Swissmetal Boillat | Sixième séance de médiation

Les employés décideront lundi s'ils acceptent ou non les propositions de l'expert

Source : Journal du Jura
Date : vendredi 16 juin 2006
Auteur : Philippe Oudot
Copyright : Le Journal du Jura
Swissmetal et Unia ont accepté hier les propositions de Jürg Müller: maintien d'activités de fonderie à moyen terme, nomination d'un directeur de site, réengagement d'une dizaine de cadres et d'employés. L'assemblée du personnel se prononcera lundi.
Ambiance tendue, hier à Berne où le médiateur Rolf Bloch avait convié les parties pour une nouvelle séance de médiation. Séance cruciale, puisque l'expert Jürg Müller y présentait ses propositions pour relancer la production de la Boillat. Après environ trois heures de discussions ponctuées de deux interruptions de séance, les délégations de Swissmetal, d'Unia et des employés et cadres se sont quittées sur fond de désaccord.

Comme l'a rappelé Rolf Bloch face aux médias au terme de la réunion, l'expertise de Jürg Müller avait pour objectif de sauver le site de production de la Boillat dans le cadre du groupe Swissmetal, et pas de se prononcer sur la stratégie du groupe. Une stratégie axée sur la concentration des moyens de production et que l'expert Jürg Müller a par ailleurs jugée économiquement défendable. En revanche, il a estimé que la mise en œuvre de cette stratégie doit être revue, mieux planifiée dans le temps, communiquée de manière très ouverte au personnel.

Rapport top secret

A propos de la polémique autour du rapport de l'expert, Rolf Bloch a été très clair: il s'agit d'un document strictement confidentiel rédigé par Jürg Müller et qu'il est le seul à avoir lu. Ce document ne sera donc pas rendu public. Et contrairement à ce qui a été dit, Swissmetal n'en a pas eu connaissance. Lorsqu'il a rencontré le conseil d'administration, lundi, l'expert n'a parlé que de ses propositions - comme il l'a fait avec les représentants d'Unia.

Pour relancer la production à satisfaction, Jürg Müller propose cinq mesures principales. Il invite Swissmetal: à nommer un nouveau directeur de site agréé par le personnel; à réengager une dizaine des 21 cadres licenciés, ainsi qu'une dizaine d'employés licenciés (en plus de 35 déjà réembauchés, si bien que l'effectif de la Boillat atteindra 230 à 250 employés); à assurer le réapprovisionnement en matières premières et en ébauches pour garantir le flux de la production.

Activités de fonderie maintenues à moyen terme

Mais surtout, Jürg Müller a demandé à Swissmetal de maintenir en activité la partie des activités de fonderie qui concerne les spécialités Boillat pendant une période d'au moins deux à quatre ans, ou peut-être cinq. «En fait, la décision finale dépendra du marché et de la qualité exigée par les clients», a constaté Rolf Bloch. De leur côté, le personnel et les cadres devront s'engager à soutenir la stratégie du groupe. Des propositions que Rolf Bloch a qualifiées de «base de discussion raisonnable qu'on peut encore fignoler».

Autre point très important: si les parties acceptent les propositions, un groupe d'accompagnement sera mis sur pied afin de s'assurer de leur mise en œuvre et du respect des engagements pris. Ce groupe sera composé de représentants des parties. Et Rolf Bloch de préciser que s'il était sollicité, il accepterait d'en faire partie. En tout cas pour un certain temps.

Oui de Swissmetal et d'Unia

La délégation de Swissmetal (composée de Martin Hellweg, Friedrich Sauerländer, Henri Bols, Sam Furrer et Laura Rossini) et les trois représentants d'Unia (Fabienne Blanc-Kühn, Jean-Pierre Chapuis et Renzo Ambrosetti) ont accepté ces propositions. Le médiateur a qualifié de «concession importante de la part de Swissmetal» le maintien des activités de fonderie, même si les modalités ne sont pas encore définies.

En revanche, les neuf membres de la commission d'entreprise (Mario Grünenwald, Maria Wuillemin, Eric Gigon), de la délégation des employés (Nicolas Wuillemin, Pierre-Yves Emery, Pierre-Yves Simmen) et des cadres (Patrick Rebstein, Eric Aellen, Olivier Ecoffey) ont refusé de se rallier aux propositions de l'expert. «Je leur ai demandé d'argumenter leur position ou de faire des contre-propositions, mais ils s'y sont refusés et ont dit que c'était à l'assemblée du personnel de trancher», a expliqué Rolf Bloch. Une proposition logique, a-t-il poursuivi, dans la mesure où une bonne partie des neuf membres de la délégation ne font plus partie du groupe Swissmetal. Cette assemblée se tiendra lundi après-midi à 13 h 30 à la salle communale de Reconvilier, en présence de l'expert qui viendra en personne expliciter ses propositions.

Les employés ont exigé que tous les employés sous contrat à la veille de la grève du 25 janvier puissent participer à cette assemblée et voter. Après moult discussions et hésitations, Swissmetal a finalement accepté ce point.

Tant qu'il y a de l'espoir...

Un refus des propositions par l'assemblée sonnerait-il le glas de la médiation? «Peut-être, mais pas forcément. Le cas échéant, il faudra prendre la température, analyser le résultat, voir à quelle majorité la décision a été prise. Comme je l'ai toujours dit, je ne me suis pas fixé de date butoir pour aboutir. Je ne mettrai fin à la médiation que si je constate que nous perdons notre temps, qu'aucune avancée n'est possible», a souligné Rolf Bloch.

Interpellé à propos de l'éventuel transfert de machines de Reconvilier à Dornach ou à Lüdenscheid, Rolf Bloch a dit avoir pris ces bruits très au sérieux. A tel point que lorsqu'il en a eu connaissance, il a immédiatement pris contact avec les parties en demandant à Swissmetal de ne rien entreprendre dans ce sens, et aux employés de ne pas les détruire ou les saboter.

En fin de compte, a conclu Rolf Bloch, il ne s'agit pas de refaire l'historique de ce conflit et de déterminer qui a tort ou raison. La seule chose qui compte, c'est de sauver la Boillat et le maximum de places de travail. Est-il optimiste quant à la suite des opérations? «Je ne suis ni optimiste ni pessimiste. Je suis simplement réaliste et tenace. Tant qu'il y a de l'espoir, il faut poursuivre le chemin. Mais si on arrive dans un chemin sans issue, il faut avoir le courage de rebrousser chemin.»

Unia et Swissmetal sont soulagés

Coprésident d'Unia, Renzo Ambrosetti s'est dit satisfait avec les propositions de l'expert Jürg Müller. Pour le syndicat, elles constituent une bonne base pour assurer la pérennité du site industriel de la Boillat. Unia salue en particulier le réengagement partiel des gens licenciés, le maintien des activités de fonderie et l'engagement d'un responsable de site. Unia va néanmoins continuer à se battre pour obtenir un plan social pour ceux qui resteront sur le carreau.

Tout en se félicitant des propositions de l'expert qu'il accepte, Swissmetal déplore le rejet de celles-ci par les représentants du personnel. Le groupe considère que «le dénouement positif de la médiation est ainsi mis en jeu de manière irresponsable».

Pour les représentants du personnel en revanche, les propositions de l'expert ne sont pas acceptables, «car elles ne pas viables, explique un d'entre eux. C'est comme si on demandait à un charpentier et à un ébéniste de faire leur travail avec les mêmes machines...»


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