Premier anniversaire de la deuxième grève

Entre résignation et colère

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AWP / ATS
Mardi 23 janvier 2007
Une année après le déclenchement de la 2e grève à l'usine Swissmetal Boillat à Reconvilier (BE), les ouvriers sont partagés entre résignation et colère. Ils craignent toujours un démantèlement du site malgré les assurances de la direction.
Le 25 janvier 2006, le personnel de l'usine acceptait à une très large majorité d'observer la grève pour dénoncer la politique menée par le groupe métallurgique soleurois. Il exigeait aussi le respect du protocole d'accord qui avait mis fin à la 1ère grève de dix jours en novembre 2004.

Ce mouvement de lutte, l'un des plus durs et des plus longs que la Suisse a connu, s'achèvera 30 jours plus tard. Et c'est la mort dans l'âme que les ouvriers reprendront leur travail. La médiation menée ensuite sous l'égide de Rolf Bloch ne permettra jamais de rapprocher les fronts ni même d'instaurer un véritable dialogue.

"Aujourd'hui les gens attendent la fin", estime l'ancien fer de lance du mouvement de lutte Nicolas Wuillemin. Malgré un sentiment d'impuissance, M. Wuillemin souligne qu'une partie des ouvriers du site de Reconvilier n'entendent pas baisser les bras. "Il y a des poches de résistance".

L'ancien gréviste au chômage songe aux commissions d'entreprise qui interpellent inlassablement le directeur général Martin Hellweg sur les conditions de travail et les promesses non réalisées. "Nos moyens de lutte sont limités et nous n'avons pas réussi à nous opposer à la stratégie de Swissmetal", explique-t-il à l'ATS.

Une partie du personnel s'est aussi détournée de la lutte et n'a pour seule motivation que le salaire versé à la fin du mois. Moins concernés par le sort de l'usine emblématique du Jura bernois, des frontaliers et des travailleurs intérimaires ont remplacé certains des ouvriers licenciés.

"Tout n'est pas rentré dans l'ordre à la Boillat comme l'affirme la direction", relève M. Wuillemin. Et l'ancien leader de la grève d'affirmer dans la foulée que l'usine n'est plus rentable, que des clients s'adressent à d'autres fournisseurs, que l'encadrement est insuffisant et que l'outil de production tourne au ralenti.

Ces propos sont démentis par la direction. "La productivité sur le site de Reconvilier a presque retrouvé le niveau normal d'avant la grève", affirme le porte-parole de Swissmetal, Sam Furrer. Le groupe métallurgique y a enregistré de "bons" progrès depuis l'été 2006 "jusqu'à présent".

La direction affirme également que le climat au sein de l'usine s'est amélioré. "Le taux d'absentéisme s'est normalisé", souligne aussi Sam Furrer, qui précise que Swissmetal cherche à repourvoir des postes de cadres et de spécialistes. Le site de Reconvilier occupe 240 personnes contre quelque 320 avant la 2e grève.

Le groupe Swissmetal veut poursuivre sa stratégie qui prévoit de "gros investissements" sur ses trois sites, Reconvilier, Dornach et Lüdenscheid (D). "Mais l'installation de machines plus performantes signifie aussi une diminution des effectifs sur ces trois sites", note M. Furrer.

M. Wuillemin n'est d'ailleurs pas le seul à craindre de nouveaux licenciements. "On attend que tout s'écroule", relève une ouvrière. "On crève à petit feu avec l'impression d'être abandonnés. "C'est très dur psychologiquement". Mais une 3e grève paraît aujourd'hui bien improbable à la Boillat.

L'ampleur du mouvement de solidarité pourra une nouvelle fois se mesurer jeudi à l'occasion de la commémoration du déclenchement de cette grève. Organisatrice de la manifestation, l'association des "Femmes en colère" répète que la "Boillat ne va pas bien".

Cette association issue du conflit dénonce la "mascarade" de la direction de Swissmetal. "La solidarité suscitée par ce conflit à nul autre pareil est la force du mouvement", écrit-t-elle dans un communiqué.


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