Swissmetal Boillat | Tractations autour d'un plan social

Une direction sans gêne

Source : Journal du Jura
Date : mercredi 26 juillet 2006
Auteur : Philippe Oudot
Copyright : Journal du Jura
Suite au licenciement de 112 collaborateurs de la Boillat, des discussions sont en cours avec les partenaires sociaux. Mais pour les commissions et Unia, les propositions de Swissmetal semblent inacceptables.
Le 24 mars dernier, Martin Hellweg avait annoncé le licenciement de 112 collaborateurs, justifiant la mesure sous prétexte «que la Boillat avait perdu 30% de ses clients à cause de la grève». En réalité, il s'agissait d'une mesure de rétorsion à l'encontre des grévistes, puisque le carnet de commandes était plein et nécessitait la présence de tous les collaborateurs, au moins jusqu'aux vacances d'été.

D'emblée, le CEO avait jeté le masque à propos de ces licenciements collectifs: pas question, pour Swissmetal, de mettre sur pied un plan social quelconque. Et de justifier son intransigeance en assénant que les collaborateurs licenciés pouvaient s'estimer déjà bien heureux de ne pas avoir été renvoyés avec effet immédiat du fait qu'ils avaient entrepris «une grève illégale».

Ainsi donc, après discussion, le conseil d'administration avait décidé de donner un délai de congé de un à trois mois aux collaborateurs licenciés en fonction de leurs années de service dans l'entreprise. Selon Martin Hellweg, Swissmetal respectait ainsi les dispositions de la convention collective du travail (CCT) de la branche. Une analyse bien évidemment contestée, tant par les commissions d'entreprise et du personnel de la Boillat que par le syndicat Unia.

On saisira le Tribunal arbitral si nécessaire

Estimant que Swissmetal ne peut se débarrasser à si bon compte de 112 personnes et qu'il s'agissait de licenciements abusifs, le syndicat avait sollicité l'intervention de Swissmem, l'association patronale de la branche de la métallurgie, afin d'obliger son membre à négocier un plan social. En cas d'échec d'une telle démarche, Fabienne Blanc-Kühn, membre de comité directeur d'Unia et responsable du secteur Industrie, avait menacé de saisir le Tribunal arbitral prévu dans le cadre de la CCT.

Une première séance de conciliation a eu lieu le 13 juillet dernier au siège de Swissmetal, à Dornach. Le but de la réunion était de discuter des mesures à mettre en place pour atténuer les rigueurs en cas de licenciement. Au cours de cette rencontre, Swissmetal a fait des propositions jugées inacceptables, tant par Unia que par les représentants des commissions, car ne répondant pas aux exigences d'un plan social. Mais pour que les choses soient claires, Unia et les commissions ont demandé à Swissmetal de formuler ses propositions par écrit.

On frise l'absurde

Ce qui a été fait, dans une lettre adressée à Unia, datée du 14 juillet et signée par Volker Suchordt, vice président de la direction générale, et Laura Rossini, cheffe des ressources humaines. Le syndicat l'a ensuite transmise aux membres des deux commissions. En lieu et place d'un plan social, Swissmetal propose de mettre sur pied un «fonds social», qui serait alimenté à parts égales par Swissmetal et Unia, afin d'atténuer les cas de rigueur, et cela sur une base individuelle. La direction argumente sa proposition en soulignant que cela permettrait d'apporter une aide rapide et pragmatique aux personnes en difficulté et «que cela permet de mettre entre parenthèses la question de la responsabilité de la grève». Toutefois, bien consciente que sa proposition est pour le moins «peu conventionnelle», la direction enjoint Unia et les commissions à ne pas claquer la porte, mais à en discuter, étant entendu qu'elle nécessite un arrangement entre partenaires sociaux, ainsi que des adaptations.

Dans la missive, la direction cherche également à se présenter sous un jour favorable, assurant «avoir déjà pris des mesures pour atténuer les conséquences avant les négociations». Et de citer l'information régulière des partenaires sociaux, l'interruption de la procédure de licenciement de deux membres des commissions, le paiement des absences des personnes licenciées qui fréquentent les cours ORP organisés dans le cadre de la loi sur l'assurance chômage.

Les deux signataires concluent leur prose en assurant vouloir poursuivre les discussions. Ils invitent les commissions et Unia à se montrer raisonnables en évitant «de provoquer une nouvelle escalade du conflit», et donc d'accepter un 2e rendez-vous pour des négociations.

La balle est donc dans le camp des commissions. Celles-ci vont se réunir après les vacances pour arrêter leur position. Si elles acceptent d'entrer en matière, les tractations reprendront. Sinon? Ce sera au Tribunal arbitral de trancher. C'est-à-dire l'instance conventionnelle suprême dont le verdict est sans appel. Ce que semble redouter la direction de Swissmetal.


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