations avec Swissmetal portant sur la mise en place d'un plan social pour le futur. Il devrait être destiné aux collaborateurs de Swissmetal - autant à Dornach qu'à Reconvilier - qui pourraient être touchés par la mise en œuvre de la stratégie du groupe. A savoir la concentration des activités de transformation à chaud sur le site de Dornach. Sam Furrer confirme l'existence de telles discussions, mais refuse d'en dire davantage du fait qu'elles sont en cours.

Quant à la plainte déposée en décembre dernier par Swissmetal contre Unia, elle est toujours suspendue. On se souvent que le groupe réclamait au syndicat des dommages et intérêts se montant à plusieurs millions de francs. Selon Sam Furrer, cette suspension n'est que provisoire et Swissmetal entend bien faire passer le syndicat à la caisse et clarifier la légalité des grèves dans le cadre de la paix du travail.


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