Swissmetal | Les ambitions de l'association Nouvelle Boillat

Elle sera la mouche du coche

Source : Journal du Jura
Date : mardi 13 juin 2006
Auteur : Philippe Oudot
Copyright : Le Journal du Jura
Les membres de l'association Nouvelle Boillat comptent bien jouer les trouble-fête lors de l'assemblée des actionnaires de Swissmetal. Notamment en posant des questions dérangeantes.
Constituée vendredi dernier grâce à des gens de la région qui refusent l'agonie de l'usine de Reconvilier, l'association Nouvelle Boillat a fait un tabac pendant ce week-end de solidarité. Comme l'a confié à l'ats l'ancien directeur de la Boillat Paul Sonderegger, l'association a déjà reçu plus de 200 demandes de souscription. La Nouvelle Boillat, société à but non lucratif, s'est donné comme objectif «d'assurer la pérennité à Reconvilier de la fonderie et de toutes les activités économiques et sociales de Swissmetal - ou de son successeur».

Membre de cette association, A. B. (nom connu de la rédaction) souligne que la plupart des gens ont souscrit une, deux ou trois actions, guère plus. Leur objectif est de pouvoir prendre part à l'assemblée générale pour y faire entendre leur voix. Dans ce but, la Nouvelle Boillat veut coordonner l'intervention des différentes personnes désireuses de prendre la parole afin d'avoir un impact maximum. «Ce serait formidable si nous pouvions rassembler une centaine de personnes prêtes à participer à cette assemblée à Berne», glisse-t-il.

Sur le modèle d'Ethos

Comme le souligne notre interlocuteur, les membres de l'association sont conscients qu'ils ne pourront pas bouleverser la marche de l'assemblée générale. En revanche, ils comptent bien poser des questions dérangeantes et faire des remarques sur la gestion des affaires, «un peu à la façon dont le fait la fondation Ethos». Avec pour objectif d'attirer l'attention des actionnaires et, qui sait, de les influencer dans leurs choix. N'en déplaise au président du conseil d'administration Friedrich Sauerländer qui claironne régulièrement que «la stratégie de Swissmetal répond aux exigences des principaux actionnaires». «Et tous les autres?», demande notre interlocuteur.

En fait, poursuit-il, «nous avons l'intention de contester tous les points sur lesquels nous serons appelés à nous prononcer. Pas question d'approuver le rapport annuel, ni les comptes, et encore moins de donner décharge aux organes du conseil d'administration. Quant à la révision des statuts, nous allons également nous y opposer, qu'il s'agisse du transfert de siège ou de l'augmentation du capital.»

Recapitalisation masquée

En effet, poursuit-il, cette augmentation de capital de quelque 40%, que le conseil d'administration justifie en vue d'acquisitions futures, n'est en fait qu'une recapitalisation masquée. Le rapport annuel précise en effet que «suite à l'acquisition de Busch-Jaeger, le conseil d'administration se charge de trouver un refinancement dans un délai approprié. Sur la base des entretiens menés avec les banques, le conseil d'administration estime les chances d'un refinancement du groupe certes non pas comme acquises, mais toutefois intactes.» Or, analyse notre interlocuteur, l'ordre du jour ne faisant pas mention de ce refinancement, on peut en déduire que le conseil d'administration cherche à se refinancer par le biais d'une augmentation de capital.

Une augmentation d'autant plus choquante que le conseil d'administration demande carrément un chèque en blanc, puisque si la proposition passe la rampe, il pourra décider souverainement de l'utilisation de ces moyens. «C'est un peu comme si on confiait à Arsène Lupin les clés du coffre-fort qu'au aurait au préalable pris le soin de bien remplir...», explique notre interlocuteur.

Il se méfie d'autant plus de la stratégie de Martin Hellweg que celui-ci semble avoir eu des liens douteux avec Busch-Jaeger avant même que Swissmetal n'ait officiellement racheté l'entreprise de Lüdenscheid. Durant l'été dernier en effet, Martin Hellweg aurait laissé l'entreprise américaine Avins, qui distribue les produits de la Boillat sur le continent américain, assurer également la distribution des produits Busch-Jaeger - alors que cette entreprise était concurrente de la Boillat. «Nous avons donc de bonnes raisons de croire qu'il y avait des arrangements entre Martin Hellweg et le patron de Lüdenscheid Volker Suchordt, et cela au détriment de la Boillat», assène notre interlocuteur.


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Ressources liées

La fondation Ethos
Association nouvelle Boillat
Actualisé le 02.02.07 par webmaster
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