«La Boillat tournera avec plus de 200 personnes»

Fabienne Blanc-Kühn s’exprime sur les critiques formulées contre Unia.

Source : l'Evénement syndical
Date : mercredi 28 juin 2006
Copyright Evénement syndical
Après la dernière séance du groupe de médiation, le jeudi 15juin, Unia a immédiatement indiqué que les mesures proposées par l’expert Jürg Müller devaient «être mises en œuvre». Le syndicat annonçait aussi qu’il se montrait optimiste quant à une rapide solution du conflit à Reconvilier. Pour sa part, la délégation des travailleurs estimait que les propositions de l’expert ne garantissaient pas la pérennité de l’usine, alors que son carnet de commandes était plein. Puis, lundi 19 juin, en assemblée, le personnel a décidé de ne rien décider et de se donner un délai pour réfléchir aux propositions issues de la médiation et pour éventuellement faire des contre-propositions.

Suite à la séance de médiation du jeudi 15 juin, après le communiqué d’Unia du même jour et suite à l’assemblée du lundi 19 juin à laquelle ont participé Fabienne Blanc-Kühn et Renzo Ambrosetti pour Unia, le syndicat a été très vivement critiqué. Fabienne Blanc-Kühn a accepté de répondre à ces reproches.
Est-ce vrai que Unia a utilisé les propositions de l’expert pour tenter de se sortir au plus vite de ce conflit qui aurait assez duré ?

- Le mandat de l’expert ne porte pas sur une analyse de la stratégie industrielle de M. Hellweg mais bien sur les conditions nécessaires au redémarrage de là production. Unia a accepté d’entrer en matière, c’est-à-dire de prendre comme base de négociation les propositions de M. Jürg Müller, car elles corrigent une partie du dysfonctionnement de l’usine et évitent ainsi une fermeture du site. Par exemple en réengageant une partie du personnel licencié, dont la moitié des 21 cadres, en livrant la matière première, en désignant un chef de la production issu de l’usine de la Boillat, le tout permettant d’assurer le maintien de la fonderie à Reconvilier pendant plusieurs années. Le bon déroulement de ce processus sera placé sous la houlette d’un groupe de suivi chargé de valider chaque étape de la réalisation. Ces différentes propositions montrent que la direction de Swissmetal a dû reculer. Le rôle du syndicat est de mettre en place toutes les mesures permettant à ses membres de sauvegarder leurs intérêts, donc leur emploi. Unia s’est engagé dans ce sens ces cinq derniers mois. Accepter d’entrer en matière sur les propositions de M. Jürg Müller est motivé par le contenu réaliste de ces propositions, et non pas par la pendule qui tourne.

La plupart des employés semblent convaincus que l’objectif d’Hellweg est de ne conserver que 60 emplois à Reconviller.

- Cette hypothèse a été évoquée devant l’expert lors de l’assemblée du personnel. Sa réponse était claire: La Boillat tournera avec plus de 200 personnes. Le syndicat Unia maintiendra son objectif de départ: le plus d’emplois possible à la Boillat.

Vous ne répondez pas: Unia a-t-il cherché à mettre un terme au conflit ?

- Notre but de départ était le maintien des postes de travail à la Boillat.
Nous avons cherché des solutions pour atteindre ce but. Les propositions de l’expert constituent une base dans ce sens. Il y a lieu d’entrer maintenant en négociations et de faire en sorte que le personnel retrouve des conditions de travail correctes. Cinq mois ont passé. Beaucoup de temps perdu à cause des volte-face et attaques continuelles de la direction de Swissmetal, qui ont miné la confiance du personnel. Celui-ci maintenant se méfie de toute annonce de la direction. Mais c’est bien le personnel qui décidera de la suite qu’il entend donner pour mettre fin à ce conflit.

De manière plus générale, le syndicat a pour devoir de soutenir ses membres lorsque les emplois de ceux-ci sont en danger et de les conseiller dans les mesures de lutte à prendre. Mais, en parallèle, le syndicat a aussi le devoir de trouver des solutions pour mettre un terme au conflit. Le choix de l’issue se fait en concertation avec le personnel. Dans le cas de la grève de la Boillat, le syndicat Unia n’a pas été consulté sur l’opportunité d’entamer une grève en janvier dernier. Mais il a été présent tout au long du mouvement pour mettre en place une plate-forme de négociation. Le syndicat Unia n’a jamais pris de décision engageant le personnel sans le consulter par assemblées générales du personnel. Cette démocratie dans la lutte ne doit toutefois pas interdire au syndicat de dire ce qu’il pense. Quand nous avons estimé que poursuivre la grève n’apportait plus rien, nous l’avons dit. Quand nous pensons que l’expert a formulé des propositions intéressantes pour le personnel, nous le disons. Mais, en fin de compte, ce sont les salariés, licenciés ou pas, qui décideront.

Il est reproché à Unia de présenter le réengagement de plusieurs dizaines de personnes comme une victoire, alors que cette décision a été prise de façon unilatérale par Swissmetal qui propose par ailleurs des contrats contraires à la CCT...

- Que des personnes licenciées, dépendantes d’un emploi à Reconvilier, soient réengagées par Swissmetal représente un recul dans les manoeuvres de la direction de Swissmetal. Ces réengagements prouvent la fausse analyse de l’entreprise, attestent que le travail ne manque pas et confirment que ces licenciements n’étaient rien d’autre que des représailles. Sur la question des contrats individuels, il est clair qu’ils doivent respecter la convention collective des machines. C’est pour cette raison que nous sommes intervenus auprès de Swissmem, afin que l’association patronale exige de son affilié le respect de la convention collective. Nous persistons dans cette demande. Si le syndicat doit veiller à ce que ses membres respectent la CCT, l’association patronale Swissmem doit faire de même avec le sien.

Des appels à la démission d’Unia circulent parmi les milieux qui soutiennent la Boillat. Comment prenez-vos la chose ?

- Un appel à la démission du syndicat a été lancé par une initiative individuelle. Cet appel, adressé directement à certains de nos membres, en a choqué plus d’un. D’abord parce que nos membres ont signé la pétition de soutiens aux travailleurs et travailleuses de la Boillat; leur adresse a ensuite été utilisée à d’autres fins. Choqués aussi, car cette initiative tente de jeter le discrédit sur le syndicat en attaquant personnellement, et souvant anonymement, non seulement des syndicalistes mais aussi des membres qui soutiennent publiquement les positions défendues par Unia. Ces attaques sournoises disqualifient le mouvement entamé par le personnel de la Boillat. Le syndicat Unia ne s’est jamais défilé et a participé à toutes les assemblées régulièrement tenues même si des divergences de vue devaient apparaître.

J’ajouterai encore que ces critiques ne visent qu’à affaiblir le mouvement syndical et que nous observons des alliances surprenantes entre les forces extêmes des mouvements politiques.

Et maintenant ?

- Unia reste présent aux côtés de ses membres, intervenant en leur nom et les défendant tant sur le plan des négociations que sur le plan juridique. Avec un seul but: maintenir le plus possible d’emplois à la Boillat. Car les travailleurs ont droit à un emploi.

Les commissions d’entreprises ont souhaité pouvoir formuler des contre-propositions à celles de l’expert. Je souhaite qu’elles soient applicables rapidement et qu’elles reçoivent l’aprobation du personnel.

Documents liés

Portrait de Fabienne Blanc-Kühn
Actualisé le 19.11.06 par webmaster
Haut de la page | Page précédente | 'Imprimer la page dans un format adapté à l'imprimante