La Boillat | Lettre des commissions envoyée au CEO de Swissmetal Martin Hellweg

«Un minimum de respect»

Source et copyright :
Le Journal du Jura
Samedi 23 décembre 2006
Auteur : Philippe Oudot
Avant de rencontrer la direction, mercredi, les commissions ont écrit à Martin Hellweg une lettre au ton très sec pour l'informer de leur insatisfaction. Elles dénoncent le manque de reconnaissance envers le personnel.
Chez Swissmetal, le management tient des discours qui n'ont rien à voir avec la réalité. C'est pour dénoncer cette hypocrisie que les commissions ont envoyé, la semaine dernière, une lettre adressée personnellement à Martin Hellweg. Une démarche peu appréciée par Volker Suchordt (No 2 de Swissmetal) et Laura Rossini (cheffe du personnel), qui rencontraient les commissions ce mercredi...

Dans leur missive, affichée jeudi dans l'usine, les commissions soulignent que «si nous réclamons, ce n'est pas pour détruire l'entreprise, mais bien pour la faire progresser». Elles jugent leur engagement bien mal récompensé, comme en témoignent plusieurs dossiers très délicats: fermeture de La Lingotière; refus de payer les heures déduites à la fin de la grève; négociations salariales; nomination d'un directeur de site; non-respect de prescriptions de sécurité. «D'un côté, vous dites à qui veut l'entendre qu'il faut se tourner vers l'avenir et que vous désirez renouer le dialogue social. (...) Nous sommes bien obligés de constater que la réalité est tout autre!»

Les commissions soulignent que les Boillats ont été choqués à la lecture d'un reportage publié dans le journal d'entreprise Swissmetal Info. Il traite d'un séminaire d'information pour les cadres, tenu en Allemagne. Elles dénoncent des dépenses fastueuses - «sans doute plus élevées qu'une année d'exploitation de La Lingotière» que Swissmetal a fermée sous prétexte de coûts prétendus trop élevés. L'étalage de tout ce luxe et de ces fastes tient de la provocation, affirment-elles.

Revenant sur les chiffres publiés au 3e trimestre, les commissions relèvent que la direction et les cadres répètent sans cesse qu'il faut laisser le passé de côté et tout faire «pour remettre la Boillat sur de bons rails». Or, dénoncent-elles, Martin Hellweg brandit toujours la grève comme excuse pour justifier ce qui ne tourne pas rond. «Un peu d'autocritique et d'humilité ne feraient certainement pas de mal. (...) Il n'y a pas que des profiteurs, des pseudo-malades et des cas sociaux à la Boillat. (...) Les gens veulent travailler et demandent qu'on leur en donne les moyens. (...) Mais ils attendent aussi un minimum de respect de la part de la direction. Ce n'est visiblement pas le cas aujourd'hui.»

Gestion déplorable

Les auteurs de la lettre soulignent que depuis dix mois, la Boillat fonctionne presque sans encadrement - «une situation unique au monde!» Il n'y a toujours pas de directeur de site, contrairement à l'engagement pris par Swissmetal lors de la rupture de la médiation. Et si le fonctionnement de l'usine n'est pas optimal, cela tient avant tout aux décisions du management. «En voulant optimiser vos stocks, vous diminuez effectivement l'argent qui dort sous forme de matière première. Mais vous faites exploser vos frais de fonctionnement», assènent les commissions.

Elles fustigent aussi l'attitude de la direction qui discute de l'organisation du temps de travail directement avec les ouvriers, alors que ce point est régi par la CCT et est donc du ressort des commissions. Et de menacer de faire appel à Unia et Swissmem «pour faire respecter nos droits». Quant au refus de Swissmetal de payer les 40 heures déduites des salaires après la grève - contrairement aux promesses faites -, cela pourrait pousser les Boillats «à soumettre le cas à un tribunal arbitral. Des contacts ont déjà été pris avec Unia pour étudier cette procédure», avertissent-elles.

S'agissant des négociations salariales, les commissions rappellent que selon les données du groupe, «les chiffres sont présentés comme bons». Sachant que les employés n'ont pas été augmentés depuis cinq ans alors que le prix de l'action flambe, elles estiment qu'une revalorisation des salaires est parfaitement justifiée.

Peu d'avancées

En ce qui concerne la séance de mercredi avec la direction, les résultats sont maigres: le principe d'une hausse de salaire est certes acquis, mais le montant doit encore être négocié; Swissmetal refuse toujours d'entrer en matière sur le paiement des 40 heures déduites; par ailleurs, il n'est plus question de nommer un directeur ou un chef de site, mais simplement un «responsable finishing»; quant aux frais liés à La Lingotière, ils étaient considérés comme des charges, alors que ceux du séminaire en Allemagne sont un investissement. Voilà qui a le mérite d'être clair...



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